12 mai 1984 : Le jour où Lendl a atomisé Connors 6-0 6-0

Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 11 mai 1984, Ivan Lendl a infligé à Jimmy Connors deux roues de bicyclette.

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Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi c’est historique : Lendl inflige deux bulles à Connors

Ce jour-là, le 12 mai 1984, Ivan Lendl bat Jimmy Connors 6-0 6-0 en demi-finale du Tournoi des Champions WCT, à Forest Hills. C’est la seule fois de sa carrière que Connors subit une pareille déroute, ce qui annonce la fin de sa grande époque. C’est aussi la première et dernière fois qu’une confrontation entre deux joueurs ayant été numéros 1 mondiaux s’achève sur deux « roues de bicyclette ».

Les personnages : Ivan Lendl et Jimmy Connors

  • Jimmy Connors, alias “Jimbo”

Jimmy Connors, né en 1952, est l’un des plus grands joueurs de son temps. Coaché depuis toujours par sa mère, Gloria, Connors est l’un des premiers joueurs à jouer à plat et en cadence depuis la ligne de fond de court. Sa manière de frapper la balle montante inspirera beaucoup les futures générations de joueurs. « Jimbo », passé pro en 1972 à 20 ans, était devenu numéro 1 mondial dès 1974. Cette année-là, il avait gagné trois des quatre tournois du Grand Chelem, et avait été interdit de participation à Roland-Garros, le quatrième tournoi, en raison d’une procédure judiciaire lancée contre l’ATP.

Il est resté numéro 1 mondial pendant une durée record de 160 semaines consécutives, entre 1974 et 1977. Après avoir cédé son trône à Bjorn Borg le 23 août 1977, pour une semaine seulement (!), il l’avait récupéré pour 84 semaines supplémentaires, jusqu’au printemps 1979. Il avait, en 1979, cinq titres du Grand Chelem à son palmarès : l’Open d’Australie (1974), Wimbledon (1974) et l’US Open (1974, 1976, 1978). 

John McEnroe et Jimmy Connors - Roland-Garros 1984
Les deux rivaux américains sont opposés en demi-finale du tournoi parisien… et ont failli en venir aux mains. Sur une balle litigieuse, que tout le monde voit faute, John McEnroe remet en cause le jugement de l’arbitre et lui fait savoir. Jimmy Connors monte alors au filet et prévient son adversaire d’arrêter son cirque, de façon très virulente. Le match reprendra dans la foulée.

De 1979 à 1981, Connors n’a pas évolué au même niveau que lors de ses plus grandes années, n’atteignant pas la moindre finale de Grand Chelem. Il est brillamment revenu au premier plan en 1982-83, redevenant numéro 1 mondial après avoir remporté trois nouveaux Grands Chelems : Wimbledon en 1982, et l’US Open en 1982 et 1983, portant son total de titres majeurs à huit. En mai 1984, il est toujours classé 3e au classement ATP.

  • Ivan Lendl, un travailleur acharné

Né en 1960, Ivan Lendl est numéro 2 mondial en mai 1984, derrière John McEnroe. Passé pro en 1978, il se pose depuis 1980 comme l’un des quatre meilleurs joueurs au monde avec Bjorn Borg, John McEnroe et Jimmy Connors. Bien qu’il ait déjà remporté 39 tournois ATP, dont le Masters 1981 en venant à bout de Vitas Gerulaitis (6-7 2-6 7-6 6-2 6-4), il n’est pas encore parvenu à décrocher un titre du Grand Chelem. Il a pour le moment échoué à quatre reprises en finale, dont deux fois face à Jimmy Connors, à l’US Open 1982 et 1983.

Ivan Lendl during 1981 French Open

Il a redéfini les standards du jeu de fond de court, avec un coup droit lifté très puissant qui lui permettait d’être à la fois agressif et extrêmement régulier, poussant ses adversaires à un rude combat physique. Il a également redéfini les standards en termes de préparation, s’entraînant plus que quiconque auparavant, bien plus soucieux de sa condition physique et de son alimentation que n’avaient l’habitude de l’être les tennismen de l’époque.

Le lieu : Forest Hills (New York)

L’évènement se déroule à Forest Hills, dans le Queens, à New York, au West Side Tennis Club, qui a accueilli l’US Open sur gazon pendant cinquante ans, jusqu’en 1975, avant de se convertir à la terre battue américaine, connue sous le nom de har-tru. En 1978, le tournoi gagnant chaque année en importance, l’US Open déménage à Flushing Meadows. Le club de Forest Hills a aussi été le théâtre de dix rencontres de Coupe Davis, disputées sur son Court Central de 14 000 places, construit en 1923 et encore opérationnel aujourd’hui.

Tout simplement, c’est un lieu chargé d’histoire, et un lieu que Jimmy Connors connaît bien, lui qui y a conquis deux titres du Grand Chelem, sur deux surfaces différentes, en 1974 et 1976.

L’histoire : Une demi-finale à sens unique pour Lendl

La demi-finale du Tournoi des Champions est la 16e rencontre entre Jimmy Connors et Ivan Lendl. Connors mène 11-4, mais il a gagné leurs huit premiers affrontements, quand il était au sommet de sa forme ,alors que le Tchèque faisait ses débuts sur le circuit. Leur rivalité a pris une tournure intéressante depuis que Jimmy Connors, en 1981, a qualifié Lendl de « poule mouillée » lors d’une conférence de presse.

En 1984, quelques semaines avant le Tournoi des Champions, ils se sont affrontés en finale de Rotterdam. Ivan Lendl menait 6-0 1-0 lorsque le match fut définitivement interrompu par une alerte à la bombe. 

Ce jour-là, sur har-tru, la terre américaine, Ivan Lendl ne donne aucune cadence à Jimmy Connors. Il joue lentement et très haut, avec beaucoup d’effet, ou alors il utilise son revers coupé, qu’il a récemment beaucoup amélioré. Il sait que l’Américain est un contreur et aura du mal à créer lui-même du rythme. Les échanges longs et lents du fond de court se multiplient et Connors commence à se frustrer et à s’impatienter.

La tactique de Lendl fonctionne parfaitement, et il gagne la première manche 6-0 en commettant seulement deux fautes directes. Connors tente sa chance au filet pour briser la stratégie défensive de Lendl. Mais le Tchèque, qui est peut-être le meilleur passeur au monde, répond présent.

Il continue sur sa lancée pour boucler le deuxième set sans perdre un jeu, infligeant une « bicyclette » inédite à la légende américaine, sur ses terres, à Forest Hills. Connors n’a gagné que 16 points et n’a obtenu que deux petites balles de jeu au cours de ce cauchemar de 52 minutes, la pire défaite de sa longue carrière. La « poule mouillée », elle, savoure le moment.

La postérité du moment : Lendl remporte Roland-Garros quelques semaines plus tard, Connors prend sa revanche à Wimbledon

Le lendemain, Lendl sera défait en finale de Forest Hills par John McEnroe (6-4 6-2).

Quelques semaines plus tard, à Roland-Garros, Ivan Lendl remportera finalement le premier de ses huit titres du Grand Chelem, en terrassant John McEnroe à l’issue de l’un des matches les plus célèbres de l’histoire du tennis (3-6 2-6 6-4 7-5 7-5).

Lendl redeviendra numéro 1 mondial en 1985, et s’imposera trois fois d’affilée à l’US Open, où il sera au rendez-vous de la finale huit années de suite, de 1982 à 1989. Le Tchèque ne parviendra jamais à remporter Wimbledon, où son jeu est moins efficace, malgré deux finales, en 1986 (battu par Boris Becker, 6-4 6-3 7-5) et en 1987 (dominé par Pat Cash, 7-6 6-2 7-5).

Bien que l’Open d’Australie se modernise pour attirer les meilleurs, changeant notamment de surface, Lendl n’y participera plus après 1985. En 1992, après cinq ans de procédure, il devient citoyen américain. A la fin de sa carrière, en 1994, il aura été numéro 1 mondial pendant 270 semaines (améliorant de deux semaines le record de Connors), et aura inscrit 94 titres à son palmarès.

Cette même année 1984, à Wimbledon, Connors prendra sa revanche sur Lendl, qui ne pouvait pas utiliser sur gazon la stratégie si efficace à Forest Hills (6-7 6-3 7-5 6-1). Jimbo prendra une dernière fois le dessus sur le Tchèque cette année-là à Tokyo (6-4 3-6 6-0). Ivan Lendl installera alors son emprise sur le tennis mondial pendant que Connors, âgé de plus de trente ans, déclinera progressivement, se maintenant tout de même dans le top 10 jusqu’en 1989.

Lendl remportera leurs 17 derniers affrontements, le dernier à l’US Open 1992 où Connors venait de fêter ses 40 ans (3-6 6-3 6-2 6-0). Ce sera la dernière apparition en Grand Chelem de Jimmy Connors.

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