La grogne monte à Bercy après une nouvelle soirée (trop) tardive suivie du forfait de Sinner

Le forfait de Jannik Sinner, programmé en journée ce jeudi en huitième de finale après avoir fini la veille à 2h37 du matin, est peut-être la goutte d’eau qui fait déborder le vase : il est sans doute temps de prendre à bras le corps le sujet des matches beaucoup trop tardifs au tennis.

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Le sujet des matches beaucoup trop tardifs au tennis ne date pas vraiment d’aujourd’hui. Surtout à Bercy, où un duel entre Cameron Norrie et Corentin Moutet s’était achevé à 3h04 du matin l’an dernier (un record à Paris). Mais cette année, la répétition des nocturnes particulièrement avancées commence à faire sérieusement monter la grogne. Dans la nuit de lundi à mardi, il était 2h22 lorsque Dominic Thiem a fini par battre Stan Wawrinka. La nuit dernière, Jannik Sinner a fait mieux (ou pire…) en concluant sa partie à 2h37 du matin face à MacKenzie McDonald. Tout cela pour être reprogrammé… en journée ce jeudi, un enchaînement titanesque qui a fini par le pousser au forfait.

Quand on enchaîne ainsi les horaires ubuesques, on ne peut plus évoquer la thèse de l’accident. C’est presque inévitable au regard de la programmation qui prévoit un total de six matches – quatre en journée, deux en soirée – sur le court central à partir de 11h. Le tout sur un court assez lent qui favorise les longs rallyes et les longs matches, comme l’a fait remarquer Alexander Zverev après son succès en 3h29 face à Ugo Humbert, mercredi. Un marathon qui a fait suite à celui remporté en plus de 3h par Grigor Dimitrov face à Daniil Medvedev, en début de journée.

Avec tout ça, il était 22h30 passé lorsqu’a débuté la session de soirée mercredi, soit plus de trois heures de retard sur l’horaire théorique. Pendant ce temps, des milliers de personnes ont attendu dans le froid, aux abords de l’Accor Hôtel Arena, “parqués comme du bétail” pour honorer un billet parfois payé à prix d’or. Comment ne pas comprendre leur grogne face à cette situation pour le moins incompréhensible, pour ne pas dire scandaleuse ?

Les matches aussi tardifs ne sont bons pour personne : ni pour les joueurs, ni pour le public et encore moins pour la promotion d’un sport qui cherche aujourd’hui à élargir sa base de fans et à se faire connaître d’un nouveau public. Pas bon non plus pour les medias et tout ceux qui travaillent pour le tournoi, accessoirement.

Le cas extrême de Sinner, sorte de goutte d’eau qui a fait déborder le vase, a d’ailleurs suscité de nombreuses réactions. Celle de son entraîneur, Darren Cahill, mais aussi celle de ses pairs, à l’image de Casper Ruud qui a exprimé son mécontentement sur twitter, appuyé d’ailleurs par Stan Wawrinka.

On l’a dit, ce n’est pas la première fois que les nuits parisiennes franchissent les limites du raisonnable. L’an dernier, après le Norrie-Moutet, Cédric Pioline, le directeur du tournoi, avait pris la parole pour reconnaître que cette situation n’était pas idéale. Sans que rien ne change cette année, bien au contraire. Et ce n’est pas propre à Bercy : en début d’année, à l’Open d’Australie, Andy Murray avait remporté un match à 4h du matin allègrement sonné face à Thanasi Kokkinakis, ce qui avait sérieusement compromis son temps de récupération.

Que dit le “rulebook” de l’ATP ?

Il y a, pourtant, des directives inscrites dans le “Rulebook” de l’ATP à propos de matches tardifs. En page 86, on peut ainsi lire : “Il n’est pas recommandé de débuter un match après minuit (et à éviter après 1h du matin). Le superviseur de l’ATP se réserve la possibilité d’annuler un match après examen de l’impact sur le tournoi et sur les joueurs. Si le report n’est pas possible, il faut aller envisager de déplacer le match sur un autre terrain.”

Sauf qu’à Bercy, deux problèmes se posent : comment expliquer aux spectateurs d’une session de soirée, qui ont payé pour deux matches, qu’ils n’en verront finalement qu’un, sans procédure de remboursement même partiel ? Et comment déplacer un joueur du top 5 sur un court annexe qui, à Bercy, répond tout juste au cahier des charges d’un Masters 1 000 ? Cornélien, certes. Mais il semble évident, désormais, que des mesures s’imposent.

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