L’idée de Taro Daniel pour que 800 joueurs vivent du tennis avec 100.000$ par an
Passé par tous les états financiers, Taro Daniel propose d’étendre à tout joueur classé jusqu’au 300ᵉ rang une allocation annuelle de 100 000 $, financée non seulement par l’ATP, mais aussi par les revenus colossaux des Grands Chelems.

Alors que les inégalités de revenus sur le circuit professionnel nourrissent le débat depuis plusieurs années, Taro Daniel propose une solution radicale pour permettre à des centaines de joueurs de vivre dignement de leur sport :
« Pour chaque joueur jusqu’au 300ᵉ ou 400ᵉ rang, je propose une allocation de 100 000 $ par an, financée à hauteur de 8 millions de dollars par chacune des organisations suivantes : l’ATP, la WTA et chacun des Grands Chelems. »
Lors d’une interview accordée au Financial Times, Taro Daniel — ancien 58ᵉ mondial et aujourd’hui situé aux alentours de la 150ᵉ place — livre un témoignage sans langue de bois sur la réalité financière des joueurs de tennis professionnels au XXIᵉ siècle.
Confronté aux montagnes russes des revenus du circuit, il invite à repenser la répartition des richesses pour garantir un minimum de stabilité à tous. Ce cadre précis vise à transformer les revenus astronomiques des tournois majeurs, qui génèrent entre 350 et 500 millions de dollars par édition, en un véritable filet de sécurité pour plusieurs centaines de joueurs.
Baseline : le premier pas… insuffisant
En 2024, l’ATP a pris l’initiative de lancer le programme « Baseline », afin d’assurer une sécurité financière aux joueurs et joueuses, distribuant un minimum garanti de :
- 300 000 $ aux joueurs classés 1–10
- 200 000 $ aux rangs 101–175
- 100 000 $ aux rangs 176–250
Sur sa première année, ce dispositif, financé uniquement par l’ATP, a versé 1,3 million de dollars à 26 joueurs. Mais pour Daniel et beaucoup d’autres joueurs, cette couverture reste trop étroite :
« Avec un soutien plus large de l’ensemble de l’écosystème du tennis, y compris les tournois du Grand Chelem, il existe une marge de manœuvre évidente pour relever ces seuils. »
En tant que joueur de tennis, vous êtes comme une petite entreprise
Même quand il cumule 180.000 $ de gains en six mois, Daniel rappelle que l’argent fond vite. « Ce chiffre est complètement irréaliste », explique Daniel. D’abord frappé par les retenues à la source sur chaque prize money perçu à l’étranger, il voit une part importante de son revenu partir avant même d’arriver sur son compte.
Ensuite, si le tournoi prend en charge son hébergement, cette prise en charge ne s’étend pas à son équipe : coach, préparateur physique et physio doivent trouver eux-mêmes leur logement, à la charge du joueur. Résultat : ce qui apparaît comme un « salaire » confortablement dimensionné diminue rapidement, faute de filet de sécurité pour les dépenses indispensables au maintien d’un encadrement professionnel.
« Mon relevé de carte de crédit représente au moins 20.000 $ par mois pour les seules dépenses opérationnelles liées à l’hôtel, à la nourriture, aux vols, sans compter les salaires que je verse à mon équipe. En tant que joueur de tennis, vous êtes comme une petite entreprise, mais tous vos employés voyagent tout le temps.»
Après la première pierre posée par le programme Baseline de l’ATP, financé exclusivement par l’Association, c’est désormais aux quatre Majeurs de rejoindre l’effort. En s’engageant collectivement, ils pourraient garantir à chaque professionnel une paix d’esprit inédite et, à terme, renforcer la compétitivité et la diversité du haut niveau.