11 juin 2012 : Le jour où Nadal a remporté Roland-Garros un lundi et a dépassé Borg

Le 11 juin 2012, Rafael Nadal, vainqueur de Novak Djokovic en finale de Roland-Garros un lundi, a remporté son 7e Grand Chelem parisien, dépassant ainsi Bjorn Borg des tablettes.

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Ce qu’il s’est passé ce jour-là et pourquoi c’est historique : Nadal dépasse Borg

Ce jour-là, le lundi 11 juin 2012, Rafael Nadal et Novak Djokovic terminent leur finale de Roland-Garros, qui avait été interrompue par la pluie la veille alors que l’Espagnol menait par deux sets à un (6-4, 6-3, 2-6, 1-2). Devant un nouveau public, Nadal domine Djokovic, 7-5 dans le quatrième set, pour remporter son septième Roland-Garros, battant ainsi le record de l’ère Open de Bjorn Borg et ses six titres.

Les acteurs : Rafael Nadal et Novak Djokovic

  • Rafael Nadal, déjà six Roland-Garros en poche

En juin 2012, Rafael Nadal n’a que 25 ans, mais ses exploits lui ont déjà garanti un chapitre dans les livres d’histoire du tennis. Ses statistiques sur terre battue sont incroyables. Presque invincible sur sa surface de prédilection, il a remporté Roland-Garros dès sa première participation (aux dépens de Mariano Puerta, 6-7, 6-3, 6-1, 7-5), et depuis, il a triomphé à cinq autres reprises à Paris, en 2006, 2007, 2008, 2010 et 2011, affichant 45 victoires pour seulement une défaite. En dehors de Robin Soderling, qui l’a éliminé en huitièmes de finale en 2009 (6-2, 6-7, 6-4, 7-6), personne n’a réussi prendre plus d’un set à Nadal à Roland-Garros. Il détient également un record de 81 victoires consécutives sur terre, surface sur laquelle il a remporté un total de 32 tournois.

Par ailleurs, suite à son deuxième succès en Grand Chelem, il a fait évoluer son jeu, le rendant plus agressif afin d’être plus à l’aise sur surfaces rapides. Vaincu par Roger Federer en finale de Wimbledon en 2006 et en 2007, il s’impose finalement au All England Club en 2008, venant à bout de son rival suisse à l’issue de l’un des plus beaux matches de tous les temps (6-4, 6-4, 6-7, 6-7, 9-7). Il devient numéro 1 mondial pour la première fois, mettant fin au règne de Federer, long de 237 semaines. En 2009, il gagne un premier tournoi du Grand Chelem sur dur, à l’Open d’Australie, où il se sort d’une demi-finale de cinq heures contre Fernando Verdasco (6-7, 6-4, 7-6, 6-7, 6-4) avant de batailler pendant cinq sets pour battre Federer en finale (7-5, 3-6, 7-6, 3-6, 6-2).

Les blessures le minent pendant les douze mois suivants, mais il revient plus fort que jamais en 2010, prenant sa revanche sur Soderling en finale de Roland-Garros (6-4, 6-2, 6-4) avant de remporter Wimbledon pour la deuxième fois, écartant en finale Tomas Berdych (6-3, 7-5, 6-4). En septembre 2010, il réalise le Grand Chelem en carrière en battant Novak Djokovic en finale de l’US Open (6-4, 5-7, 6-4, 6-2), et à ce moment-là, il semble parti pour dominer le tennis, mais en 2011, le Serbe augmente son niveau de jeu et devient le nouveau leader du circuit. Battu par Djokovic en finale à Indian Wells, Miami, Madrid, Rome, Wimbledon et l’US Open, l’Espagnol sauve sa saison en remportant un sixième titre à Roland-Garros, en battant une fois encore Federer en finale (7-5, 7-6, 5-7, 6-1). En finale de l’Open d’Australie 2012, Nadal est à nouveau dominé par Djokovic (5-7, 6-4, 6-2, 6-7, 7-5), et il semble alors vraiment que le Serbe ait pris l’ascendant sur lui.

Nadal Roland-Garros 2011
Nadal Roland-Garros 2011
  • Novak Djokovic, en quête d’un 6e Grand Chelem

Novak Djokovic est né en 1987. Il entre dans le top 100 en 2005, saison qu’il termine à la 83e place mondiale. En 2006, il fait parler de lui lorsque, classé 63e mondial, il atteint les quarts de finale de Roland-Garros après avoir éliminé le 9e mondial Fernando Gonzalez au deuxième tour. Sa carrière décolle en 2007 : il se hisse en demi-finales à Roland-Garros et à Wimbledon (arrêté à chaque fois par Rafael Nadal) avant de se tailler un chemin jusqu’en finale de l’US Open où il est vaincu par Roger Federer (7-6, 7-6, 6-4). Début 2008, il triomphe pour la première fois en Grand Chelem, à l’Open d’Australie, aux dépens de Jo-Wilfried Tsonga (4-6, 6-4, 6-3, 7-6).

Novak Djokovic and Jo-Wilfried Tsonga in Melbourne in 2008
Novak Djokovic and Jo-Wilfried Tsonga in Melbourne in 2008

Djokovic reste alors trois années durant à la troisième place, atteignant régulièrement les derniers tous des épreuves majeures où il bute sans cesse sur Federer et Nadal qui l’empêchent d’ajouter de nouveaux grands titres à son palmarès. Le vent tourne en 2011, lorsque Djokovic réalise une première moitié de saison presque parfaite. Après avoir triomphé à l’Open d’Australie au grand dam d’Andy Murray (6-4, 6-2, 6-3), il reste invaincu 42 matches durant, jusqu’à ce que Roger Federer le batte en demi-finale de Roland-Garros (7-6, 6-3, 3-6, 7-6). Le Serbe s’impose ensuite néanmoins à Wimbledon et à l’US Open, à chaque fois aux dépens de Nadal. Ayant remporté 10 tournois au cours de l’année, il réalise l’une des plus grandes saisons de l’histoire du tennis.

Début 2012, alors que les observateurs se demandent s’il sera capable de maintenir ce niveau de jeu, il remporte à l’Open d’Australie la plus longue finale de l’histoire du Grand Chelem, en battant Nadal après cinq heures et 53 minutes d’un match extraordinaire (5-7, 6-4, 6-2, 6-7, 7-5). Son objectif est désormais d’ajouter à son palmarès le dernier tournoi majeur qui lui échappe encore : Roland-Garros, royaume de son rival, Rafael Nadal.

Le lieu : Roland-Garros

L’histoire se déroule à Roland-Garros. Le stade, situé dans l’ouest parisien, à la lisière du bois de Boulogne, accueille les Internationaux de France depuis 1928. C’est le premier et désormais le seul tournoi du Grand Chelem disputé sur terre battue, la surface la plus lente, ce qui en fait le tournoi le plus difficile sur le plan physique. Depuis 2005, Rafael Nadal a remporté le tournoi à six reprises, égalant le record de Bjorn Borg, tandis que Novak Djokovic n’a encore jamais atteint la finale du dernier Grand Chelem manquant encore à son palmarès.

L’histoire : un lundi, Nadal s’empare du record de titres à Roland-Garros

Même lorsque l’on s’appelle Rafael Nadal, et que l’on a remporté six des sept dernières éditions du tournoi, chaque finale de Roland-Garros est spéciale. En 2012, le contexte est cependant exceptionnel. En cas de victoire, avec un septième titre, l’Espagnol battrait le record de Bjorn Borg, qui tient depuis 1981 et était longtemps considéré comme imbattable par la plupart des experts. De l’autre côté du filet se trouve celui qui est alors son plus grand rival, le numéro 1 mondial, Novak Djokovic, qui joue sa première finale de Roland-Garros et qui non seulement réaliserait le Grand Chelem en carrière en cas de victoire, mais deviendrait également le premier homme depuis Rod Laver à remporter quatre tournois majeurs consécutifs.

En 2011, le Serbe avait battu Nadal sept fois d’affilée et, surtout, il avait même réussi à le dominer deux fois sur ocre, à Madrid et à Rome. Mais en 2012, après avoir perdu contre Djokovic en finale de l’Open d’Australie, l’Espagnol a repris ses bonnes habitudes lors de la saison sur terre, terrassant par deux fois son rival, d’abord à Monte-Carlo (6-3, 6-1, puis à Rome (7-5, 6-3). À Roland-Garros, Nadal se taille un chemin vers la finale sans perdre un seul set (il inflige même à son ami Juan Monaco une cuisante défaite, 6-2, 6-0, 6-0, en huitièmes de fnale), tandis que le numéro un mondial a dû batailler cinq manches à deux reprises : en huitièmes de finale, contre Andreas Seppi (4-6, 6-7, 6-3, 7-5, 6-3), puis en quart de finale, où il a sauvé quatre balles de match contre Jo-Wilfried Tsonga (6-1, 5-7, 5-7, 7-6, 6-1). En un mot, cela faisait longtemps que Nadal n’avait pas été autant favori face à Nole.

Lorsque la finale commence, dimanche 10 juin, le sextuple vainqueur de Roland-Garros prend immédiatement les commandes du match et se détache bientôt 6-4, 5-3. Rien ne semble pouvoir l’empêcher de s’imposer sans encombre, jusqu’à ce que  la pluie s’invite et renvoie les joueurs au vestiaire pendant une demi-heure. Mais cette pause ne profite pas tout de suite à Djokovic, qui, à son retour sur le court, concède la deuxième manche (6-3), puis un break d’entrée dans le troisième set. Mais le numéro 1 mondial n’a pas pour autant l’intention de renoncer. Il sent bien que la bruine constante sous laquelle ils évoluent joue en sa faveur : sur cette terre battue lourde, avec des balles humides, le lift de Nadal ne fait plus aussi mal. Djokovic aligne six jeux consécutifs pour remporter le set, 6-2, tandis que l’Espagnol demande plusieurs fois aux officiels que l’on arrête de jouer. Le souhait de Nadal n’est entendu que vers 19 heures, pas avant qu’il ait déjà perdu son service dans le quatrième set. Le match est finalement interrompu à 2-1 pour Djokovic dans le quatrième set. La pluie continue et, pour la première fois depuis 1973, la finale masculine de Roland-Garros ne peut pas être terminée le dimanche.

Le lendemain, Nadal et Djokovic reviennent sur le court devant un public tout neuf – pour éviter que la finale de Roland-Garros ne se joue devant des tribunes vides, les organisateurs avaient décidé de laisser entrer gratuitement les licenciés de la Fédération Française de Tennis. L’Espagnol revient plus fort que jamais, reprenant le jeu à son compte pour remporter son septième titre à Roland-Garros, 7-5. Détenant désormais le record du nombre de titres remportés à Paris, Nadal, lorsqu’on lui demande s’il se considère comme le plus grand joueur de tous les temps sur terre battue, répond malgré tout qu’il ne sait pas :  « Je ne suis pas le mieux placé pour le dire ».

La postérité du moment : Nadal et Djokovic en pleine course au record de Grands Chelems

Bien qu’à l’époque, l’exploit réalisé par Nadal était déjà incroyable, l’Espagnol remportera encore sept fois Roland-Garros, accumulant ainsi 14 Coupes des Mousquetaires.

Novak Djokovic finira par réussir le Grand Chelem en carrière tout en remportant quatre titres majeurs à la suite, à Roland-Garros 2016, en battant Andy Murray en finale (3-6, 6-1, 6-2, 6-4).

Au cours des années suivantes, ils s’affronteront tellement de fois (59) que certains considèrent leur rivalité comme la plus grande de tous les temps, Djokovic détenant une avance de 30-29.

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