Evans et la terre battue, de l’indifférence à la conviction

Dan Evans n’avait jamais réellement obtenu de grandes résultats sur terre battue avant d’atteindre les demi-finales à Monte-Carlo cette semaine. La conséquence d’une montée en puissance sur cette surface et d’une prise de conscience de sa capacité à y briller.

Dan Evans, Monte-Carlo, 2021 AI / REUTERS / PANORAMIC

La maturité n’est pas si facile à atteindre pour les sportifs de haut niveau, femmes ou hommes. Certains ne l’atteignent jamais complètement. Il y a quatre ans, Dan Evans avait quitté Monte-Carlo à la hâte après sa défaite contre son compatriote britannique Kyle Edmund pour sa première visite en Principauté. Il s’était montré clair sur sa vision de la terre battue.

“C’est juste un exercice, et sans intérêt, avait-il lâché. Si vous arrêtez de me poser des questions, je pourrai prendre le vol de 17h40.”

Quatre ans plus tard et autant de victoires sur terre battue sur terre battue sur le circuit ATP, Evans a enchaîné au sortir de son exploit contre le N.1 mondial Novak Djokovic en dominant David Goffin vendredi (5-7, 6-3, 6-4) pour atteindre les demi-finales du Rolex Monte-Carlo Masters, où il affrontera Stefanos Tsitsipas pour un ticket pour une première finale en Masters 1000.

“Je suis fier de la façon dont je suis revenu aujourd’hui. C’était difficile hier, j’étais vraiment fatigué, et avec tous les messages reçus après le match, j’étais assez usé. Je suis vraiment heureux de m’en être sorti. Gagner hier n’aurait pas valu le coup si c’était pour passer à côté aujourd’hui.”

Le tournant de sa carrière : son contrôle positif à Barcelone

Ce fameux vol en 2017 l’emmenait à Barcelone un tournoi qui fait office de tournant dans la carrière d’Evans. Classé à la 43e place mondiale, son meilleur classement à l’époque, Evans avait été testé positif en Catalogne. Des traces de cocaïne avaient été retrouvées dans sa trousse de toilette et il avait été suspendu pour un an. Cette année loin du circuit a renforcé sa détermination à rattraper le temps perdu et après être reparti de zéro, sans classement, il avait bouclé la saison 2019 à la 42e place. Le Britannique a atteint son nouveau meilleur classement en carrière en février 2021, en grimpant à la 26e place dans la foulée de son titre au Murray River Open, le premier de sa carrière sur le circuit ATP. 26e, ce sera son classement lundi, à moins que son épopée monégasque ne se poursuive.

“Mon attitude n’était évidemment pas bonne à l’époque, pour développer mon jeu sur terre battue et essayer de l’adapter à cette surface, a avoué Evans, en se remémorant ses réticences passées. Je m’éclate. Tous mes matchs ont été totalement différents. J’ai fait beaucoup de service-volée, quasiment sur chaque point, contre Lajovic. Je suis resté loin de ma ligne contre Hurkacz. Les deux autres matchs étaient évidemment de haut niveau. Je me suis vraiment bien amusé. Mais ça a vraiment beaucoup à avoir avec ma qualité de déplacement. Je me sens plus à l’aise pour bouger, c’est bien plus facile. J’ai travaillé avec un préparateur physique pendant quelques années. Nous avons beaucoup travaillé sur le jeu de jambes, les glissades. Ça a vraiment aidé.”

Dan Evans Monte Carlo

Doté de supers mains, d’un revers slicé vicieux et un excellent toucher, Evans a travaillé dur physiquement ces dernières années et ça paye sur toutes les surfaces, en particulier sur terre battue. Capable de maintenir son effort tout au long d’un rallye, son sens tactique a rendu fou ses adversaires cette semaine. Ses changements de rythme intelligent et ses effets les sortent de leur zone de confort, et sa résistance à la pression impressionne.

Evans à une victoire du Top 20

Au cours de ses quatre matchs de la semaine, Evans a sauvé 31 des 37 balles de break qu’il a concédées. Un excellent ratio, surtout sur terre battue. Goffin n’était pas surpris pour autant.

“Il a beaucoup de talent. Il est capable de changer de plan tactique quand il en a besoin. Il est très malin, très précis. Quand il se sent moins bien, il va de l’avant, raccourcit les échanges. Il sent quand il doit faire jouer l’adversaire ou quand il doit raccourcir les points. Même sur terre battue, il bouge très bien. Il a de bonnes jambes. Il a trouvé des solutions sur terre battue désormais. C’est compliqué de jouer contre lui. Sur le papier, ce n’est pas un terrien, mais la terre battue était lourde aujourd’hui, les balles ne rebondissaient pas très haut, et il a été capable de développer son jeu. C’est pour ça qu’il était difficile à bouger.”

Goffin estime que Evans croit désormais en ses facultés à réussir sur terre battue.

“Je le connais un peu parce qu’on se croise depuis qu’il est junior. Je l’ai vu plus jeune. Je pouvais voir ses chaussettes rouges et la terre battue. Ça se sentait qu’il n’aimait pas évoluer sur cette surface. Maintenant qu’il est mature, qu’il a un jeu plus stable, il se bat et croit en lui. C’était le seul à ne pas y croire.”

Evans a maintenant la certitude d’égaler, au moins, son meilleur classement en carrière lundi prochain. Mais s’il devait battre Tsitsipas en demi-finale samedi, il pourrait même faire son entrée dans le Top 20. Il lui a fallu beaucoup d’effort et de croyance en lui pour en arriver là. Avec son style de jeu, il n’y aucune raison qui pourrait l’empêcher de ne pas aller plus haut dans les semaines et les mois à venir.

People in this post

Your comments

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *