Covid-19, huis-clos, Serena et Djoko : L’US Open 2020 en 9 questions

L’US Open sera le premier Grand Chelem de l’histoire à se dérouler en période de pandémie. Djokovic espère remporter un 18e Majeur, tandis que Serena Williams souhaite égaler Margaret Court. Les tribunes, quant à elles, resteront vides.

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1. A quel point la pandémie peut-elle perturber l’US Open ?

Le test positif au Covid-19 de Benoît Paire dimanche est venu rappeler que la bulle mise en place à New York peut être fragile. Alors que le Français a été retiré du tableau de l’US Open (31 août-13 septembre), quatre membres de son entourage, dont Richard Gasquet et Adrian Mannarino, ont été placés à l’isolement, sans certitude de pouvoir disputer le tournoi. L’US Open n’a pas encore commencé, et les points de tension apparaissent déjà.

Les règles sont strictes dans le bulle de New York : un joueur sera immédiatement exclu du tournoi s’il est testé positif (c’est le cas de Paire), ou s’il vient à sortir de la bulle. Chacun ne peut d’ailleurs être accompagné que par un seul membre de son staff.

Flushing Meadows - US Open

2. Le huis-clos va-t-il avoir une influence sur le niveau de jeu ?

Au lieu du chuchotement du public pendant les points, des explosions de joie — ou de rage — après un échange et de l’ambiance si particulière d’une session de nuit à Flushing Meadows, les joueurs vont pouvoir écouter, plus que jamais, les consignes de leur entraîneur. Sans spectateurs en tribunes, l’atmosphère sera totalement différente sur les courts.

« Je pense que nous allons voir un tennis plus équilibré, et donc meilleur, nous a expliqué Pam Shriver, vainqueure de 22 tournois du Grand Chelem en double et consultante pour ESPN. Dans le tennis, il n’y a rien de plus intimidant que de se retrouver devant une foule de 20 000 personnes qui vous regarde. Je crois que nous allons voir des athlètes plus relaxés. »

Après avoir décrit l’absence de public comme « une expérience sauvage », Serena Williams a finalement avoué être « peu affectée » par ce changement. En fin de compte, les plus déstabilisés – dans un premier temps, du moins – seront peut-être les téléspectateurs.

3. Djokovic, Thiem, Osaka : Quid de l’état de forme des favoris ?

Plusieurs interrogations persistent après le tournoi de Cincinnati. Stefanos Tsitsipas (demi-finaliste), Milos Raonic (finaliste) et Victoria Azarenka (titrée) ont eux rassuré sur leur condition physique. D’autres semblent encore avoir de la marge.

C’est étrangement le cas de Novak Djokovic. Même si le Serbe a remporté le tournoi masculin contre Raonic dimanche (1-6, 6-3, 6-4), le numéro 1 mondial a plusieurs fois grimacé sur le court. Il a été gêné par des douleurs au cou qui l’ont obligé à déclarer forfait pour le double. « Nole » disputait là sa première compétition ATP depuis février.

Milos Raonic and Novak Djokovic after 2020 Southern and Western final, New York, August 2020

La situation est plus préoccupante pour Dominic Thiem. L’Autrichien (3e mondial) s’est fait sortir dès son entrée en lice par Filip Krajinovic (6-2, 6-1). Il n’avait pas subi une défaite aussi lourde depuis le tournoi de Monte-Carlo 2018, et c’était contre Rafael Nadal (6-0, 6-2). « C’était un match horrible de ma part », a admis le finaliste malheureux du dernier Open d’Australie.

Chez les dames, le tournoi de Naomi Osaka a été mouvementé. Qualifiée pour la finale en dominant Elise Mertens (6-2, 7-6), mais gênée à l’ischio-jambier gauche, la Japonaise y a vu une alerte et, par précaution, a choisi de ne pas se présenter face à Viktoria Azarenka.

4. Djokovic et Serena vont-ils atteindre leur objectif ?

Deux gros noms pour deux grands objectifs lors de cet US Open 2020. Novak Djokovic peut espérer y glaner son 18e titre du Grand Chelem et ainsi se rapprocher de ses deux rivaux historiques en termes de sacres en Majeurs (20 pour Federer, 19 pour Nadal). A Dubaï, fin février, le numéro 1 mondial avait été le dernier vainqueur avant que la crise sanitaire ne paralyse durant de longues semaines la planète tennis. En remportant le tournoi de Cincinnati samedi, il est devenu le premier vainqueur masculin depuis la reprise. Invaincu en 2020, il reste sur 23 victoires consécutives. Il ne faut pas s’y tromper : malgré ses douleurs au cou, le « Djoker » est le grand favori au titre à New York. Surtout en l’absence de Nadal et de Federer.

Serena Williams peut rattraper la légende Margaret Court. L’Américaine espère égaler les 24 sacres en Grand Chelem de l’Australienne. La tâche s’annonce difficile. Williams n’est pas apparue impressionnante à Cincinnati, où elle s’est fait éliminer dès le troisième tour, comme une semaine auparavant, à Lexington. Au Kentucky, elle avait d’ailleurs perdu pour la première fois depuis huit ans face à une joueuse classée hors du top 100, Shelby Rodgers (1-6, 6-4, 7-6).

Serena Williams, Western & Southern Open (New York / Flushing Meadows), 2020

La championne a montré un visage fragile à Cincinnati. Elle était effondrée après sa défaite contre Maria Sakkari (5-7, 7-6, 6-1), s’interrogeant sur son incapacité à conclure. Williams reste d’ailleurs sur quatre finales de Grand Chelem perdues. Dont celle de l’US Open 2019, contre Bianca Andreescu.

5. Va-t-on enfin voir émerger un vainqueur inédit en Grand Chelem ?

Quatre ans que le « Big Three » est invaincu dans la « Big Apple ». Depuis 2016 et la victoire de Stan Wawrinka à l’US Open, aucun joueur n’a réussi à contrer l’hégémonie du trio Nadal – Federer – Djokovic. Et cette année, même s’il est le seul membre présent, le Belgradois semble imbattable.

Impressionnant lors des tournois de reprises, comme à l’Ultimate Tennis Showdown ou au Bett1 Aces, Dominic Thiem apparaît comme étant son plus sérieux rival, et ce même s’il a sombré dès le premier tour du Western & Southern Open. Milos Raonic peut aussi espérer contrer Djokovic. En finale du tournoi de Cincinnati, le Canadien avait réussi à empocher largement le premier set face au Serbe (6-1). Ses coups puissants ont fait des ravages pendant le Masters 1000. Comme face à Stefanos Tsitsipas, en demi-finale (7-6, 6-3). Le Grec, lui aussi, a toutes ses chances à New York. A 22 ans, le numéro 6 mondial rêve de Grand Chelem.

Finaliste malheureux l’an passé, Daniil Medvedev s’est quant à lui fait éliminer en quarts de finale du Masters 1000 américain, par Roberto Bautista-Agut (1-6, 6-4, 6-3). Le numéro 5 mondial a des atouts et sera plus qu’un simple outsider. Mais pas sûr que cela suffise à contrer le seul membre du trio infernal présent cette année à l’US Open.

6. Qui peut se démarquer chez les femmes ?

Kim Clijsters l’a assuré au début de la reprise : « Tout le monde peut battre tout le monde ». L’ancienne numéro 1 mondiale n’a pas tort. Le tableau de l’US Open féminin est plus ouvert que jamais. Six joueuses du Top 10 mondial ont déclaré forfait pour le Grand Chelem cette année, dont la tenante du titre, Bianca Andreescu, et les deux premières mondiales, Ashleigh Barty et Simona Halep.

Plusieurs joueuses ont donc une très belle opportunité à saisir. A commencer par Naomi Osaka. La Japonaise a impressionné la semaine dernière. Elle s’est hissée jusqu’en finale en battant Anett Kontaveit, finaliste du tournoi de Palerme, et Elise Mertens, alors 22e mondiale. Mais elle a dû déclarer forfait pour la finale après une blessure à l’ischio-jambier gauche. Osaka fait partie des favorites pour glaner son troisième Grand Chelem, à seulement 22 ans.

Naomi Osaka - Cincinnati 2020

Sofia Kenin espère, elle, se remettre de ses déboires. La 4e mondiale a été éliminée dès son entrée en lice, par Alizé Cornet (6-1, 7-6). L’Américaine est passée à côté de son match. Elle n’avait pas joué depuis six mois. « Je vais avoir besoin de temps pour m’en remettre, avait-elle alors expliqué. J’ai l’impression d’avoir perdu toute ma confiance ». Passé ce coup de mou, la lauréate du dernier Open d’Australie devrait animer l’US Open.

7. Quels nouveaux venus peuvent briller à l’US Open ?

Nombreux sont les nouveaux joueurs qui frappent à la porte du succès. Et tous de la même manière, avec insolence et en laissant transparaître un potentiel certain.

  • Felix Auger-Aliassime : Felix Auger-Aliassime sera l’un des hommes à suivre. Le Canadien de 20 ans est le plus jeune membre du Top 20 (il est 20e) et il sera tête de série à Flushing Meadows. Il aura l’occasion de montrer l’étendue de son talent — et de sa classe — dès le deuxième tour, où un duel contre Andy Murray lui semble promis. « FAA » espère briller après sa contre-performance au tournoi de Cincinnati. Il s’était fait éliminer au deuxième tour, par Tennys Sandgren (6-7, 6-2, 7-6).
  • Cori Gauff : Plusieurs femmes sont prêtes à faire des étincelles, Cori Gauff en tête. L’espoir américaine de 16 ans a déjà fait parler d’elle en Grand Chelem. Elle s’est révélée à Wimbledon, en 2019, en atteignant les huitièmes de finale. Avant de faire une nouvelle fois sensation à l’Open d’Australie, en début d’année. Gauff avait battu Naomi Osaka au troisième tour, après avoir éliminé Venus Williams.
  • Elena Rybakina : Elle s’était fait remarquer au tournoi de Dubaï, en février. Elena Rybakina avait atteint la finale, où elle avait enlevé un set à Simona Halep (3-6, 6-3, 7-6). La numéro 17 mondiale de 21 ans a tout pour créer la surprise à l’US Open. Mais elle reste sur une défaite face à Anastasia Alexandrova au premier tour de Cincinnati (7-5, 7-6).
  • Jennifer Brady : L’Américaine Jennifer Brady est l’une des sensations depuis le déconfinement. La nouvelle 41e mondiale a remporté le tournoi de Lexington, mi-août, grâce à sa puissance de frappe. Elle a vaincu en finale Jil Teichmann (6-3, 6-4), pour glaner le premier titre WTA de sa carrière. Avant, elle avait balayé « Coco » Gauff (6-2, 6-4).

Jennifer Brady on the WTA Tour, 2020

  • Aryna Sabalenka : Une quatrième joueuse peut créer la surprise dans le tableau féminin. Aryna Sabalenka montait en puissance avant l’interruption de la saison, remportant notamment le tournoi de Doha. A 22 ans, la Biélorusse est 11e mondiale. Elle affrontera au premier tour de l’US Open la Française Océane Dodin.

8. Que vaudra vraiment ce titre ?

C’est la grande question qui se pose, alors que plusieurs grands noms ont déserté les tableaux masculin et féminin de l’US Open 2020. Le Majeur américain mérite-t-il l’étiquette de Grand Chelem ? Faudra-t-il mettre un astérisque à côté du nom des futurs vainqueurs, comme l’ont suggéré Serena Williams ou Noah Rubin ?

« Celui qui remportera le titre le méritera vraiment, a objecté Dominic Thiem, qui espère remporter son premier titre du Grand Chelem. Ça vaut la même chose que chaque année. Il y a déjà eu des années où Roger et Rafa ne jouaient pas à cause de blessures. »

9. Briller à l’US Open puis à Roland-Garros, impossible ?

Jamais, dans l’histoire du tennis, deux Grands Chelems n’avaient été aussi proches au calendrier (14 jours d’écart !). Alors que l’US Open se termine le 13 septembre, Roland-Garros débutera le 27. Un joueur qui sera allé loin dans le Grand Chelem américain pourrait être amoché physiquement pour le rendez-vous parisien. D’autant que les joueurs vont devoir changer de surface en l’espace de quelques jours.

Le calendrier proposé en 2020 est un véritable parcours du combattant. Le lendemain de la finale hommes de l’US Open débute le tournoi de Rome (14-21 septembre), qui se déroulera comme à son habitude sur terre battue et servira de répétition générale avant le Majeur parisien. Plusieurs joueurs (dont Rafael Nadal) ont d’ailleurs décidé de faire l’impasse sur la brève tournée américaine afin de se préserver et de concentrer leurs forces sur le tournoi de la Porte d’Auteuil.

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