Monfils : Le survivant des night sessions
Gaël Monfils a encore régalé le public parisien lors d’une de ces soirées qu’il affectionne tant. Blessé, malmené, transcendé, le Français a renversé la nuit et l’adversité avec ce panache qui fait de lui une figure unique du tournoi.

Il y a chez Gaël Monfils une manière bien à lui d’écrire l’histoire. Pas toujours celle qui s’imprime sur des trophées, mais celle qui reste gravée dans les mémoires des spectateurs. Mardi soir, sur le court Philippe-Chatrier, le Parisien a encore offert à Roland-Garros l’un de ces moments suspendus, où le corps vacille mais l’âme s’élève. Mené deux sets à rien, il a renversé le Bolivien Hugo Dellien pour s’imposer en cinq manches (4-6, 3-6, 6-1, 7-6, 6-1).Une nouvelle fois, c’était la night session, son théâtre préféré, et il y a brillé comme rarement.
Dès le premier jeu, la soirée a failli basculer du mauvais côté. Une glissade, une chute, puis ce constat brutal : « Je me suis coupé les mains… Mon genou a frappé le sol, le béton, j’ai fait un faux mouvement dans le dos, c’était vraiment douloureux. » Pendant quelques minutes, tout semble flou. Gaël est au sol, son visage marqué. Le public retient son souffle.

Mais peu à peu, il revient. Lente remontée vers une normalité douloureuse. « Il a fallu un processus pour relâcher mon corps pour me sentir bien. Ça a pris du temps, mais j’ai pu y aller et à nouveau jouer. »
Ce n’est pas tant la douleur physique que le poids du temps qui semble peser sur Monfils. À bientôt 38 ans, chaque match est un sursis. Et il le sait. « La vraie pression, c’est qu’il ne me reste plus beaucoup de Roland-Garros », confesse-t-il avec lucidité. Cette phrase résonne comme une prière pour l’instant présent. Tant qu’il peut encore courir, frapper, se relever, il joue. Il vit.
Et pourtant, tout avait bien débuté. « J’ai bien commencé le match. Tactiquement j’étais bien, je jouais bien. J’étais un peu déçu quand je suis tombé. » La frustration transparaît. Mais chez Monfils, elle ne se transforme jamais en résignation.
J’adore la night session. Et au prochain match, j’espère être encore en night session
Dans une ambiance de feu, il s’accroche, lâche ses coups, et fait basculer le momentum. Tie-break du quatrième set, explosion collective, et cette capacité intacte à transformer l’adversité en spectacle. Une énergie magique qu’il n’explique pas, mais qu’il accueille. Ce n’est pas du hasard, c’est du Monfils.
Malgré tout, la douleur reste présente. Il ne s’en cache pas. « Pour l’instant, j’ai super mal aux mains. Je ne suis pas trop inquiet. J’ai pu jouer et bien me déplacer. Mais mon programme ne change pas. » Et demain ? Demain, il verra.
Il y a quelque chose d’instinctif entre Monfils et les night sessions. Il y brille comme nulle part ailleurs. C’est son terrain, son ambiance, son public. Il le sait, et il l’assume. « J’adore la night session. Et au prochain match, j’espère être encore en night session. Ça va dépendre de comment je vais me réveiller demain, mais je suis prêt à assumer un combat. »



