Federer s’impose au bout de la nuit

Opposé à Dominik Koepfer au troisième tour de Roland-Garros, Roger Federer s’est imposé 7-6, 6-7, 7-6, 7-5 en levant les bras à 00h43.

© Panoramic

C’est une victoire qui va laisser une trace dans la carrière de Roger Federer. Pas la plus grande, certes, que ce soit par son impact ou la qualité de jeu. Mais l’une dont on devrait se souvenir. Par son scénario, le moment et le contexte. Débarqué à Paris avec l’envie, entre autres, de jauger sa résistance physique avant Wimbledon, le Bâlois a été servi. Alors qu’il a parfois semblé à la peine, il a fini par trouver un chemin au milieu de la nuit pour trouver la lumière.

Sous les projecteurs du court Philippe-Chatrier, il est allé au bout de l’effort. Pour le premier match de sa carrière à huis clos, sans l’amour de ses fans, il a une nouvelle fois démontré qu’il n’était pas seulement “un danseur des courts”. Il a fait étalage de toute sa rage de vaincre, digne des plus grands artistes du noble art. Solide mentalement, le battant venu de Bâle s’est imposé 7-6, 6-7, 7-6, 7-5. Après 3h35 de jeu, il a levé les bras à 00h43. Avant de terminer sur un sourire éclatant au micro de Marion Bartoli pour illuminer une dernière fois la soirée.

“Je viens de jouer plus de 3h30, j’ai quand même le temps pour répondre à plus d’une question même s’il faut aller se doucher et dormir (sourire). J’adore jouer au tennis,” a-t-il déclaré à la championne française avant de répondre à quelques questions de plus pour Amazon Prime. “Plus jeune, pendant un match comme celui-ci, dans un stade immense complètement vide, je serais devenu un peu fou. Vers 22, 23 ans, j’ai commencé à comprendre des choses.”

Pour celui sachant l’écouter, le temps est sans doute le meilleur professeur qu’il soit. C’est sûrement grâce à tous les enseignements tirés au fil des ans et des matchs que Federer s’en est sorti. Semblant devenu conducteur de montagnes russes, il a alterné coups brillants et erreurs grossières durant ce duel. Pas surprenant pour son sixième match après un an et deux mois à l’écart de la compétition suite à deux opérations du genou.

Dans la foulée d’une manche initiale empochée au jeu décisif, à l’arrachée, 7 points à 5, il a réussi le premier break du match d’entrée de deuxième acte. De quoi l’imaginer prendre ses aises et se détacher définitivement. Que nenni. Son adversaire n’a rien lâché. Devant un gaucher allemand déterminé, Federer a souvent dû faire face au même schéma que face à Rafael Nadal : un lift de coup droit dans la diagonale remontant au-dessus de l’épaule sur son revers à une main.

Federer a puisé dans ses ressources

Si, inférieurs à ceux de Nadal, l’effet et la puissance générés par Koepfer n’ont pu prétendre au statut de casse-tête insoluble, il ont tout de même posé un problème complexe à Federer. Cédant le second round au tie-break, l’Helvète a perdu son engament d’entrée de troisième set. Accumulant les fautes directes, mené 4-2, il a paru perdre pied. Un temps. Puis il a puisé dans ses ressources. Mentales et physiques.

Parvenant à égaliser à 4-4 malgré un opposant très solide et régulier du fond de court mais aussi inspiré dans ses attaques, l’homme aux 20 titres du Grand Chelem a finalement enlevé le troisième tie-break de la rencontre. 7 points à 4. Quelques minutes plus tard, à 1-1 dans la quatrième manche, il prenait le service du Teuton sur une frappe de ce dernier annoncée faute d’un cheveu.

Irrité par cette décision arbitrale, Koepfer, qui avait déjà pris un avertissement, s’est mué en Benoît Paire : crachat sur la marque. Résultat, point de pénalité. Federer a entamé le jeu suivant à 15-0 pour confirmer le break. Face à un rival du soir groggy, il n’avait plus qu’à porter l’estocade finale pour l’envoyer définitivement au tapis. Mais non. Sur les 12 points suivants, il a alors enchaîné 10 fautes directes. Bilan, l’Allemand est repassé devant. Sans break, toutefois.

Jusqu’à 5-5, les deux hommes ont tenu leurs mises en jeu. Là, au moment crucial, sur le service du 59e mondial, Roger l’enchanteur a sorti un coup de raquette magique dont il a le secret. Mené 15-0, il a remis deux smashs, dont un d’une façon semblant impossible au commun des mortels, pour égaliser à 15-15 au lieu du 30-0 promis à Koepfer. Après ça, le presque quarantenaire, maître de ses nerfs, n’a plus perdu qu’un seul point pour boucler l’affaire.

En huitièmes de finale, Roger Federer a désormais rendez-vous avec Matteo Berrettini. “Je ne vais pas commencer à penser à ça (son prochain tour) tout de suite”, a-t-il confié pour Amazon Prime. “Je vais profiter un peu, je me réjouis de retrouver mon équipe. Mais on ne va pas fêter ça, il y a un couvre-feu, non ? Donc pas de célébration ce soir. Allez, ciao !” Ciao, et à lundi ? Pas si sûr. En conférence de presse, l’Helvète a émis un doute quant à sa participation à son huitième de finale.

Maintenant j’ai besoin de décider si je continue à jouer ou non, si c’est un trop gros risque pour moi de continuer à pousser la machine ou si c’est juste le bon moment de me reposer.

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