La maîtrise de Sinner, le naufrage de Medvedev : comment le choc de Miami a basculé dans le one man show

Parfait dans tous les secteurs du jeu et notamment en retour, Jannik Sinner a littéralement étouffé un Daniil Medevedev qui a pour sa part fait naufrage (6-1, 6-2 en 1h09), ce vendredi soir en demi-finale de Miami. Analyse d’un one man show.

Jannik Sinner Miami 2024 poing serré © Julien Nouet / Tennis Majors

6-1, 6-2 en 1h09. Pour la onzième confrontation entre Daniil Medvedev et Jannik Sinner, et notamment au vu du monument qu’ils nous avaient proposé en finale de l’Open d’Australie cette année, on s’attendait, avouons-le, à un match légèrement plus serré ce vendredi. L’Italien l’a en réalité totalement survolé, infligeant au Russe une cinquième défaite consécutive – ce que personne d’autre n’avait réussi sur le circuit – et se qualifiant pour sa troisième finale à Miami.

Sinner, rappelons-le, avait perdu les deux premières, en 2021 contre Hubert Hurkacz et en 2023 contre ce même Medvedev. Il a, depuis, pris une tout autre stature en remportant à Toronto, l’an dernier, son premier Masters 1 000 puis son premier Grand Chelem en début d’année à Melbourne. Et partira donc à minima en positon de (léger) favori) dimanche, que ce soit contre Alexander Zverev ou Grigor Dimitrov, qui s’affronteront ce soir (à partir de minuit) dans la deuxième demi-finale.

On y espère plus d’émotions et de spectacle que pour cette demi-finale dont le résumé sera vite fait : Sinner, sans même véritablement donner l’impression de surjouer ou de livrer une symphonie à la Dimitrov hier face à Alcaraz, a été juste impeccable, tandis que Medvedev, lui, a plongé dans des proportions un peu inquiétantes : c’est sa pire défaite depuis la finale de Montreal en 2019 contre Rafael Nadal (6-3, 6-0). Et il devra sérieusement se pencher sur les raisons de ce naufrage avec ses coaches.

Daniil Medvedev Miami 2024
© Julien Nouet / Tennis Majors

Le Russe n’a pas été aidé, il est vrai, par un début de match qui aurait pu être plus serré mais qui s’est mal goupillé pour lui, avec un break concédé d’entrée et deux balles de débreak immédiatement ratées, dont une d’une attaque de coup droit assez facile mais manquée, symbole d’un coup particulièrement défaillant chez lui ce soir.

Medvedev avait probablement en tête la masterclass offensive livrée face à ce même adversaire pendant les deux premiers sets de la finale de l’Open d’Australie. Et il avait probablement envie de rééditer la même, mais il n’en avait juste pas les moyens ce soir. Un peu lent, très imprécis, plombé par un taux de déchet improbable chez lui, il était en plus neutralisé sur son service par un Sinner exceptionnel en retour, peut-être le secteur du jeu dans lequel le Transalpin aura été le plus performant.

si jannik continue comme ça, ça va être compliqué pour pas mal de monde.”

Daniil Medvedev

“Mon plan était de jouer agressif, comme an Australie, mais c’est toujours risqué car mon jeu naturel est plutôt celui d’un contreur. Mon problème ce soir n’était pas la tactique, mais son exécution. La marge est étroite, surtout contre un joueur dans la forme de Jannik”, a confirmé Daniil en conférence de presse. “On sait qu’il est capable de jouer comme ça parfois et quand c’est le cas, c’est difficile de l’affronter. Il ne rate pas grand chose, il fait beaucoup de points gagnants, il sert dix fois mieux qu’avant… La prochaine fois, j’essaierai de nouveaux trucs. Mais s’il continue comme ça, ça va être compliqué pour pas mal de monde.”

N’empêche que Medvedev, passé son début de partie mal emmanché, a quand même coulé à pic, encaissant notamment une série de 10 points d’affilée à cheval entre le premier et le deuxième set. Après avoir, comme au premier set, raté une balle de débreak à 2-0, il aurait pu encaisser un tarif plus sévère encore puisqu’il a été mené 6-1, 5-1, 40-40.

Un léger sursaut lui a alors permis d’alléger un peu la note. Mais pas vraiment de gommer l’impression générale de désastre. Et encore moins de pouvoir rêver de remporter, enfin, un même tournoi au moins deux fois, et un premier titre depuis Rome l’an dernier. Medvedev reste pour l’instant scotché à cette position paradoxale et un brin énervante du joueur toujours placé, mais rarement gagnant.

Ce n’est plus du tout le cas de Jannik Sinner qui, plus jeune joueur à atteindre le cap des trois finales à Miami, tentera dimanche de parachever encore un peu plus sa domination sur ce premier trimestre 2024. “C’est ma troisième finale à Miami, c’est déjà super mais j’espère, cette fois, soulever le trophée”, a-t-il déclaré pour sa part. “La première fois, je n’avais pas pu dormir de la nuit tellement j’étais stressé. La deuxième, j’étais déjà plus relax. Cette fois, je suis un joueur différent et j’espère l’aborder encore mieux.”

Ce dont on ne doute pas, d’autant qu’il y aura pour lui une petite carotte supplémentaire, s’il en avait besoin : un titre lui permettrait de chiper la deuxième place mondiale à son rival et ami, Carlos Alcaraz. Et de prendre date, à moyen voire court terme, pour une place de numéro 1 qui, avec les errements actuels de Novak Djokovic, se rapproche mine de rien de plus en plus.

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