17 septembre 1994 : Le jour où Gerulaitis a trouvé la mort dans son sommeil

Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Aujourd’hui, retour en septembre 1994, lorsque Vitas Gerulaitis, légende du tennis et nuits new-yorkaises, est mort à l’âge de 40 ans, victime d’une intoxication au monoxyde de carbone.

Vitas Gerulaitis, On This Day Vitas Gerulaitis, On This Day

Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis : le monde du tennis en deuil

Le 17 septembre 1994, Vitas Gerulaitis, le vainqueur de l’Open de l’Australie 1977, meurt d’une intoxication au monoxyde de carbone, alors qu’il se trouvait chez un ami à Long Island. Sa mort est un véritable choc pour le monde du tennis : selon le journal The Independent, « personne n’a autant contribué à faire du tennis le sport le plus à la mode ». “Broadway Vitas”, playboy ultime du tennis, sortait avec des actrices et des mannequins, jouait dans un groupe de rock, faisait la fête jusqu’au petit matin. “.

L’histoire de Vitas Gerulaitis

  • Jeunesse

Vitas Gerulaitis est né en 1954 à New York, de parents lituaniens qui avaient fui leur pays pendant la guerre. De fait, sa langue maternelle est le lituanien, et il affirme ne pas avoir parlé anglais avant d’aller à l’école maternelle. Son père, qui avait été un très bon joueur de tennis, apprend à jouer à Vitas et à sa sœur Ruta (qui atteindra plus tard les quarts de finale de Roland-Garros, en 1979) sur les courts publics de Forest Park. Gerulaitis fréquente le Columbia College, de l’Université de Columbia pendant un an, en 1975, avant d’abandonner ses études pour se consacrer au tennis.

  • Palmarès

Le “Lion Lituanien” se hisse jusqu’à la 3e place mondiale en mars 1978, après une grande saison 1977, au cours de laquelle il a remporté son premier et unique titre du Grand Chelem, à l’Open d’Australie, aux dépens de John Lloyd (6-3, 7-6, 5-7, 3-6, 6-2). Quelques mois auparavant, il avait atteint les demi-finales de Wimbledon, où il s’était incliné face à Björn Borg à l’issue de l’un des plus beaux matches de l’histoire du tournoi (6-4, 3-6, 6-3, 3-6, 8-6).

Gerulaitis atteint ensuite la finale de l’US Open 1979 (défait par John McEnroe, 7-5, 6-3, 6-3), et il dispute une dernière finale de Grand Chelem à Roland-Garros en 1980 (battu par Borg, 6-4, 6-1, 6-2). En 1982, il perd en finale du Masters, après avoir manqué une balle de match et vu Ivan Lendl remonter un handicap de deux manches à rien (6-7, 2-6, 7-6, 6-2, 6-4). C’est lors du troisième set de cette finale que Lendl, sur un passing, mettra pratiquement K.O. Gerulaitis en l’allumant en pleine tête pour sauver une balle de break. Tout au long de sa carrière, Gerulaitis accumule 26 titres et perd 30 finales sur le circuit.

Un travailleur acharné et un grand compétiteur

Même si Gerulaitis était connu pour faire la fête plus que tout autre athlète professionnel, son succès reposait sur une grande rigueur, comme l’explique le journaliste sportif Steve Flink sur atptour.com.

“Il s’habillait de façon élégante et aimait vivre parmi la jet-set. Mais ce n’était qu’une partie de ce qu’il était. C’était aussi un professionnel de haut vol qui travaillait très dur à son métier et qui concourait avec beaucoup d’intégrité.”

Selon Patrick McEnroe, le jeu de Gerulaitis était loin d’être aussi clinquant que sa vie nocturne.

“C’était un combattant acharné, ce n’était pas un joueur spectaculaire. Mais il était extrêmement régulier, extrêmement rapide et très, très affûté. Vraiment, si vous regardez la façon dont il vivait sa vie, il était une sorte de fêtard, et aimait s’amuser, donc vous pourriez penser qu’il aurait été plus enclin à prendre des risques dans sa façon de jouer. Mais ce n’était pas le cas”.

Si Gerulaitis était très amical et en bons termes avec la plupart de ses rivaux, il n’en était pas moins un compétiteur féroce. En fin de carrière, Gerulaitis a été disqualifié à deux reprises, chaque fois en Australie, irrité par de nombreuses erreurs d’arbitrager. Sa célèbre citation du Masters 1980 – “et que cela vous serve de leçon à tous : personne ne bat Vitas Gerulaitis 17 fois de suite”, après avoir mis fin à sa série de 16 défaites de Jimmy Connors – était plus qu’une simple plaisanterie. Selon Jose Higueras, elle exprimait sa persévérance et sa volonté constante de gagner, quelle que soit le niveau ou la notoriété de son adversaire. Son grand ami Björn Borg lui a toutefois donné tort en le battant effectivement 17 fois d’affilée.

“Broadway Vitas”

Vitas Gerulaitis a atteint la troisième place mondiale et a rivalisé avec certaines des plus grandes légendes du tennis, comme Bjorn Borg, John McEnroe et Jimmy Connors. Mais ce qui lui vaut une place à part dans l’histoire du tennis, c’est aussi la vie qu’il menait en-dehors des courts, où il a connu encore plus de succès. Le New-Yorkais assumait parfaitement cette réputation. “Si je pouvais avoir autant de succès sur les courts de tennis qu’en dehors, je serais le numéro un”, a-t-il déclaré un jour.

Gerulaitis, qui conduisait une Rolls Royce jaune avec une plaque personnalisée – VITAS – était l’une des figures de la vie nocturne new-yorkaise, et nombre de ses soirées se terminaient au célèbre Studio 54, où il s’est lié d’amitié avec des célébrités comme Mick Jagger ou Andy Warhol. “Je suis allé avec lui au Studio 54 plusieurs fois. Il y avait des files d’attente de plusieurs kilomètres à l’extérieur, mais il entrait directement parce que tout le monde le connaissait”, se souvient son ami John Lloyd, qu’il a battu en finale de l’Open d’Australie en 1977, et qui a également entendu dire qu’une année, Vitas “avait la troisième plus grosse facture individuelle American Express au monde”.

Une mort tragique et accidentelle

Après sa carrière, Gerulaitis a connu quelques années difficiles, poursuivi pour usage de drogue et revenant à une vie plus normale. Il est cependant devenu présentateur de télévision et a même eu une brève expérience d’entraîneur avec Pete Sampras lors de l’Open d’Italie 1994, remporté par l’Américain. À l’époque, Gerulaitis avait fait un effort pour se remettre en forme, afin de jouer avec ses amis de toujours sur le circuit senior.

La veille de sa mort, Gerulaitis a disputé un match de double avec Borg, Connors et Lloyd à Seattle. Malheureusement, il s’est fait une élongation musculaire en frappant un smash et est retourné à Southampton par avion. Après avoir participé à un clinic au Racquet Club d’East Hampton dans l’après-midi, Gerulaitis se rend dans la maison d’un ami pour se reposer en vue d’un cocktail. Il meurt dans sommeil, intoxiqué par le monoxyde de carbone qui s’échappait d’un système de chauffage de piscine défectueux.

La mort soudaine de Gerulaitis laisse le monde du tennis en état de choc. À ses funérailles, quelques jours plus tard, son cercueil est notamment porté par John McEnroe, Bjorn Borg et Jimmy Connors.

“Il était comme un frère pour moi. Je le connaissais depuis plus longtemps et mieux que quiconque, et j’ai l’impression d’avoir perdu un membre de ma famille”, déclare son ami et ennemi juré, Borg, selon le New York Times.

Dans l’article du New York Times consacré aux funérailles de Gerulaitis, le dernier mot revient à Brad Gilbert :

“Je suppose que tout le monde a son côté sombre, mais je n’ai vu que son bon côté, je ne l’ai jamais vu maltraiter personne, et peu importent les cicatrices de son passé, ce qui compte c’est qu’il était un gars avec un grand cœur.”

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