Alcaraz, qui a rendu un point que tout le monde avait jugé légal : « Je me serais senti coupable si je n’avais rien dit »

Alors que Ben Shelton n’avait pas contesté et que l’arbitre n’y avait vu que du feu, l’Espagnol, sur un point important de son huitième de finale de Roland-Garros contre Ben Shelton, a signalé de lui-même que son coup était illégal.

Carlos Alcaraz, Roland-Garros 2025 Carlos Alcaraz, après sa qualification pour les quarts de finale de Roland-Garros 2025 (Michtof / PsnewZ)
Roland Garros •Huitièmes de finale • Terminé
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« Carlos Alcaraz est un magicien ». Phrase devenue refrain tant l’Espagnol a pris l’habitude d’enchanter les foules. Dimanche, lors de sa victoire 7-6⁸, 6-3, 4-6, 6-4 contre Ben Shelton en huitième de finale de Roland-Garros, il a prouvé être un véritable illusionniste. Il a réussi à gagner un point en lâchant sa raquette, ce qui est interdit, tout en faisant croire à tout le monde – son adversaire, l’arbitre, les 15 000 âmes entourloupées du court Philippe-Chatrier – qu’il l’avait toujours bien en main.

Mais notre « Albracadabraz » – son véritable nom de scène imaginaire inventé à l’instant – est le genre de prestidigitateur détesté par ses collègues. Le genre qui révèle « le truc » de ses tours. À 7-6⁸, 0-0, 30-30 sur son service, monté au filet, il s’est étendu autant que possible sur sa gauche pour répliquer à un passing semblant impossible à atteindre. Comme si, subitement envahi par l’âme de l’Inspecteur Gadget, il avait lâché un « go, go, gadget aux bras » pour étirer un membre télescopique et atteindre la balle.

Je pensais que sa volée était valable

Miraculeux. Trop pour être vrai. Alors, dans la foulée, pendant que tout le Central se déchirait mains et cordes vocales pour l’acclamer et que son adversaire souriait, incrédule, le surnommé « Carlitos » a dévoilé le pot aux roses : il ne tenait plus son instrument au moment du contact avec la boule de feutre jaune. Révélant ce fait, il a de lui-même indiqué à l’homme de chaise qu’il fallait donc accorder le point à l’Américain ; ce qui lui a valu une balle de break à défendre.

« Je pensais que sa volée était valable », a déclaré Shelton après la rencontre. « Je pensais qu’il avait lâché la raquette après avoir touché la balle. J’étais surpris qu’il dise : ‘Non, j’ai lâché ma raquette avant’. C’est un gars tellement fair-play, il n’y a jamais de problèmes avec lui. C’était un coup complètement fou, c’est un peu dommage que ça ne compte pas. »

Je n’ai pas songé une seule seconde à ne rien dire, même si c’était à un moment important du match

Le protégé de Juan Carlos Ferrero, lui aussi, a eu droit à des questions sur cet épisode. « Je ne pouvais pas ne rien dire », a-t-il d’abord répondu dans la partie anglophone de sa conférence de presse. « Je me serais senti coupable si je n’avais rien dit. Si je sais que mon coup est illégal, je dois être honnête envers moi-même, envers Ben, envers tout le monde. Je pense que le sport doit être comme ça, il faut être droit avec l’adversaire, avec soi-même. »

Interrogé ensuite par la presse hispanique, il a ajouté : « Oui, dommage, c’était le hot shot du jour. Mais je n’aurais pas été en accord avec moi-même si je n’avais rien dit. Le sport doit refléter des valeurs, et le fair-play est l’une d’elles. Je n’ai pas songé une seule seconde à ne rien dire, même si c’était à un moment important du match. »

Alcaraz, hbaitué des gestes fair-plays…

Un duel qui s’est déroulé dans un très bon esprit entre deux joueurs s’appréciant, puisqu’Alcaraz, en anglais, a aussi révélé un beau geste de Shelton. « Dans le premier set, il a fait un service qui, selon moi, a touché le filet », a-t-il relaté. « L’arbitre n’en a pas reçu le signalement, mais Ben m’a dit qu’on pouvait rejouer le point si je le voulais. »

Comptant parmi les hommes les plus fair-plays du circuit avec Casper Ruud, le quadruple vainqueur en Grand Chelem l’a régulièrement démontré depuis ses débuts. En demi-finale du Masters 1000 de Miami en 2022, à 6-5 et 30-0 en sa faveur, l’arbitre lui a accordé le point en signalant – à tort comme l’ont montré les ralentis – un double rebond contre un Hubert Hurkacz qui s’est mis à fulminer. Bien que le Transpyrénéen n’avait plus qu’à claquer tranquillement une volée haute de coup droit ensuite si l’échange n’avait pas été interrompu, Alcaraz a tout de suite signifier qu’il fallait rejouer le point.

…depuis ses premiers pas sur le circuit principal

Autre exemple, en 2021, à 17 printemps, au premier tour de l’ATP 250 d’Estoril où il s’était extirpé des qualifications, il s’est procuré une balle de break à 2-2 dans la dernière manche contre Marin Čilić. Sur celle-ci, le juge de ligne a annoncé une faute du Croate, mais avant que ce dernier n’ait esquissé le début d’une contestation, le natif d’El Palmar est allé regarder la marque pour la donner bonne, sans même demander au maître du jeu de venir vérifier.

S’il avait finalement perdu le match, Carlos Alcaraz avait, déjà, commencé à gagner tout le respect du circuit. En montrant qu’il n’était pas prêt à tout pour gagner. Et surtout pas à s’adonner de la magie noire pour transformer – comme ce bon vieux Robin Söderling avait tenté de le faire, de façon tragicomique, face à Rafael Nadal à Rome en 2009 – une fausse trace en une « vraie ».

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