Rybakina, Sabalenka… Et si Swiatek tenait (enfin) ses vraies rivales ?

Derrière Iga Swiatek qui demeure l’incontestable numéro 1 mondiale, Elena Rybakina et Aryna Sabalenka, présentes avec la Polonaise dans le dernier carré à Indian Wells (ce soir), semblent actuellement les plus à même de contester sa suprématie. Et d’instaurer ainsi le retour d’une vraie rivalité au sommet du tennis féminin.

Swiatek et Sabalenka, WTA Finals 2022 Swiatek et Sabalenka, WTA Finals 2022 – © Zuma / Panoramic

Petite devinette, pour commencer : quelles sont les deux dernières joueuses qui se sont affrontées plus d’une fois en finale de Grand Chelem ? Si vous “moulinez” un peu à trouver la réponse – il s’agit de Serena Williams et Angelique Kerber, trois fois opposées en finales d’un Majeur entre 2016 et 2018 –, ça n’est pas un hasard. C’est simplement le reflet du turn-over permanent auquel est soumis ces derniers temps le tennis féminin, avec un manque de rivalité au plus haut niveau qui est depuis trop d’années sa principale caractéristique, et même probablement son principal problème.

On ne peut pas reprocher à Iga Swiatek d’entretenir une inconstance devenue latente depuis les retraites de Serena Williams et Maria Sharapova, les deux dernières grandes stars féminines du tennis. La Polonaise a superbement pris le relais d’Ashleigh Barty, qui avait elle aussi instauré cette continuité au sommet avant de quitter précipitamment la scène l’an dernier. Elle a déjà gagné trois Grands Chelems à seulement 21 ans, dont deux au cours d’une saison 2022 pharaonique lors de laquelle elle a remporté huit titres au total.

Iga Swiatek, numéro 1 depuis bientôt un an

Elle est partie à peu près sur les mêmes bases en 2023 avec un titre à Doha puis une finale à Dubai, suivis de ce parcours immaculé pour l’instant à Indian Wells, où elle a attaqué lundi sa 50è semaine consécutive à la place de numéro 1 mondiale. Un cap seulement franchi avant elle par Steffi Graf (186), Martina Hingis (80) et Serena Williams (57) dans l’histoire du classement WTA.  

Bref, Iga Swiatek fait le job. Mais son avance abyssale au classement montre qu’elle est encore assez seule au monde. Et cela demeure un vrai souci dans un tennis féminin qui se cherche toujours de vraies rivales, comme à la grande époque des Navratilova-Evert, Graf-Seles ou autres Williams-Henin. Car si le suspense et l’alternance ont leur charme, il ne faut pas non plus se mentir : ce sont toujours les grands duels, si possible émaillés de fortes oppositions voire de conflits, qui suscitent l’intérêt du public et finissent par élever les audiences d’un sport.

Swiatek-Sabalenka-Rybakina : un trio “historique” dans le dernier carré à Indian Wells

A Indian Wells, justement, l’esquisse d’un vrai clash au sommet se dessine en ce jour des demi-finales féminines marquées par la présence des deux dernières gagnantes en Grand Chelem, en plus d’Iga Swiatek : Elena Rybakina, titrée l’an passé à Wimbledon et finaliste en début d’année à l’Open d’Australie, où elle avait justement battu en huitièmes Iga Swiatek, qu’elle retrouvera cette nuit ; ainsi qu’Aryna Sabalenka, la numéro 2 mondiale, gagnante à Melbourne en janvier et auteure d’un début de saison “à la Iga”, avec un seul match perdu en 2023, à Dubai, face à Barbora Krejcikova, dont elle s’est “vengée” cette semaine en Californie.

Tout cela demande encore (et toujours) confirmation mais Rybakina et Sabalenka, comme Swiatek, semblent avoir réussi là où d’autres précédentes primo-gagnantes en Grand Chelem – les Krejcikova justement, mais aussi les Emma Raducanu, Bianca Andreescu ou autres Sofia Kenin – ont échoué : digérer tout de suite ce premier titre majeur pour enchaîner très vite vers les sommets.

Et parce qu’elles comptent justement ce sacro-saint Grand Chelem à leur palmarès, elles ont aussi un temps d’avance, sinon comptable, au moins psychologique, sur des joueuses comme Jessica Pegula, Ons Jabeur, Coco Gauff, Maria Sakkari (qui complète le dernier carré à Indian Wells) ou encore, bien sûr, Caroline Garcia, lesquelles courent encore toujours après ce Graal.

On leur souhaite d’y parvenir rapidement mais en attendant, la Biélorusse (Sabalenka) et la Kazakhstanaise (Rybakina) semblent s’imposer comme les deux principales rivales de Swiatek, dans un registre d’ailleurs assez similaire, basé sur une force de frappe impressionnante, notamment au service : ce sont les deux seules joueuses à avoir frappé plus de 100 aces déjà cette saison avec… Caroline Garcia, leader dans ce domaine.

Swiatek-Sabalenka-Rybakina : ce trio a en tout cas d’ores et déjà écrit une page de l’histoire d’Indian Wells puisque c’est la première fois que l’on retrouve trois gagnantes de Grand Chelem en titre en demi-finale du tournoi. Il faut remonter à Madrid 2015 pour trouver trace d’une statistique similaire dans un WTA 1000 (Serena Williams, Petra Kvitova et Maria Sharapova à l’époque).

En résumé, cela faisait longtemps qu’on n’avait plus assisté à une telle constance collective au plus haut niveau chez les filles. De là à évoquer un Big Three au féminin, appellation désormais contrôlée par les légendes que l’on sait (Federer-Nadal-Djokovic), il y a un pas qu’il est évidemment très prématuré de franchir. Mais l’on tient là, incontestablement, l’ébauche d’une forte rivalité potentielle et à l’heure où l’on reparle, à Indian Wells, d’un projet de rapprochement entre les circuits ATP et WTA, sur fond du problème de l’égalité salariale, c’est probablement la meilleure chose possible à souhaiter pour la WTA.

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