Pour bien figurer à Roland-Garros, Nadal doit retrouver son efficacité défensive

Des données fournies par TennisViz montrent que Rafael Nadal a été beaucoup moins efficace lors des situations défensives à Rome par rapport à ses titres en 2019 et 2021.

Rafael Nadal, Rome 2024 Rafael Nadal, Rome 2024 (Inside / Pa,oramic)

Jadis, au temps de ses premières prouesses sur le circuit, Rafael Nadal donnait l’impression d’être sorti d’un jeu vidéo. En cheat mode tant il enchaînait les défenses “extra-terriennes”, en ramenant des balles sur lesquelles la plupart des autres joueurs n’auraient même pas pris la peine de démarrer.

En revisionnant sur YouTube, dans un élan de nostalgie, le résumé de sa finale de Rome 2005 contre Guillermo Coria, il a fallu regarder si la vitesse de lecture n’était sur pas “x1,5”. Voire “x2”. Remarque également valable pour l’Argentin et ses gambettes capables de mouliner jusqu’à produire autant d’énergie qu’un champ d’éoliennes.

Mais, les blessures s’accumulant, l’âge avançant, l’Espagnol aux 22 titres du Grand Chelem a perdu en rapidité. À vu d’œil. Nul besoin de vérifier désormais, la vidéo est bien sur “x1”. “Il y a des choses qu’il fait moins bien qu’avant mais c’est à cause des blessures”, a déclaré Stan Wawrinka, pour l’AFP, en faisant référence à la mobilité du Majorquin avec qui il s’est entraîné cette semaine. Un constat déjà fait par plusieurs joueurs pas le passé, comme Marin Čilić à l’occasion d’une conférence de presse en amont du Masters 1000 de Monte-Carlo en 2019.

Moins rapide qu’avant, Nadal avait compensé avec son “œil”

“Maintenant, Rafael court un peu moins”, avait également analysé Toni Nadal, interrogé par le magazine Courts l’an passé. Des cannes moins fringantes qui ne l’ont pas empêché de continuer à être l’un des meilleurs défenseurs de la planète. Notamment grâce à sa lecture du jeu et son sens de l’anticipation.

“Je dirais que (Stéfanos) Tsitsipás a été celui contre qui ça (l’amortie) a le mieux fonctionné”, avait expliqué Carlos Alcaraz en 2023, en répondant à une question de Tennis TV au sujet de l’un de ses coups favoris. “En revanche, contre Rafa, et aussi (Novak) Djokovic, ça a été compliqué de les surprendre. Je crois qu’ils le voient quand je vais faire une amortie, avant même que je tape. Ils sont toujours dessus.”

Mais, avec le manque de compétition, et le fait de ne plus être autant habitué à la vitesse de balle du plus haut niveau, Nadal a sans doute perdu un peu de ce qu’on appelle “l’œil”. Et il n’a pas encore retrouvé toute sa plénitude dans ce domaine.

Des statistiques défensives en chute libre à Rome par rapport à 2019 et 2021…

Combinez à cela des performances physiques encore loin d’être optimales, et vous obtenez une défense plus proche du muret et que de la muraille. C’est ce qu’on montré les données fournies par TennisViz à propos des performances défensives du gaucher des Baléares à Rome, en comparant ses deux matchs de 2024 à ceux de ses titres en 2019 et 2021.

  • “Steal score” indique le pourcentage de points gagnés par le Majorquin après avoir été en situation défensive
  • Defensive in” indique la pourcentage de coups défensifs remis en jeu
  • Phase up from defence” indique le pourcentage de coups joués en position défensive qui ont permis de revenir en situation neutre ou à l’avantage de Nadal
  • Winning play from defence” indique le pourcentage de coups en phase défensive qui ont permis à Nadal de créer une attaque ou mieux

Dans tous les secteurs, le Nadal romain de 2024 est nettement en-dessous de celui des années 2019 et 2021. En ce qui concerne sa le nombre d’échanges glanés après avoir été en position défensive, il est passé sous les 40 %, en perdant 8 % par rapport à 2021 et 12 % par rapport à 2019. Sur tous les autres plans excepté le “winning play from defence %” en comparaison de 2021 – 8,6 % en moins – il a chuté de plus de 10 %.

…Mais depuis son arrivée à Paris, Nadal ne SE sent plus gêné dans ses déplacements

Or, sur terre battue encore plus que sur toute autre surface, la capacité à bien défendre est une des qualités primordiales. 14 fois vainqueur à Roland-Garros, Rafael Nadal le sait mieux que personne. Mais, malgré ses limites actuelles et avant de défier Alexander Zverev au premier tour lundi, il n’a pas perdu toutes ses ambitions.

“Si, au fond de mon cœur, je n’avais aucun espoir d’avoir du succès et de réussir quelque chose de beau cette année, je ne serais pas devant vous (les journalistes)”, a-t-il répondu en conférence de presse.” J’ai la motivation et un petit – mais au moins j’en ai un – espoir de bien jouer.”

Aussi parce qu’il s’est senti capable, à l’entraînement cette semaine, “de pouvoir courir, des deux côtés, sans les limitations ressenties à Rome.” De quoi pouvoir rêver, dans un coin de sa tête, à une 15e couronne parisienne. Le type de record qu’on ne croyait possible que dans les jeux vidéos. Et en faisant des codes.

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