Où situer Mannarino dans la hiérarchie des joueurs français ?

Vainqueur mardi à Astana du quatrième titre de sa carrière, à 35 ans, Adrian Mannarino est en train de se forger une jolie petite place dans l’histoire du tennis français. Certes encore loin des meilleurs. Mais de moins en moins.

Adrian Mannarino Coupe Davis 2023 volée revers © Gepa / Panoramic

On ne peut même pas écrire qu’il n’est pas le plus clinquant des joueurs français, car c’est de moins en moins vrai, ça aussi. A 35 ans, Adrian Mannarino, vainqueur mardi à Astana du quatrième titre de sa carrière et du deuxième de sa saison, n’a jamais aussi bien joué au tennis de toute sa vie. Une originalité de plus pour ce joueur connu tout autant pour son jeu atypique que pour son humour pince-sans-rire et ses tensions de cordage dignes d’un filet à papillon.

A mesure qu’il se bonifie avec l’âge, le gaucher val-d’oisien suscite aussi de plus en plus l’admiration des suiveurs du tennis français, lui qui n’a jamais cessé de dévaloriser son propre talent et de fuir la lumière des tournois français. Aujourd’hui, mine de rien, il est en train de se forger un palmarès qui compte à l’échelle du tennis français. On est certes encore loin de la génération finissante des Mousquetaires, ou de l’époque bénie du duo Noah-Leconte. Mais progressivement, “Manna” est en train de s’élever de la masse, pour se rapprocher des meilleurs.

Afin de mieux s’en rendre compte, nous avons posé ici une série de statistiques pour savoir où et comment situer Adrian Mannarino dans la hiérarchie des joueurs français de l’ère Open. Et ce en termes de :

Titres

Adrian Mannarino compte désormais quatre titres sur le circuit principal, soit autant que Sébastien Grosjean, Arnaud Clément, Paul-Henri Mathieu, Nicolas Escudé et Nicolas Mahut. En précisant toutefois qu’il les a tous remportés en ATP 250, alors que dans cette liste, Grosjean a remporté l’équivalent d’un Masters 1 000 (Bercy 2001) et Escudé l’équivalent de deux ATP 500 (Rotterdam 2001 et 2002).

N’empêche qu’au total, seulement 12 joueurs français comptent un palmarès plus étoffé que lui dans l’ère Open, le plus capé restant Yannick Noah avec 23 titres.

Adrian Mannarino Astana 2023 trophée
© Astana Open

Finales

En tout, “Manna” a disputé 14 finales (là encore toutes en 250), ce qui le fait remonter à la 9eme place dans la hiérarchie des joueurs français de l’ère Open. Il est proche d’un Henri Leconte (16) ou d’un Cédric Pioline (17) dans ce classement également dominé par Noah (33).

Classement

Il a été 22e à son meilleur (en 2018), ce qui le situe à la… 22e place des joueurs français ayant obtenu le meilleur classement ATP. Au total, depuis 1973 (année de la création du classement), 12 joueurs français ont été dans le top 10, et six de plus dans le top 20. Ce “best ranking” de 22e a aussi été celui de Tarik Benhabilès et du regretté Jérôme Golmard.

Mannarino est par ailleurs l’un des 17 joueurs français à avoir occupé la place de numéro 1 tricolore à l’ATP, un rang qu’il occupe d’ailleurs actuellement pour la 12eme semaine de sa carrière. Il devrait ainsi prochainement égaler et dépasser Arnaud Clément, qui figure à la 13eme place des plus longs “règnes” français sur le classement ATP (15 semaines).

Le record reste détenu par Yannick Noah, avec 358 semaines.

Mannarino n’a en revanche jamais été numéro 1 français en fin de saison. Mais cela pourrait changer en 2023 puisqu’il n’a aucun point à défendre jusqu’à la fin de l’année, avec la perspective du top 20 clairement dans le viseur.

Régularité

S’il n’a pas encore été plus haut au classement, faute d’avoir tardé à briller dans les plus gros tournois, Mannarino cumule 589 semaines de présence dans le top 100, ce qui le situe à la 10eme place des joueurs français ayant passé le plus de temps dans cette élite, juste derrière Paul-Henri Mathieu (593).

Il est devant des joueurs comme Sébastien Grosjean (538 semaines), Henri Leconte (557) ou Cédric Pioline (578) dans ce classement dominé par Richard Gasquet (964), qui a dépassé cette année Fabrice Santoro (943).

A titre de comparaison, c’est mieux que Yannick Noah (421), Nicolas Escudé (340), Thierry Tulasne (330) ou Arnaud Boetsch (329). C’est moins bien en revanche qu’un Jérémy Chardy (667) ou qu’un Julien Benneteau (613).

Longévité

C’est le point sur lequel Mannarino brille le plus. Il est l’un des trois joueurs français à avoir remporté un titre en simple dans l’ère Open à plus de 35 ans, avec Richard Gasquet (recordman du genre avec son titre à Auckland en 2023 à 36 ans), Fabrice Santoro (Newport 2008, 35 ans) et Français Jauffret (Le Caire 1977, 35 ans). Il est même le seul à en avoir remporté deux (Newport et Astana 2023).

Mannarino a par ailleurs atteint la deuxième semaine de l’Open d’Australie 2022 à 33 ans, ce qui lui vaut de pouvoir là encore être comparé à Fabrice Santoro. Ce dernier avait atteint au même âge son premier quart de finale en Grand Chelem, lors de l’Open d’Australie 2006.

Fabrice Santoro lors de sa victoire sur David Nalbandian à l’Open d’Australie 2006.

Gaël Monfils, lui aussi quart de finaliste à l’Open d’Australie 2022 à 35 ans, est devenu le joueur français le plus âgé à avoir atteint ce stade en Grand Chelem dans l’ère Open. Un bel objectif pour “Manna”, non ?

Victoires sur des top 10

Adrian Mannarino a battu dix joueurs du top 10 dans sa carrière, le meilleur d’entre eux Daniil Medvedev (n°3) en 2023 à ‘s-Hertogenbosch, et le dernier d’entre eux Taylor Fritz (n°8) une semaine plus tard au Queen’s. C’est le même nombre que Paul-Henri Mathieu ou que Jérôme Golmard. En précisant que ce dernier avait battu, en sus, un numéro 1 mondial (Agassi à Toronto en 2000) et un numéro 2 (Carlos Moya, Monte Carlo 1999).

Seize joueurs français ont battu plus de joueurs de cette élite au total de leur carrière. Le meilleur d’entre eux reste Jo-Wilfried Tsonga (45).

Gasquet, Monfils, Simon et Tsonga à Roland-Garros en 2022
Gasquet, Monfils, Simon et Tsonga à Roland-Garros en 2022 – © Michael Baucher / Panoramic

Parcours en Grand Chelem

C’est un peu le “point faible” de Mannarino qui n’a jamais atteint un quart de finale en Grand Chelem, alors que 21 joueurs français différents y sont parvenus dans l’ère Open (Goven, Proisy, Jauffret, N’Godrella, Noah, C. Roger-Vasselin, Leconte, Forget, Champion, Pioline, Escudé, Clément, Grosjean, Benneteau, Santoro, Gasquet, Tsonga, Monfils, Simon, Chardy et Pouille).

Il a toutefois disputé à quatre reprises un huitième de finale majeur (Wimbledon 2013, 2017et 2018, Open d’Australie 2022), ce qui le place à proximité d’un Paul-Henri Mathieu (six huitièmes de finale sans jamais dépasser ce stade).

Performances en Coupe Davis

Mannarino a été sélectionné à 8 reprises en Coupe Davis pour un total de 9 matches joués (tous en simple), dont 7 victoires et 2 défaites. Si l’on ne prend en compte que les joueurs français qui ont joué la Coupe Davis uniquement dans l’ère Open, seuls 15 d’entre eux y ont remporté davantage de matches en simple (record : Yannick Noah, 26 victoires).

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