Gasquet, en discussion avec Goffin, Mannarino et Chardy : « C’est vrai que sur le circuit ATP, tu ne peux rien faire (en tant que spectateur). C’est quand même un truc de vieux »
Au cours du dernier épisode All on the Table de l’UTS, Richard GAsquet, David Goffin, Adrian Mannarino et Hérémy Chardy ont regretté le manque de liberté des spectateurs sur le circuit ATP.

Pendant les échanges, le tennis se combine à un autre jeu : le roi du silence. Si un spectateur ose s’aventurer ne serait-ce qu’à péter, il pourrait se voir rabrouer.
Pendant que les acteurs font passer d’un coté à l’autre une balle qu’aucun des deux, à chaque frappe, ne veut voir revenir, aucun bruit ne doit venir perturber ces majestés. Une convention que l’arbitre n’hésite pas à rappeler en réprimandant les plus agités, régulièrement fustigés du regard par les joueurs. Le public lui-même se fend parfois d’un « chuuuuuuut » envers les perturbateurs lors des points.
Lors du dernier Roland-Garros, la reine des lieux en personne, Iga Świątek, avait fait passer un message lors de l’interview sur le court après sa victoire épique contre Naomi Osaka au deuxième tour. « Quand nous sommes sous pression et que vous criez pendant le point, c’est vraiment très dur de rester concentrée », avait-elle lancé.
« C’est difficile d’accepter ça (les cris pendants les points) », avait-elle continué. « Les enjeux sont énormes, il y a beaucoup d’argent à gagner. Perdre quelques points peut changer le cours d’un match. S’il vous plaît, si vous pouviez nous encourager entre les échanges mais pas pendant, ce serait super. »
Il faut que ça (le tennis) reste un spectacle que les gens prennent du plaisir. il y a pas mal de choses à bouger au niveau de l’ATP.
Ainsi va la vie de ce sport. Tout autour de la planète, le silence est d’or. Hormis à l’US Open, où le brouhaha constant est accepté. Il est cela dit plus facile, il est vrai, de s’accoutumer d’une cacophonie générale plutôt que d’un bruit sorti de nulle part venant rompre le calme et risquant fortement, par effet de surprise, de perturber la concentration d’une joueur.
En UTS, les tribunes sont autorisées à s’animer lors des rallyes. Les gens peuvent bouger, laisser leurs corps vivre, y compris au rythme de la musique diffusée en plein match. Une ambiance appréciée par les professionnels de la raquette – qui, pourtant, le reconnaissent, peuvent prendre la mouche sur le circuit ATP au moindre craquement de chips – comme l’a montré une discussion entre Richard Gasquet, David Goffin, Adrian Mannarino et Jérémy Chardy lors du dernier épisode All on the Table (par ailleurs hilarant, tant ils ont envoyé de la vanne) mis en ligne mardi.
– Gasquet : C’est vrai que le circuit (ATP), ce n’est pas moderne, tu ne peux rien faire. C’est quand même un truc de vieux. Nous (les joueurs), on est comme ça… C’est vrai que dès qu’il y a un mec qui bouge on devient fou, alors qu’il faudrait qu’ils (les spectateurs) puissent bouffer, boire des coups.
– Goffin : Ça reste un sport de tradition.
– Gasquet : Faudrait un juste milieu, ça doit être la fête.
– Chardy : (Il faut) essayer d’amener un public beaucoup plus jeune. L’UTS, plein de gens qui ne connaissent pas le tennis viennent voir ça, et ils aiment bien. Ils trouvent que c’est sympa à regarder parce qu’ils font plein de choses à côté, il y a la musique.
– Mannarino : Faut se mettre à la place des spectateurs, ils viennent pour voir un show. Tu es en train de jouer ton deuxième tour à Montpellier, il y a un mec qui mange des chips, ça te rend fou. Mais tu te dis que le mec a payé un ticket, il vient pour voir un spectacle, il ne peut pas se rendre compte que toi ça te déconcentre. Avec du recul tu te dis : « Putain, je suis devenu fou, j’ai été con ». Il faut que ça reste un spectacle que les gens prennent du plaisir. Concernant les règles actuelles, il y a pas mal de choses à bouger au niveau de l’ATP.
– Chardy : Mon fils est venu plusieurs fois à l’UTS, il adore parce qu’il peut courir, il peut sauter, crier. Dans un match de tennis (classique), il regarde un jeu et il a envie de partir.



