« Faire une Gaël » : Monfils, le goût du combat et du panache

À 38 ans, Gaël Monfils continue d’écrire sa propre légende. Opposé à Ugo Humbert, tête de série n°18 et n°2 français, il a renversé la logique et le match en cinq sets. Comme l’an dernier contre Mannarino, le Parisien s’offre un compatriote spécialiste du gazon dès le premier tour.

Gaël Monfils Wimbledon 2025 Gaël Monfils Wimbledon 2025 | © Action Plus / PsNewz

Gaël Monfils a encore frappé. Comme un clin d’œil à l’an dernier, le Français a une nouvelle fois renversé un compatriote tête de série au premier tour de Wimbledon. En 2024, c’était Adrian Mannarino, alors 22e mondial. Cette année, c’est Ugo Humbert, 20e mondial et numéro deux français, qui a chuté face à l’éternel showman. Score final : 6-4, 3-6, 6-7 [5], 7-5, 6-2. Une victoire de prestige, au goût très personnel pour Monfils : « J’en chie, mais je veux gagner… D’arriver encore à les challenger, ça me fait kiffer. »

À 38 ans, le Parisien ne cesse de défier le temps. Classé 48e mondial, il a montré qu’il avait encore les jambes et la rage pour faire tomber les meilleurs, même sur un gazon qu’il n’a jamais vraiment apprivoisé. « J’apprécie le gazon, mais je ne suis pas forcément performant dessus. » Il a détaillé son ressenti avec plus de précision : « Le gazon est devenu plus lent qu’au début de ma carrière, c’est évident. Mais c’est un peu paradoxal : les échanges sont globalement lents si on s’installe dans le rallye, mais dès qu’on est en déséquilibre, pris à contre-pied ou sur des angles courts croisés, la balle peut partir très vite. C’est donc un mélange assez étrange. Et puis, maintenant, il y a beaucoup plus de breaks qu’avant. À l’époque, breaker sur gazon, c’était quasiment impossible. »

Ça fait 21 ans que je fais la même chose et des matchs au premier tour comme ça, j’en ai gagné beaucoup

Comme souvent, c’est le style et l’attitude de Monfils qui marquent les esprits. S’il plonge un peu moins qu’avant, « faire une Gaël » n’a rien perdu de sa pertinence : c’est désormais une affaire de scénarios et de momentum. Le Français a cette capacité à créer l’étincelle dans les moments clés, à basculer un match par une série de points spectaculaires ou une réaction d’orgueil parfaitement dosée. Ce sens du timing, allié à son style toujours atypique, continue d’électriser les courts. « Moi, je sais pas trop ce qu’ils ont dans leur tête. Tout ce que je sais, c’est que moi j’en chie et je veux gagner. […] C’est cool d’être un mythe. » Et puis il y a la gestion des moments clés, la capacité à rebondir après la perte du troisième set et sa manière de montrer sa fatigue peut être plus qu’il ne l’est réellement. « Ça fait 21 ans que je fais la même chose. J’ai pas gagné de Grand Chelem mais des matchs au premier tour comme ça, j’en ai gagné beaucoup. »

Le regard tourné vers son prochain match contre Marton Fucsovics, Monfils sourit. Le Hongrois, lucky loser et joueur dangereux sur gazon, a croisé la route de Gaël cette semaine à l’entraînement. « Il m’a dit ‘j’espère qu’on gagnera tous les deux pour se jouer sur gazon, et on s’est dit à jeudi. »

Au-delà du match, Monfils a aussi évoqué le climat difficile sur le circuit, notamment les messages hostiles reçus par certains joueurs de la part de parieurs. Une pression qu’il dit savoir gérer : « Honnêtement, je m’en fiche. Si ils veulent me critiquer sur les réseaux, qu’il le fasse, c’est bon pour l’algorithme… J’ai toujours su le prendre avec humour. »

Mais derrière l’humour, il y a aussi la lucidité d’un homme qui mesure le chemin parcouru : « Il faut toujours se challenger, se remettre en question sur pourquoi je fais ça encore. Sur la fin de carrière, des matchs de 4h sur gazon… c’est pénible. Je suis rincé comme si je jouais à Roland. »

Et pourtant, il est toujours là. Prêt à rejouer jeudi, à nouveau prêt à « faire une Gaël ».

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