Sa défaite face à Djokovic est peut-être un mal pour un bien : Van Assche a encore repoussé les limites de sa progression

Luca Van Assche a failli causer une gigantesque sensation ce mercredi face à Novak Djokovic à Banja Luka. Il a finalement perdu mais sa défaite est peut-être un mal pour un bien…

Luca Van Assche Monte Carlo 2023 ©Chryslène Caillaud / Panoramic Luca Van Assche Monte Carlo 2023 © Chryslène Caillaud / Panoramic

A quelques jeux près, Luca Van Assche aurait pu changer définitivement de statut ce mercredi. De grand espoir du tennis français, il aurait pu devenir un sujet de discussion majeure du tennis international s’il avait battu Novak Djokovic comme il n’est passé si loin de le faire aujourd’hui à Banja Luka (ATP 250, terre battue), où il a pris le premier set au numéro 1 mondial puis compté un break d’avance au troisième avant de s’incliner finalement en trois sets, 6-7(4), 6-3, 6-2 en 2h38 d’un marathon lors duquel le Serbe a dû vraiment sortir le bleu de chauffe pour le ramener à la raison.

Causer un tel séisme dans une ville “homonyme” de son prénom aurait eu de la gueule pour Luca. Cela aurait surtout marqué les esprit. A même pas 20 ans (il les aura le 11 mai), le jeune Français serait devenu le deuxième plus jeune Tricolore à battre un numéro 1 mondial en exercice, après Richard Gasquet qui avait peu ou prou le même âge lorsqu’il a terrassé Roger Federer à Monte-Carlo en 2005 lors d’un match qui a grandement marqué la carrière du Biterrois, en positif bien sûr mais aussi en négatif à certains égards.

Gasquet n’a d’ailleurs plus jamais battu un numéro 1 mondial ensuite, et peut-être plus jamais non plus retrouvé le relâchement qu’il avait ce jour-là. Quand on sait la tonne de pression qui lui est tombée dessus après ce mémorable succès, c’est à se demander si, pour garder la légèreté qui accompagne son ascension actuelle sur le circuit, ce n’est pas préférable que Van Assche ait finalement perdu ce match contre Djokovic. On plaisante, bien sûr. Quoi que.

J’ai beaucoup de respect pour lui mais je ne voulais surtout pas entrer dans le match en le prenant pour un Dieu vivant.

Luca Van Assche, à L’Equipe

Victoire ou défaite, l’intéressé, lui, a en tout cas impressionné par la maturité émotionnelle dont il a fait preuve dans ce match qu’il a joué crânement, sans complexe et en donnant l’impression finalement de jouer un match comme un autre. Ce qui n’est pas tout à fait vrai, si l’on en croit ses propos rapportés par L’Equipe : “Il y a eu tout de même une approche différente. Je ne peux pas dire que jouer Novak Djokovic, je le prépare de la même manière qu’un premier tour en Challenger ! Mais je ne voulais surtout pas être spectateur du match. J’ai beaucoup de respect pour lui mais je ne voulais surtout pas entrer dans le match en le prenant pour un Dieu vivant. Je voulais entrer en sachant que j’avais mes chances”, a ainsi déclaré l’ancien vainqueur de Roland-Garros juniors.

L’état d’esprit dont il faisait preuve après sa défaite semblait finalement tout aussi positif que celui démontré sur le terrain : de la déception, ce qui est bon signe, mais aussi la ferme intention de tirer la substantifique moelle d’une défaite que l’on peut malgré tout classer au rayon des défaites positives. “Forcément, il y a de la déception d’avoir perdu, mais sentir que je pouvais rivaliser, cela donne beaucoup de confiance”, a déclaré par ailleurs le désormais 87e joueur mondial, qui disait n’avoir pas spécialement de regrets sur l’ensemble de partie. “Jouer le numéro 1 mondial, devant son public, cela restera une grande expérience qui peut m’apporter beaucoup de choses. Et cela montre que je suis sur le bon chemin.”

A la naissance de Van Assche, Djokovic était déjà professionnel

Un chemin qu’il va donc pouvoir poursuivre relativement tranquillement pour l’instant, sans avoir la lumière des spotlights trop aveuglément tournée vers lui, ce qui n’est pas forcément une mauvaise nouvelle. Comme il semble être du genre à voir le verre à moitié plein en toutes circonstances, Luca Van Assche saura sans doute s’en satisfaire. D’autant que ce match contre Djokovic, précédé ne l’oublions pas d’une deuxième victoire sur le circuit principal face à Stan Wawrinka, lui a aussi donné de vraies pistes de travail en lui montrant ce qui le séparait encore du gotha.

Car si Novak Djokovic n’a certes pas livré la meilleure version de lui-même, gêné par l’extrême lourdeur des conditions et peut-être encore préoccupé par l’état de son coude droit (qui a toutefois bien semblé tenir le choc ce mercredi), il a, à bientôt 36 ans, fini plus fort physiquement qu’un adversaire qui n’était pas encore né lorsqu’il a débuté sa carrière professionnelle.

Obligé pour sa part de compenser son manque (relatif) de puissance par son goût de l’effort, son intelligence de jeu, son œil exceptionnel et sa vivacité, Luca Van Assche n’a pas la force de frappe d’un Arthur Fils, l’autre pépite française du “cru 2004”. Mais c’est comme ça depuis son plus jeune âge. C’était déjà le cas en 2018 lorsqu’il avait décroché, à Rueil-Malmaison, le titre de champion de France des 13-14 ans en créant une petite surprise face au déjà très puissant Sean Cuenin, alors épouvantail de la catégorie.

Finalement, ça ne l’a jamais empêché de gagner et de franchir les étapes à une vitesse folle. Jusqu’où ? Nul ne le sait mais à défaut d’avoir causé une gigantesque sensation, Luca Van Assche a peut-être prouvé pour de bon aujourd’hui que, lui non, plus n’avait pas de limites.


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