9 février 1991 : le jour où Andre Agassi s’est pris une raclée par son futur mentor Brad Gilbert

Le 9 février 1991, en demi-finale du tournoi de San Francisco, Andre Agassi, 4e mondial, essuie une défaite d’une rare sévérité face à son futur mentor Brad Gilbert (6-1, 6-2, en moins d’une heure).

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Ce qu’il s’est passé ce jour-là : Une fessée mémorable

Ce jour-là, le 9 février 1991, en demi-finale du tournoi de San Francisco, Andre Agassi, quatrième joueur mondial, essuie une défaite d’une rare sévérité face à son futur mentor Brad Gilbert (6-1, 6-2, en moins d’une heure). Trois ans plus tard, Gilbert deviendra le coach qui mènera Agassi à la première place mondiale.

Les personnages : Brad Gilbert et Andre Agassi

  • Brad Gilbert, 10e mondial

L’Américain Brad Gilbert est né en 1961. Il passe pro en 1982, et remporte quelques mois plus tard à Taipei son premier titre (aux dépens de Craig Wittus, 6-1, 6-4). Contrairement à la plupart des joueurs de son temps, Gilbert ne dispose pas de grands coups d’attaque, et l’essentiel de son jeu repose sur son sens tactique. Bien qu’il ait réussi à se hisser à la 4e place mondiale au début 1990, après avoir gagné cinq tournois en 1989, ses meilleurs résultats en Grand Chelem restent deux quarts de finale, à l’US Open 1987 (battu par Jimmy Connors, 4-6 6-3 6-4 6-0) et à Wimbledon 1990 (battu par Boris Becker, 6-4 6-4 6-1). Brad Gilbert a également obtenu une médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Séoul, après avoir été éliminé en demi-finale par son compatriote Tim Mayotte (6-4 6-4 6-3). En septembre 1990, il remporte le 20e titre de sa carrière, à Brisbane, en battant Aaron Krickstein en finale (6-3, 6-1), et au mois de février 1991, il pointe au 10e rang mondial.

  • Andre Agassi, 4e mondial

Andre Agassi, le Kid de Las Vegas, est l’une des plus grandes stars de l’histoire du tennis. Passé pro en 1986, il devient rapidement célèbre, grâce à son talent mais aussi à ses tenues vestimentaires originales, dont l’emblématique short en jean et le cycliste rose. Initié au tennis par son père puis élevé à l’académie de Nick Bollettieri, il dispose d’un excellent retour de service (le meilleur de son temps), et son jeu consiste à frapper la balle montante avec une force incroyable, ce qui est révolutionnaire à l’époque et inspirera des générations entières de tennismen.

Agassi remporte son premier tournoi ATP en novembre 1987, à Itaparica, aux dépens de Luiz Mattar (7-6, 6-2). Il explose en 1988 : il remporte six tournois, et atteint les demi-finales de Roland-Garros (éliminé par Mats Wilander, 4-6, 6-2, 7-5, 5-7, 6-0) et à l’US Open, où il est battu par Ivan Lendl (4-6, 6-2, 6-3, 6-4). Malgré d’excellents résultats, Agassi, qui avait été le premier joueur américain de sa génération à se retrouver sous le feu des projecteurs, voit ses rivaux remporter des tournois majeurs, et rate de son côté plusieurs occasions. A Roland-Garros, en 1989, il perd contre Jim Courier au troisième tour (7-6, 4-6, 6-3, 6-2) et assiste au triomphe de Michael Chang, âgé de 17 ans. A l’US Open, il bute à nouveau sur Ivan Lendl (7-6, 6-1, 3-6, 6-1). En 1990, le Kid de Las Vegas passe encore plus près de la gloire, mais, en finale de Roland-Garros, il est surpris par Andres Gomez (6-3, 2-6, 6-4, 6-4), et à l’US Open, il échoue encore sur la dernière marche, battu par Pete Sampras (6-4, 6-3, 6-2). A la fin de la saison, Agassi parvient tout de même à remporter le Masters (il y domine en finale Stefan Edberg, 5-7, 7-6, 7-5, 6–2), en février 1991, il est 4e mondial.

Andre Agassi, 1999

L’endroit : San Francisco

Le Pacific Coast Championships, fondé en 1889, est l’un des plus anciens tournois de tennis au monde. Disputé à l’origine à Monterey, son lieu de prédilection sera ensuite Berkeley, ou l’épreuve se joue de 1900 à 1971. Le tournoi déménage ensuite à San Francisco, sur moquette intérieure, avec à son palmarès de grands joueurs tels que Jimmy Connors (1972), Arthur Ashe (1970, 1975), John McEnroe (1978, 1979, 1982, 1984, 1986), Ivan Lendl (1983) et Stefan Edberg (1985). 

L’histoire : Une leçon en 59 minutes

Au début de 1991, Andre Agassi et Brad Gilbert entament tous deux la saison pleins d’ambitions, après avoir joué leur meilleur tennis au cours des derniers mois. Le jeune Agassi a disputé deux finales de Grand Chelem en 1990, avant de gagner le Masters, le titre le plus important de sa carrière. Il semble bien que ce ne soit qu’une question de temps avant qu’il ne remporte son premier titre majeur et atteigne la première place mondiale. De son côté, Gilbert a joué en 1989 et 1990 les deux meilleures saisons de sa carrière, durant lesquelles il s’est installé durablement dans le top 10.

Comme d’habitude, Agassi, numéro 4 mondial, a fait l’impasse sur l’Open d’Australie (il ne se déplacera à Melbourne pour la première fois qu’en 1995), et le tournoi de San Francisco est son premier tournoi en 1991. Tête de série n°1, il se qualifie sans peine pour les demi-finales, où il doit rencontrer Brad Gilbert, n°10 mondial. Le Kid de Las Vegas n’a pas de raison d’être particulièrement inquiet, lui qui a battu Gilbert lors de deux de leurs trois rencontres précédentes. Cependant, après seulement 59 minutes de jeu, c’est bien le plus âgé des deux Américains qui se qualifie pour la finale. Gilbert livre un match parfait et détruit littéralement Agassi (6-1, 6-2), qui admettra avoir subi “sa pire défaite depuis celle contre Pete Sampras en finale de l’U.S. Open”.

“Il m’a écrasé”, déclare Agassi, selon le Washington Post. “Il n’a jamais aussi bien servi. Même les grands serveurs du jeu ne servent pas aussi bien. (…) “Je n’ai jamais pu trouver de rythme. Il n’y a pas grand-chose à faire quand il joue aussi bien. Mon deuxième service a été un peu faible. S’il m’avait donné une chance d’entrer dans le match, ça aurait pu être différent.”

Pendant ce temps, Gilbert, qui est connu pour son sens tactique ainsi que pour son attrait pour les chiffres et les statistiques, adopte un point de vue plus philosophique.

“Vous avez cinq jours par an où, peu importe qui vous jouez, vous gagnez”, disait-il. “Et vous avez huit jours où vous ne pouvez battre personne.”

La postérité du moment : Gilbert mènera Agassi vers la gloire

La sagesse avec laquelle Gilbert abordait le tennis sera la raison pour laquelle, trois ans plus tard, Agassi le prendra pour entraîneur. Sur les conseils de Gilbert, le Kid de Las Vegas remportera six titres majeurs, réalisera le Grand Chelem en carrière et deviendra n°1 mondial

Pour l’anecdote, en finale à San Francisco, Gilbert sera battu par l’Australien Darren Cahill,  (6-2, 3-6, 6-4), qui deviendra également l’entraîneur d’Agassi, au début 2002.

En 1991, Agassi sera battu par Jim Courier lors de sa troisième finale du Grand Chelem, à Roland-Garros (3-6, 6-4, 2-6, 6-1, 6-4). Il remportera son premier titre majeur en 1992, à l’endroit où on l’attendait le moins : Wimbledon, où il battra Goran Ivanisevic en finale (6-7, 6-4, 6-4, 1-6, 6-4).

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