12 octobre 1994 : le jour où Jeff Tarango a baissé son short lors du tournoi de Tokyo

Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Aujourd’hui, nous retournons en 1994 pour assister à l’une des plus célèbres pitreries de Jeff Tarango

Jeff Tarango, Wimbledon 1995 Jeff Tarango, Wimbledon 1995

Ce qui s’est passé ce jour-là : Un comportement limite de Tarango

Ce jour-là, le 12 octobre 1994, Jeff Tarango, déjà connu pour son comportement souvent limite, dépasse une nouvelle fois les bornes en baissant son short et en se dandinant ainsi sur le court lors de son affrontement du deuxième tour contre Michael Chang, qu’il perd finalement (4-6, 6-3, 4-1, ret.).

Les acteurs : Jeff Tarango et Michael Chang

  • Jeff Tarango, un sulfureux personnage

Le gaucher américain Jeff Tarango est né en 1968. Au cours de sa carrière, il a remporté deux tournois, le premier à Wellington en 1991 et le second à Tel Aviv en 1992, année où il obtient son meilleur classement (47e mondial). Il n’a jamais dépassé le troisième tour d’un tournoi du Grand Chelem, stade qu’il a atteint à deux reprises, à l’US Open 1989 et à Roland-Garros 1993.

L’Américain ne traîne pas vraiment une réputation de gentleman. Dans son autobiographie, Andre Agassi affirmera même que Tarango avait triché face à lui lors d’un tournoi juniors, un fait que le gaucher niera. Quoi qu’il en soit, Jeff Tarango n’a pas que des amis sur le circuit. En octobre 1994, il est 78e au classement ATP.

Tarango On this day
Jeff Tarango – Panoramic
  • Michael Chang, génie précoce qui confirme enfin

Michael Chang est né en 1972. En 1987, à l’âge de quinze ans, il devient le plus jeune joueur à passer un tour à l’US Open (aux dépens de Paul McNamee). L’année suivante, en juin, à seize ans et trois mois, il devient le plus jeune joueur à avoir jamais fait partie du top 100, et il atteint pour la première fois les huitièmes de finale d’un tournoi du Grand Chelem, à New York, où il est battu par Andre Agassi. En 1989, il atteint les quarts de finale à Indian Wells et les demi-finales à Forest Hills, sur terre battue américaine, battu par Jaime Yzaga (6-4 6-3), ce qui lui permet de se hisser à la 19e place mondiale avant Roland-Garros. C’est là, à Paris, qu’il triomphe à la surprise générale.

Chang passe définitivement à postérité en huitièmes de finale lors d’un match où il va même marquer de son empreinte l’histoire du tournoi. Ce jour-là, contre le numéro 1 mondial Ivan Lendl, il fait preuve d’une force mentale à tout épreuve, remontant un handicap de deux sets et surmontant des crampes pour s’imposer finalement en cinq manches. Au cinquième set, il joue avec les nerfs de Lendl avec ses balles en cloches, son inoubliable service à la cuillère et sa position avancée en retour de service sur la balle de match, qui va pousser le Tchèque à la double faute. Il va ensuite jusqu’au bout en dominant en finale Stefan Edberg, après avoir été mené deux sets à un puis écarté dix balles de break au quatrième set (6-1, 3-6, 4-6, 6-4, 6-2).

Les deux années qui suivent son triomphe inattendu sont plus difficiles pour Chang, qui ne parvient pas à s’installer durablement dans le top 10. En 1992, devenu plus puissant et plus agressif, il réintègre ce top 10 après avoir remporté trois tournois en février et mars : San Francisco (en battant en finale le numéro 2 mondial Jim Courier), Indian Wells et Key Biscayne. En octobre 1994, il pointe à la 9e place mondiale.

CHANG EDBERG
Michael Chang et Stefan Edberg, Roland-Garros 1989 – Panoramic

Le lieu : Yoyogi National Gymnasium, Tokyo

Le tournoi indoor de Tokyo a lieu depuis 1978 au Yoyogi National Gymnasium, connu pour l’architecture particulière de son toit. Le tournoi a fait partie du prestigieux circuit du Grand Prix dans les années 1980, et a été gagné par de nombreuses stars telles que Björn Borg, Jimmy Connors, Boris Becker, Stefan Edberg et Ivan Lendl (vainqueur à cinq reprises en 1983, 1985, 1990, 1992 et 1993).

L’histoire : Tarango amuse la galerie avant d’abandonner

Le 12 octobre 1994, de nombreux grands joueurs sont en lice et deux des principales têtes de série sont même renversées : Boris Becker, battu par Brett Steven (6-3, 6-4), et Sergi Bruguera, éliminé par Tommy Ho (6-7, 6-2, 7-6). Mais malgré ces résultats surprenants, le joueur qui suscite le plus de commentaires ce jour-là n’est autre que Jeff Tarango.

Qui l’Américain a-t-il donc éliminé pour se trouver ainsi sous les projecteurs ? Personne. Tarango, sentant lui échapper l’emprise qu’il avait sur la tête de série n°9, Michael Chang, a tout simplement baissé son short et parcouru le court en se dandinant, son short au niveau des chevilles. L’Américain, qui avait gagné le premier set (6-4), venait de perdre le huitième jeu de la deuxième manche et finira par abandonner au troisième set en raison d’une blessure au bras. “J’ai eu l’impression d’avoir un peu laissé filer le match, et j’ai voulu prendre ça à la légère”, déclare Tarango, selon le Los Angeles Times. “J’avais exposé ma faiblesse à Michael.”

Bien qu’il se soit excusé par la suite, le superviseur du circuit, Gayle Bradshaw, lui infligera finalement une amende de 3 000 $. 

Des années plus tard, lors d’une interview avec le journaliste sportif Scoop Malinowksi, Tarango qualifiera cet incident de “moment le plus drôle” de sa carrière :

“La fois où j’ai perdu contre Michael Chang, ma raquette s’est prise dans le cordon de mon short, je l’ai sortie d’un coup sec et mon short est tombé. À Tokyo. C’est un souvenir amusant parce qu’à Tokyo, ils n’étaient pas prêts pour quelque chose comme ça. C’était vraiment, vraiment hilarant. Pendant quelques jours, c’était juste une grosse blague. (…) C’était la première fois que je voyais Michael Chang sourire sur le court. C’était donc un véritable exploit”. 

La postérité du moment : Tarango marquera l’édition 1995 de Wimbledon

Michael Chang atteindra la finale de l’Open de Tokyo 1994, où il sera battu par Goran Ivanisevic (6-4, 6-4). En 1995, Chang remporte la dernière édition de l’Open indoor de Tokyo aux dépens de Mark Philippoussis (6-3, 6-4).

Moins d’un an après cet incident, Jeff Tarango entrera dans l’histoire lors du tournoi de Wimbledon 1995, où il deviendra le premier joueur à s’auto-disqualifier en quittant simplement le court, après avoir qualifié l’arbitre Bruno Rebeuh “d’arbitre le plus corrompu du circuit”. Sa femme (française) giflera plus tard l’arbitre dans les allées du All England Club – un incident qui conduira Tarango à être exclu du tournoi de 1996.

People in this post

Your comments

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *