3 janvier 1972 : le jour où Ken Rosewall, 37 ans, est devenu le plus vieux vainqueur de l’histoire en Grand Chelem

Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 3 janvier 1972, Ken Rosewall remporte l’Open d’Australie et devient le plus vieux vainqueur de l’histoire en Grand Chelem.

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Ce qu’il s’est passé ce jour-là : Ken Rosewall remporte son dernier dernier titre du Grand Chelem, 19 ans après le premier

Ce jour-là, le 3 janvier 1972, Ken Rosewall remporte l’Open d’Australie pour la quatrième fois (la deuxième au cours de l’Ère Open), 19 ans après son premier titre conquis en 1953. En dominant Malcolm Anderson en finale du tournoi (7-6, 6-3, 7-5), il devient, à 37 ans, le joueur le plus âgé à avoir jamais gagné un tournoi du Grand Chelem. Même si Rosewall disputera encore deux finales majeures, l’Open d’Australie 1972 restera le dernier grand titre de sa carrière.

Les acteurs : Ken Rosewall et Malcolm Anderson

  • Ken Rosewall, un des meilleurs pros du circuit

Ken Rosewall, né en 1934, est l’un des meilleurs joueurs amateurs des années 1950, remportant quatre titres du Grand Chelem (les Championnats d’Australie en 1953 et 1955, Roland-Garros en 1953 et l’US Nationals en 1956), et participant à trois campagnes de Coupe Davis victorieuses (1953, 1955, 1956). À la fin de l’année 1956, peu après s’être marié, il signe un contrat avec Jack Kramer et devient professionnel, ce qui signifie à l’époque qu’il ne peut plus participer aux épreuves du Grand Chelem ni à la Coupe Davis. Rosewall, dont le revers est considéré comme l’un des meilleurs de tous les temps, devient alors l’un des meilleurs joueurs chez les pros, remportant la bagatelle de 15 titres majeurs. Surnommé “M. Muscle”, il gagne notamment la version Pro de Roland-Garros à quatre reprises (de 1960 à 1963). En avril 1968, il remporte le premier tournoi de l’Ère Open, à Bournemouth, dominant Rod Laver en finale (3-6, 6-2, 6-0, 6-3), et quelques semaines plus tard, il bat à nouveau son compatriote en finale de Roland-Garros (6-3, 6-1, 2-6, 6-2) pour s’adjuger le premier Grand Chelem « Open » de l’histoire. Il ajoute ensuite deux nouveaux titres majeurs à son impressionnant palmarès, en triomphant à l’US Open 1970, puis à l’Open d’Australie en 1971.

  • Malcolm Anderson, excellent chez les amateurs

Malcolm Anderson, né en 1935 en Australie, dans l’État du Queensland, voit sa carrière d’amateur culminer en 1957-1958. En 1957, il remporte son premier et unique tournoi du Grand Chelem, en battant son compatriote Ashley Cooper en finale de l’US Nationals (10-8, 7-5, 6-4). L’année suivante, il dispute deux nouvelles finales de Grand Chelem, mais Cooper prend sa revanche en le dominant en finale des Championnats d’Australie (7-5, 6-, 6-4) puis en finale de l’US Nationals (6-2, 3-6, 4-6, 10-8, 8-6). Suite à ses excellents résultats, il passe professionnel, et il réalise sa meilleure performance chez les pros en 1959, lorsqu’il remporte le tournoi de Wembley en battant Pancho Segura en finale (4-6, 6-4, 3-6, 6-3, 8-6).

Le lieu : l’Open d’Australie

Contrairement aux autres tournois du Grand Chelem, l’Open d’Australie (d’abord appelé Championnat d’Australasie puis Championnat d’Australie) a changé plusieurs fois de lieu au fil des ans. L’épreuve changeait même de ville chaque année avant de s’installer à Melbourne en 1972, et pas moins de cinq villes australiennes l’ont accueillie à au moins trois reprises : Melbourne, Sydney, Adélaïde, Brisbane et Perth. Ses dates ont été assez mouvantes également, entre début décembre et fin janvier, faisant de l’Open d’Australie parfois le premier, parfois le dernier Grand Chelem de la saison. À l’époque, la plupart des meilleurs joueurs font l’impasse sur l’épreuve en raison de son éloignement et des prix insuffisants.

L’histoire : escorté par la police pour arriver au stade à temps, Rosewall remporte boucle un tournoi sans encombre

À la fin de l’année 1971, la guerre entre la Fédération Internationale de Tennis et les différents circuits professionnels est à son comble. C’est ainsi que, malgré l’avènement de l’Ère Open en 1968, la situation se dégrade en 1972, et beaucoup de joueurs professionnels se retrouvent à nouveau exclus des tournois du Grand Chelem. Pour contourner le problème, les organisateurs de l’Open d’Australie ont eu l’idée de démarrer le tournoi à la fin du mois de décembre 1971, avant que les nouveaux règlements n’entrent en vigueur, les finales étant prévues début janvier.

Ainsi, ils permettent à certains joueurs professionnels de participer, mais la plupart des meilleurs joueurs renonce, ne désirant pas voyager aussi loin au moment de Noël. Les têtes d’affiche sont donc Ken Rosewall et John Newcombe, mais des grands noms comme Rod Laver, Arthur Ashe ou Stan Smith manquent à l’appel.

Si Rosewall arrive en finale sans trop de difficulté, Newcombe, lui, est éliminé en quarts de finale par le vétéran Malcolm Anderson, âgé de 36 ans (2-6, 6-3, 6-4, 3-6, 9-7). Rosewall connaît sa plus grande frayeur du tournoi le jour de la finale, lorsqu’il se trouve bloqué dans les embouteillages et commence à croire qu’il n’arrivera pas à temps pour le match. Heureusement, il parvient à stopper un policier à moto, qui lui répond d’abord qu’il ne sert à rien de se dépêcher pour aller voir la finale : « Ça ne sert à rien d’aller au tennis, mec, ils ne te laisseront jamais entrer ». Rosewall lui montre alors ses papiers pour le convaincre qu’il ne va pas au stade pour voir la finale, mais pour la jouer, et une escorte policière le dépose alors à Kooyong.

La finale elle-même s’avère plutôt à sens unique. Rosewall est plus âgé d’un an, mais Anderson, lui, a passé les quatre dernières années à donner des leçons de squash et de tennis, et il n’est sorti de sa retraite que quelques semaines avant l’Open d’Australie. « M. Muscle », après avoir tout de même écarté quatre balles de première manche, s’impose, 7-6, 6-3, 7-5. Il est le joueur le plus âgé de l’histoire à avoir remporté un tournoi du Grand Chelem, mais il ne pense pas que ce soit une très bonne nouvelle pour son sport.

« Ce n’est pas bon pour le tennis en général que je sois encore en mesure de gagner », confie-t-il à The Age, un journal local.

Un point de vue partagé par son adversaire.

« Les jeunes d’aujourd’hui ont la vie trop facile. Il y a trop d’argent en jeu, et ils n’ont pas à se battre pour gagner leur vie », déclare Anderson, selon le New York Times.

La postérité du moment : Rosewall célébré après sa retraite

Ken Rosewall disputera deux autres finales de Grand Chelem avant sa retraite, toutes les deux en 1974, à près de 40 ans, et il sera battu à chaque fois par le nouveau numéro 1 mondial, Jimmy Connors. À Wimbledon, Connors battra Rosewall sèchement (6-1, 6-1, 6-4), mais la finale de l’US Open sera une véritable exécution (6-1, 6-0, 6-1). Rosewall prendra sa retraite en 1978, ayant remporté un total estimé de 133 titres tout au long de sa carrière. Le court central du Stade olympique de Sydney sera nommé après lui en 2008. À ce jour, il reste le vainqueur de Grand Chelem le plus âgé de tous les temps, même si Roger Federer passera à un point de battre son record à Wimbledon en 2019.

En 1972, Anderson sera nommé “Membre de l’Ordre de l’Empire britannique” pour « services rendus au tennis ».

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