« C’est une véritable renaissance » : Proche d’arrêter, Bublik retrouve la lumière

Vainqueur pour la deuxième fois à Halle, Alexander Bublik est revenu en conférence de presse sur une période difficile, marquée par la perte de plaisir, les doutes, et la tentation de tout arrêter. Un sacre inattendu qui symbolise bien plus qu’un simple trophée.

Alexander Bublik Halle 2025 Alexander Bublik Halle 2025 © Imago / psnewz

C’est la deuxième fois qu’Alexander Bublik triomphe à Halle. Deux ans après un premier titre surprise sur le gazon allemand, Alexander Bublik a récidivé ce week-end en dominant Daniil Medvedev en finale. Mais au-delà de la performance, c’est la profondeur de ses mots qui a marqué les esprits. En conférence de presse, le Kazakh ne s’est pas contenté de savourer son titre : il a déroulé le récit d’un parcours intérieur semé de doutes et de fatigue mentale. « C’est une véritable renaissance de ma carrière », a-t-il lancé, visiblement ému.

« Depuis Wimbledon l’an dernier jusqu’à Madrid cette année, j’ai traversé une longue période sans résultats majeurs. Je ne comprenais pas pourquoi. J’étais tout proche de faire une pause de trois ou quatre mois il y a un an. Je ne voulais plus jouer si je n’éprouvais plus de joie », confie-t-il sans détour. Une lassitude telle qu’il envisageait même « un break de six mois » s’il sortait du top 100.

Redescendu jusqu’à la 82e place mondiale, le Kazakh a traversé un véritable tunnel entre juillet 2024 et mars 2025, période durant laquelle il n’a remporté que quatre matchs pour dix-sept défaites sur le circuit principal. Une spirale négative marquée par des sorties précoces, un manque criant de repères et, surtout, une lassitude palpable sur le court.

Un engagement tenu, une victoire inattendue

Son entraîneur a joué un rôle central dans son retour : « Il m’a demandé d’aller jusqu’à Wimbledon 2025, de respecter mes engagements, et après, si je voulais vraiment arrêter, je le ferais ». Bublik a tenu parole, a travaillé « dur », et s’est vu récompensé au-delà de ses attentes. Quart de finaliste à Roland-Garros, désormais sacré à Halle, il trace une ligne inattendue sur le tableau de sa saison. « Ce n’est pas ce que j’imaginais, c’est au-delà. Et ça me fait vraiment du bien ».

En finale, il a surtout battu pour la première fois Daniil Medvedev, un joueur qui l’avait jusque-là dominé. Un succès qu’il attribue autant à sa préparation qu’à sa force mentale : « Je savais que c’était une opportunité spéciale. Le contexte, surface rapide, chaleur, me favorisait. Je suis resté concentré, j’ai effacé toute émotion visible. C’était un match mental, je savais que sur le fond de court, il était meilleur. Je devais faire autre chose, et j’y suis parvenu ».

Même moi parfois, je l’oublie : ça reste un jeu.

Mais Bublik n’a pas changé ce qui fait sa singularité : le goût du jeu, au sens littéral. « C’est ça qu’on oublie souvent. Même moi parfois, je l’oublie : ça reste un jeu. C’est devenu une compétition, une machine à performance, mais à la base, c’est un jeu. Et si je n’ai pas ce rappel en tête, je ne peux pas jouer. Ce n’est plus du jeu, c’est du travail. Et ce n’est pas un job, c’est du sport, c’est du spectacle. »

Il en appelle même à son entraîneur pour le lui rappeler en cas de dérive : « Quand j’étais 17e mondial, j’ai commencé à traiter ça comme un job, un sport trop exigeant. Mais ce n’est pas de l’athlétisme, ce n’est pas une course contre le temps. Il y a une balle, on peut tout faire avec. Et ça, il ne faut jamais l’oublier. »

Malgré son apparente légèreté, Bublik refuse l’idée qu’il jouerait sans pression. « C’est faux. Le jour où un sportif ne ressent plus de pression, il n’a plus de raison de continuer. Même les plus grands, Roger, Rafa, Novak, Carlos ou Jannik, ils ont tous la pression. Ils sont juste très bons pour ne pas la montrer et maintenir leur niveau. Si tu ressens plus rien, tu peux jouer dans ton jardin. Pas besoin de rester sur le circuit. »

À Halle, Alexander Bublik a trouvé plus qu’une victoire. Il a créé une version de lui-même, plus sereine, plus lucide, mais toujours aussi imprévisible. En 2023, son sacre avait surpris. En 2025, il raconte une forme de libération. Un champion qui ne court pas seulement après des titres, mais aussi et surtout après du sens.

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