De Dominic Thiem à Zizou Bergs : vingt ans d’héroïsme au-delà de la 500e place ATP

Redoutable mais battu par Karen Khachanov, Zizou Bergs, 528e mondial, a failli devenir le 22e joueur hors du Top 500 à rejoindre les quarts de finale d’un tournoi ATP. Depuis 20 ans, les mal classés ont réussi quelques exploits mémorables.

Zizou Bergs Belgian Zizou Bergs celebrates during the game between Belgian Zizou Bergs and Spanish Albert Ramos-Vinolas, in the first round of the men’s singles competition at the European Open Tennis ATP tournament, in Antwerp, Tuesday 20 October 2020

Jeudi soir à l’European Open d’Anvers, Zizou Bergs a tenté de devenir le vingt-deuxième joueur classé hors du Top 500 à atteindre les quarts de finale d’un tournoi ATP. Si l’impressionnant Belge, vainqueur de Ramos Viñolas (45e mondial) au premier tour, a manqué de peu l’exploit (5-7, 6-4, 6-4 face à Karen Khachanov), son tennis surprenant et inspirant rappelle que des sensations proviennent parfois de joueurs classés dans les profondeurs du classement.

Le match de jeudi entre Zizou Bergs (10e joueur belge, 528e mondial), qui dispute son premier tournoi ATP à 21 ans, et Karen Khachanov, déjà un vétéran à plus de 250 matches ATP, avait un petit côté symbolique.

Par exemple, Andy Roddick, idolâtré par Bergs dans ses jeunes années, est un des deux seuls joueurs à avoir atteint les quarts de finale d’un tournoi ATP en étant classé au-delà de la 500e place. C’était à Washington, en 2000. L’autre est Karen Khachanov.

Le Russe avait 17 ans en 2013, et il occupait une 808e place mondiale, lorsqu’il a éliminé Janko Tipsarevic (27e) en huitièmes du tournoi de Moscou. Khachanov fait partie des vingt-et-un joueurs à avoir atteint les quarts d’un tournoi ATP en étant classés au-delà de la 500e place. Et il a joué les videurs pour empêcher Bergs d’entrer dans ce groupe fermé.

Quand Johansson surprenait Nadal

Les 771 places entre Khachanov et Tipsarevic à Moscou représentent un sacré écart. Mais ce n’est pas le plus grand. Il y a deux ans à Rio, Pablo Andujar, alors classé 1821e, a battu 110e mondial Gerald Melzer pour rejoindre les huitièmes. En dominant un joueur classé 1711 places au-dessus de lui, Andujar a réussi le plus gros écart, en terme de classement, depuis le début du XXIe siècle.

Dans les faits, la victoire d’Andujar, qui avait atteint le 32e rang mondial en 2015, n’était pas forcément miraculeuse vu le passé de l’Espagnol au haut niveau.

Si vous voulez un vrai miracle, direction Stockholm, en 2006. En Suède, le 690e mondial Joachim Johansson a battu Rafael Nadal, alors numéro 2 à l’ATP. L’ancien 9e mondial a jugé cette victoire comme la plus grande de sa carrière, et sa première sur le circuit depuis Wimbledon l’année précédente.

C’est le point commun de beaucoup d'”upsets” réussis par des joueurs mal classés. Johansson en 2006, comme Andujar en 2018, était une ancienne gloire sur le retour après plusieurs graves blessures.

Une bataille hors du Top 1000 pour Thiem

Ces anciennes stars se retrouvent aussi parfois du côté des perdants face à des joueurs très mal classés. 2011 offre un exemple de choix. Aujourd’hui 3e mondial, Dominic Thiem était alors 1890e et n’avait encore rien prouvé. Il a réalisé le premier coup d’éclat de sa carrière à Vienne, contre la légende Thomas Muster. Fait rare lors d’un tournoi ATP, il s’agissait d’une bataille entre deux joueurs classés au-delà de la 1000e place. Entre un géant sur le déclin, premier vainqueur autrichien d’un Grand Chelem (Roland-Garros 1995), et un jeune homme redoutable en fond de court, futur successeur de Muster (US Open 2020).

Muster classé 1078e, ce duel austro-autrichien reste le seul affrontement dans un tournoi ATP entre deux joueurs hors du Top 1000 au 21e siècle. Et la première victoire de Thiem sur le circuit, pour un de ses trois seuls matches face à un adversaire classé au-delà de la 1000e place.

Le Top 10 rarement surpris par des joueurs au-delà du Top 500

Depuis 2000, seulement trois joueurs du Top 10 ont perdu face à des adversaires classés au-delà de la 500e place. Rafael Nadal (2e) face à Johansson (690e) en 2006 ; Milos Raonic (6e) contre Thanasi Kokkinakis (698e) au Queen’s en 2017 ; et Sébastien Grosjean (7e) face à Juan Ignacio Chela (826e), en 2001 sur la terre d’Amsterdam. Si l’on élargit, seuls douze joueurs du Top 20 ont connu une défaite similaire.

Khachanov aurait pu devenir le 13e, mais il a réussi à s’en sortir après trois sets tendus face à Bergs (5-7, 6-4, 6-4). Dans sept ans, Bergs se retrouvera peut-être dans la peau d’un joueur Top 20 essayant de repousser un jeune espoir.

Aucun titre ATP pour un joueur hors Top 500 depuis 22 ans

Des grands noms comme Andy Murray, Juan Martin Del Potro, Tommy Haas et Goran Ivanisevic ont remporté des matches ATP en étant classés hors du Top 500 depuis 2000. Aucun d’entre eux n’a réussi à gagner un titre. L’improbable néerlandais Raemon Sluiter, classé 866e en 2009, est le seul à avoir atteint une finale, à Bois-le-Duc, à 31 ans.

Deux semaines après son match historique à Rio, Andujar est devenu le joueur le moins bien classé à gagner un titre ATP en vingt ans. Remonté à la 355e place, il avait dominé Kyle Edmund lors de la finale du Grand Prix Hassan 2, au Maroc. Mais pour trouver un titre hors Top 500, il faut remonter jusqu’en 1998. Lleyton Hewitt, alors 550e mondial, s’était imposé à Adélaïde.

Article réalisé avec le concours de @JeuSetMaths, traduction par Hugo Monier

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