Gasquet : “Je suis encore capable de faire quarts ou demies” en Grand Chelem

Invité mercredi du Super Moscato Show sur RMC, Richard Gasquet s’est confié comme rarement sur sa carrière, de ses débuts à ses échecs répétés dans les grands rendez-vous.

Gasquet Roland Garros 2020 Gasquet Roland Garros 2020

Après l’avoir longtemps dézingué, le Super Moscato Show, sur RMC Sport, s’est délecté mercredi des propos de Richard Gasquet. Pas rancunier, même si le joueur de 34 ans avoue que les critiques de Vincent Moscato et sa bande n’ont pas toujours été simples à digérer (« En 2008, j’avais 21 ans, le truc de pompe à vélo, ce n’était pas si facile. Ca me touchait un petit peu, je dois le reconnaître »), le Biterrois, aujourd’hui 50e mondial, est venu s’expliquer directement sur le plateau de l’émission avec ses détracteurs.

L’ancien numéro 1 français, 15 titres en simple à son palmarès, est notamment revenu sur le procès fait – souvent à juste titre – à cette génération dont il fait partie, au même titre qu’il compose toujours les quatre mousquetaires avec Gilles Simon, Jo-Wilfried Tsonga et Gaël Monfils, et qui n’a jamais rien gagné. « Parfois, ça peut être pénible, surtout quand tu es jeune et que tu te construis. Ça blesse un peu. En France, il y a toujours un truc ambiant derrière et tu peux prendre deux trois coups de latte, un peu de jalousie », déplore Gasquet, sans se voiler la face pour autant.

« Il y a eu énormément d’attente et une envie du public qu’il y ait un vainqueur français de Grand Chelem. Je comprends ce truc-là. Il y a beaucoup d’amour derrière ça. Sincèrement, les gens nous ont toujours supportés, moi aussi souvent, on n’a pas réussi à gagner un Grand Chelem. Les raisons sont multiples : il y a une grande génération, on aurait pu être meilleurs aussi. Après, on n’a pas été loin, on a gagné la Coupe Davis. »

Gasquet Davis Cup 2017

Gasquet : « Pouvoir battre Federer, Nadal et Djokovic, ça change une carrière »

Des raisons « multiples », à entendre l’intéressé, qui portent en premier lieu trois noms : Rafael Nadal, Novak Djokovic et Roger Federer. Trois géants venus souvent barrer la route de Gasquet, quart de finaliste à Roland-Garros et demi-finaliste à l’US Open comme à Wimbledon.

« Ca a été les meilleurs joueurs de l’histoire. Ils n’ont jamais laissé trop de tournois. Ce sont des joueurs incroyables, du 1er janvier au 31 décembre, c’est ça qui est impressionnant. Sur les matchs importants, sur les points importants, ils sont là (…) J’ai battu Wawrinka, Roddick, Ferrer aussi en cinq sets. Malheureusement, je me suis retrouvé à chaque fois sur Federer, Nadal ou Djokovic, qui ont gagné le tournoi derrière et étaient plus forts que moi. Pouvoir battre ces joueurs-là dans un Grand Chelem, ça change une carrière. Ca a toujours été un regret dans ma carrière. »

Une carrière entamée beaucoup plus tôt que les autres, à l’époque où le Biterrois dominait encore Nadal (il ne l’a jamais battu sur le circuit professionnel), et qui a laissé des traces indélébiles. « Cette ferveur autour m’a toujours impressionné. C’est un peu pesant. Ce n’est pas non plus pour ça que je n’ai pas gagné Roland-Garros, mais ça m’a pesé un peu. Quand tu es jeune, c’est compliqué d’avoir tout ce truc derrière toi. J’ai eu du mal à progresser, j’ai connu des périodes difficiles », regrette Gasquet, conscient qu’il a aussi manqué de soutien à l’époque pour pouvoir franchir un cap, lui qui s’est retrouvé dans le Top 10 à seulement 19 ans.

« A 15, 16, 17, 18 ans, il m’a manqué à mes côtés un ancien grand joueur, qui a l’expérience, qui connaît bien le circuit et prend des coups à ta place. J’ai été très fort très jeune, c’est assez atypique, mais je me suis bien repris, j’ai été 7eme mondial à 19 ans. Si je n’ai pas gagné, c’est qu’il m’a manqué physiquement. Tennistiquement, j’avais quelques trucs à améliorer. Il y a aussi une génération compliquée et trois immenses joueurs. C’est un peu la somme de tout ça. »

Gasquet : « Faire quarts ou demies (en Grand Chelem), j’en suis encore capable »

Trois immenses joueurs que l’on présente très souvent comme des rocs sur le plan mental avant tout. Pour Gasquet, ce serait oublier que l’Espagnol, le Serbe et le Suisse sont surtout des joueurs de tennis hors-normes. « Federer, c’est la technicité, Nadal, l’intensité, Djokovic, il ne fait pas une faute. Ce sont des monstres. On parle beaucoup du mental, mais ce sont les meilleurs joueurs de tennis. Il ne faut jamais oublier que la technique, c’est capital. Ce sont des mecs qui bossent énormément (…) Nadal, jeune, c’était du six-sept heures sur le court, mais c’est surtout que niveau tennistique, il n’a aucune faiblesse. »

Gasquet Nadal US OPEN 2013

Le vainqueur de la Coupe Davis avec les Bleus en 2017 ne cache pas que dès lors que les trois monstres, et Nadal le premier, ont pris leur envol, il n’y avait plus rien à espérer pour les autres, lui compris. « Je devais le battre à Monaco la première fois que je l’ai joué, en 2005. Après, je l’avais joué trois mois après à Roland-Garros, et ce n’était plus le même joueur. Tout de suite j’ai senti qu’un petit truc se creusait. »

Pour le protégé de Thierry Ascione, il ne fait d’ailleurs aucun doute que Djokovic ou Nadal soulèvera le trophée dimanche Porte d’Auteuil. En ce qui le concerne, il a définitivement renoncé, et revu ses objectifs avec beaucoup de lucidité. « C’est compliqué. Il y a sept matchs à jouer, c’est un peu difficile. Faire quarts ou demies, je suis encore capable de le faire (…) Physiquement, c’est clair que c’est parfois difficile, mais je reste capable de gagner beaucoup de matchs. Je m’entraîne dur et tant que l’envie est là, je continuerai, car je sais que je suis encore capable de faire de belles choses. » Notamment de faire fi des critiques.

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