Mirra Andreeva, 16 ans : “Après Roland-Garros, j’ai eu une longue discussion avec moi-même”

Après sa qualification pour les huitièmes de finale de Wimbledon, Mirra Andreeva a expliqué comment elle a réagi suite à sa défaite au troisième tour de Roland-Garros.

Mirra Andreeva, Wimbledon 2023 Mirra Andreeva, pendant sa victoire contre Anastasia Potapova à Wimbledon en 2023 (Action Plus / Panoramic)

Mirra en met plein les mirettes. À 16 ans, la plus jeune des deux sœurs Andreeva s’est qualifiée pour son premier huitième de finale en Grand Chelem. Grâce à sa victoire 6-2, 7-5 sur le gazon de Wimbledon ce dimanche. Contre une Anastasia Potapova, tête de série numéro 22, face à qui elle s’était inclinée à Monastir en octobre 2022 pour ses débuts sur le circuit principal.

Une performance encore plus impressionnante quand on sait que, n’ayant jamais participé au tournoi juniors au All England Club, elle a découvert le tennis sur herbe lors des qualifications du Majeur londonien. Désormais, la voilà à six victoires en autant de matchs sur cette surface.

Quand j’ai joué mon premier match de qualifications (à Wimbledon), je n’avais pas vraiment d’attente. C’était mon premier match sur gazon.

Mirra Andreeva

“Je n’ai pas pensé à ça (le fait de n’avoir jamais joué sur gazon)”, a-t-elle confié en conférence de presse après sa victoire au troisième tour du tableau principal. “Quand j’ai joué mon premier match des qualifications, je n’avais pas vraiment d’attentes, c’était mon premier match sur cette surface. J’ai juste essayé de tout donner.”

“Depuis, j’ai trouvé mon rythme”, a-t-elle continué. “Maintenant, ça se passe plutôt bien. Je dis toujours que c’est un jeu. Et le jeu décidera de qui gagnera le match.”

Depuis fin avril et sa révélation à Madrid, Andreeva épate sur le circuit principal

Depuis ses premiers pas sur le circuit principal sept mois plus tôt, Mirra Andreeva a joué 11 matchs à ce niveau. Bilan : 8 victoires, 3 défaites. En se révélant à la face du monde à Madrid, fin avril. Pour son deuxième tournoi à cet échelon, elle a remporté ses premiers succès. Alors qu’elle n’avait pas encore 16 printemps.

Tombeuse d’une top 50 (Leylah Fernandez, 49e), puis d’une top 15 (Beatriz Haddad Maia, 14e), elle a ensuite soufflé une top 20 (Magda Linette, 19e) en même temps que ses 16 bougies. Avant de voir son épopée prendre fin en huitième de finale contre la numéro 2 mondiale, Aryna Sabalenka.

Après Roland-Garros, j’ai eu une longue discussion avec moi-même.

Mirra Andreeva

Puis, à Roland-Garros, issue des qualifications, elle a disputé son premier tableau final en Grand Chelem. Après avoir écarté Alison Riske-Amritraj et Diane Parry, elle s’est arrêtée au troisième tour en donnant du fil à retordre, le temps d’un set, à Cori Gauf, 6e mondiale et finaliste sortante. Une défaite 6-7⁵, 6-1, 6-1 2h03 après laquelle elle s’est livrée à une remise en question.

“Après Paris, j’ai eu une longue discussion avec moi-même, dans ma tête”, a-t-elle confiée en conférence de presse à Londres dimanche. “Je me suis rendu compte de certaines choses. J’ai pris certaines décisions qui, je pense, ont été importantes afin de décider de ce que je devais faire pour la suite. Je crois que j’ai fait du bon boulot, puisque ça se passe plutôt bien depuis.”

Plus “adulte” sur le court

Des décisions concernant quels domaines ? “Tous, le mental, le tennis…”, a-t-elle répondu. “Comment prendre la bonne décision au bon moment sur le court, que faire si je perds 5-1, 0-40, par exemple. (…) Tennistiquement, j’ai beaucoup changé depuis Roland-Garros. J’avais déjà commencé ce travail après l’Open d’Australie (junior). Oui, je pense davantage comme une adulte sur le terrain. Mais en dehors, je suis toujours une ado, parfois gamine, qui se plaint beaucoup (sourire).”

Et, concernant le mental, elle s’inspire des meilleurs. “J’admire Federer, il a toujours était mon joueur préféré”, a-t-elle révélé. “Mais quand Nadal a gagné l’Open d’Australie et Roland-Garros en 2022, après son retour de blessure, j’ai été très impressionnée. Depuis, je peux dire que j’essaie un peu de le copier mentalement.”

Sur le terrain, j’essaie juste de me dire : ‘Qu’est-ce que Nadal ferait à ma place ?’

Mirra Andreeva

“Sur le terrain, dans certaines situations, j’essaie juste de me dire : ‘Qu’est-ce qu’il (Rafael Nadal) ferait à ma place ?’, a ajouté la native de Krasnoïarsk, en Sibérie. “Parfois, oui, je peux dire que je cherche à le copier.” En se battant corps et âme, sur chaque point, comme si sa vie en dépendait.

Battue en finale de l’Open d’Australie juniors par sa compatriote Alina Korneeva en début d’année – une défaite 6-7⁷, 6-4, 7-5 difficile à avaler, ayant fait couler les larmes sur son visage juvénile -, Andreeva n’a cessé de progresser depuis. 312e du classement WTA début avril, elle est désormais 102e et assurée, au minimum, d’atteindre le 64e rang après Wimbledon. Le tout en s’appuyant sur une science tactique hors du commun pour son âge.

Justesse tactique

Dotée d’une large palette de coups pour dessiner ses points, se muant en mur lorsqu’il s’agit de défendre et contrer, capable, bien que n’étant pas la plus puissante, de dicter l’échange en s’appuyant sur une prise de balle précoce, la protégée de Jean-René Lisnard épastrouille les observateurs.

À tel point qu’un journaliste lui a demandé si elle se sentait capable, comme Emma Raducanu, de gagner, très jeune, un Majeur en sortant des qualifications. Bien que la Britannique avait deux ans de plus que la Russe au moment du conte de fée de l’US Open 2021.

Ce qu’elle (Emma Raducanu) a fait en 2021 était incroyable, mais je ne pense pas au titre, ça me perturberait.

Mirra Andreeva

“Ce qu’elle (Emma Raducanu) a fait était incroyable”, a répondu Andreeva. “Tout le monde était impressionné. Mais je ne pense pas à ça (gagner le titre), ça me perturberait plus qu’autre chose. J’essaie juste de jouer chaque match sans penser à quel tour j’en suis, ou quelle adversaire j’affronte, en ne changeant rien mentalement et tennistiquement. J’essaie juste de me concentrer sur chaque point, en jouant mon jeu.”

Pour une place en quart de finale, Mirra Andreeva doit affronter, lundi, la puissance de Madison Keys, tête de série numéro 25 et finaliste de l’US Open 2017. Un duel qui devrait attirer quelques regards. Des regards qui devraient continuer à la suivre dans les mois à venir. Par épisodes ; le règlement WTA limitant les joueuses à 12 tournois professionnels au cours de leur 16e année.

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