Barty, Osaka, Halep, Świątek, Kvitová : Plateau cinq étoiles à Madrid

Alors que le WTA 1000 de Madrid débute ce jeudi, quelles sont les forces en présence et les enjeux de ce premier grand tournoi féminin de la saison sur terre battue ?

barty_madrid_2021 barty_madrid_2021 Crédit : ZM / Panoramic

Barty va-t-elle rester invincible face aux joueuses du Top 10 ?

Loin de son Australie natale, qu’elle ne retrouvera sans doute pas avant la fin de la saison, Ashleigh Barty a trouvé la solution pour se sentir comme chez elle aux quatre coins du globe : ces dernières semaines, elle a confisqué les clefs du circuit féminin. Titrée à Miami, en écartant entre autres Jelena Ostapenko, Victoria Azarenka, Aryna Sabalenka, Elina Svitolina et Bianca Andreescu, Barty a conservé la première place mondiale aux dépens de Naomi Osaka. La semaine passée, elle a resserré sa mainmise sur le trône en allant soulever le trophée du WTA 500 de Stuttgart. Grâce à des succès face à Laura Siegemund, Karolina Plíšková, puis, de nouveau, Svitolina et Sabalenka.

C’est un gros challenge d’affronter Ashleigh, reconnaissait la Biélorusse en amont de la finale. Surtout sur terre battue, où son jeu s’adapte à merveille. Être face à elle, c’est un test à la fois physique et mental. Jouer contre elle sur terre, je pense que c’est le plus grand défi qu’on puisse trouver actuellement sur le circuit. C’est une joueuse incroyable.

Bien vu. Si elle s’est laissée surprendre par Paulo Badosa à Charleston dans la foulée de son sacre en Floride, l’Australienne a été intraitable face aux meilleures de la planète ces derniers temps. Contre une membre du Top 10, sa dernière défaite remonte dernier match de poule du Masters 2019, devant Kiki Bertens, alors qu’elle était déjà qualifiée pour la suite de la compétition. Depuis, elle a remporté les 10 chocs disputés. Plus largement, depuis Miami 2019, le début de son ascension vers les sommets, elle a enquillé 17 victoires pour 3 défaites face au Top 10. Seules Simona Halep (quart de finale de Madrid 2019) et Naomi Osaka (finale de Pékin 2019) sont parvenues à la faire plier, outre Bertens. A Madrid, au premier tour, la gagnante de Roland-Garros 2019 doit affronter une Shelby Rogers qu’elle a toujours battu en quatre confrontations, dont trois en 2021.

Où en est Naomi Osaka sur terre battue ?

Oui, je veux gagner Roland-Garros et Wimbledon (pour réussir le Grand Chelem en carrière)“, répondait Naomi Osaka en amont d’un Open d’Australie 2021 qui l’a vue glaner son quatrième Majeur, le quatrième sur dur (deux US Open et deux Open d’Australie). Néanmoins, la Japonaise soulignait qu’elle avait encore des progrès à faire sur ces deux surfaces. Lucide. Sur le circuit principal, avant d’entamer son aventure madrilène, elle compile un bilan de 21 succès et 13 revers sur terre battue. Sa plus belle victoire teintée d’ocre a été décrochée contre une Su-wei Hsieh alors 24e mondial à Stuttgart en 2019. En six confrontations face à des Top 20 sur brique pilée, elle s’est toujours inclinée. Depuis Roland-Garros 2019, elle n’a plus mis un pied sur cette surface en compétition officielle.

Je n’ai pas joué sur terre depuis deux ans, a-t-elle rappelé en conférence de presse dans la capitale espagnole. Je vais juste essayer de prendre du plaisir et poser les bases (de son jeu sur terre), j’imagine, en vue de Roland-Garros. J’ai envie de gagner mon premier titre sur terre, mais je dois améliorer certaines choses. Je ne sais pas si je peux révéler les secrets de ses méthodes de travail (celles de Yutaka Nakamura, son préparateur physique depuis l’été 2020), mais nous bossons beaucoup plus sur les étirements, la souplesse pour améliorer la mobilité et les glissades spécifiques à la terre.

Auparavant, Nakamura a travaillé, entre autres, pendant sept ans avec Maria Sharapova. Celle qui comparait son déplacement sur terre à celui  “d’une vache sur une patinoire” avant de gagner deux titres à Roland-Garros, Grand Chelem qu’elle a le plus remporté. Avec son compatriote à ses côtés, Osaka montre son envie de chausser, elle aussi, les bons patins. En 2019, à Madrid, elle était tombée devant Belinda Bencic en quarts de finale. Cette année, elle pourrait retrouver Maria Sakkari au troisième tour. Une possible revanche : elle avait été sèchement battue (6-0, 6-4) par la Grecque à Miami.

Iga Świątek, pour s’affirmer comme reine de la terre ?

Dernière reine de Roland-Garros, Iga Świątek s’apprête à retrouver sa surface favorite. Si elle a progressé sur dur au point de s’imposer à Adélaïde fin février, la Polonaise a un jeu naturellement fait pour l’ocre. Depuis toujours, en raison de son admiration pour un gaucher espagnol.

Le seul joueur qui m’a fascinée, c’était Rafael Nadal, a-t-elle expliqué pour le mensuel allemand Tennis Magazin. J’aimais son apparence et l’énergie qu’il dégageait. Je suppose que j’ai copié son style de jeu. J’aime mettre beaucoup de lift dans la balle. Mon premier entraîneur m’a dit que c’était un style inhabituel pour une fille. Il m’a conseillé de me concentrer sur cet aspect, car il pensait que cette particularité finirait par devenir une grande force.

Iga Swiatek, Roland-Garros 2020

Quelques années plus tard, en 2020, à 19 ans, elle écrabouillait ses adversaires les unes après les autres pour créer la surprise porte d’Auteuil. Actuelle 17e du classement WTA, la native de Varsovie a pour objectif avoué d’entrer dans le Top 10 cette année. La saison sur ocre est pour elle la période idéale afin de s’en approcher. Certes, elle a de nombreux points à défendre à Paris. ais elle peut en gagner par ailleurs. Tombée d’entrée à Rome l’an passé, elle n’avait pas participé à la dernière édition madrilène, en 2019. Dans sa jeune carrière sur le circuit principal, Świątek a joué 18 matchs sur ocre. Elle en a remporté 14. Débutant contre Alison Riske à Madrid, elle pourrait éventuellement défier Ashleigh Barty au troisième tour, pour un duel entre les deux dernières vainqueures de Roland-Garros.

Simona Halep, libérée de ses peurs pour faire trembler ses rivales ?

Elle l’a prouvé, notamment par son triomphe devant Serena Williams à Wimbledon en 2019, Simona Halep est un couteau suisse capable de briller sur toutes les surfaces. Mais c’est sur terre battue qu’elle est a été la plus tranchante en Grand Chelem, avec un titre et deux finales. C’est aussi sur cette surface que son pourcentage de matchs gagnés est le plus élevé. Finaliste à Madrid l’an passé, gagnante en 2016 et 2017, la Roumaine compte s’appuyer sur le passé pour se propulser de la meilleure façon possible vers Paris.

A chaque fois que j’entre sur ces courts (de Madrid), je me sens bien, a-t-elle confié en conférence de presse. Je pense que c’est grâce à la confiance emmagasinée ici lors des années précédentes. Je ne pense pas du tout au fait de pouvoir avoir des difficultés ici. Le résultat m’importe peu. Il s’agit de moi, mes sensations sur le terrain. Par le passé, je pouvais avoir certaines peurs. Je ne ressens plus aucune pression négative désormais. Et par les temps qui courent, c’est un privilège de pouvoir jouer des tournois. Il y aura même un peu de public (4 800 spectateurs par jour sur le site). Ça va être très sympa !

Tête de série numéro 3, Halep doit entamer son aventure contre Sara Soribes Tormo, récemment titrée à Guadalajara. L’an passé, au premier tour de Roland-Garros, la Roumaine était sortie gagnante de leur seul duel, quelques jours avant la claque. Grande favorite du tournoi, “Simo” avait été soufflée par la tornade Świątek en huitièmes de finale : 6-1, 6-2, en 1h08. Si elle s’est dite libérée de toutes ses peurs, la protégée de Darren Cahill espère sans doute réussir une belle performance à Madrid afin d’inspirer la crainte à ses rivales en vue de l’échéance parisienne.

Kvitová et Bertens, pour confirmer leurs facilités sur la terre de Madrid ?

Son palmarès est équivoque, la terre battue n’est pas la surface de prédilection de Petra Kvitová. Parmi ses 28 trophées, cinq ont été soulevés sur cette surface. Dont trois à Madrid, en 2011, 2015 et 2018. De quoi en faire la femme la plus titrée de l’épreuve, bien aidée notamment par les conditions particulières de la capitale espagnole, avec des courts situés à 667 mètres d’altitude.

Les conditions ici conviennent vraiment bien à mon jeu, a expliqué la gauchère en conférence de presse. J’adore ! Ça vole d’une très belle manière pour moi. L’altitude m’aide un peu. Gagner trois fois, c’était déjà incroyable, alors une quatrième, ce serait encore plus qu’un rêve. En m’imposant ici en 2011, la saison où j’ai ensuite gagné Wimbledon et le Masters, j’ai pris conscience que je pouvais non seulement très bien jouer sur terre, mais aussi battre les meilleures du monde. Ça m’a vraiment donné beaucoup de confiance.

kvitova_madrid_2011

Au troisième tour, la Tchèque pourrait potentiellement défier la tenante du titre, Kiki Bertens. 10e joueuse mondiale et ancienne numéro 4, la Néerlandaise brille régulièrement sur le circuit, mais peine à confirmer en Grand Chelem. Malgré son statut, elle n’a atteint “que” cinq fois la deuxième semaine en Majeur. Dont trois à Roland-Garros, avec deux huitièmes de finale et une demie.

Je suis l’une des joueuses qui a grandi sur terre battue, a expliqué en conférence de presse celle qui a remporté six de ses dix trophées sur cette surface. A partir de mes 6 ans, j’ai joué toute l’année sur terre. Que ce soit en extérieur ou intérieur. Jusqu’à mes 25 ans, en gros, je n’étais pratiquement que sur terre pour m’entraîner. Je passais au dur seulement quand je devais y jouer des tournois. Tout  le reste du temps ; terre battue.

Jiménez Kasintseva, qui est cette inconnue de 15 ans ?

Avant d’espérer résoudre l’équation de son relatif manque de grands résultats en Majeur, Bertens entend bien commencer sa démonstration à Madrid. En faisant face, d’abord, à une inconnue : Victoria Jiménez Kasintseva, 15 ans, et invitée par les organisateurs. Andorrane, l’adolescente n’a encore jamais disputé la moindre joute sur le circuit principal. Talent précoce, elle a remporté l’Open d’Australie juniors 2020, en étant la plus jeune engagée du tableau. En ITF, sa meilleure performance est une victoire face à la Chinoise Jia Jing Lu, 200e mondiale, à Andrézieux fin janvier. Après Linda Fruhvirtová à Charleston contre Alizé Cornet ce mois-ci, c’est une deuxième prodige née en 2005 qui cherche à ouvrir son compteur chez les grandes.

Je ne la connais pas, a reconnu Bertens devant les journalistes. Je l’ai déjà vue, mais je ne sais pas vraiment comment elle joue. Je vais devoir creuser ça, me préparer et trouver quelques infos sur son style. Mais c’est toujours bien de voir de nouveaux visages émerger, surtout des aussi jeunes.

Si de nouvelles têtes comme Fiona Ferro, ou encore Clara Burel et Harmony Tan plus récemment, commencent à grimper dans les rangs tricolores, aucune d’elles n’est présente à Madrid. Avec les forfaits de Ferro et Garcia, numéros 1 et 2 de l’Hexagone, seule Krsitina Mladenovic est encore engagée en Espagne. Contrairement à Alizé Cornet et Océane Dodin, la finaliste de l’édition 2017 est parvenue à s’extraire des qualifications. Au premier tour, elle se mesurera à la tête de série numéro 8, Belinda Bencic. Une adversaire qu’elle a battue trois fois en cinq confrontations.

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