24 novembre 1996 : le jour où Sampras a dominé Becker dans un des plus grands matchs de l’histoire

Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 24 novembre 1996, Pete Sampras domine Boris Becker sur le fil (3-6, 7-6, 7-6, 6-7, 6-4) en finale du Masters, dans une rencontre inoubliable pour son niveau et son suspense.

Pete Sampras, On this day Pete Sampras, On this day

Ce qui s’est passé ce jour-là : Une finale légendaire

Ce jour-là, le 24 novembre 1996, Pete Sampras domine Boris Becker sur le fil (3-6, 7-6, 7-6, 6-7, 6-4) en finale du Masters. Le duel entre les deux champions est considéré comme l’un des plus grands matchs de l’histoire du tennis, les deux joueurs y ayant déployé un superbe tennis d’attaque sur une surface en salle très rapide. C’est également la dernière grande finale de la carrière de Becker.

Les acteurs : Pete Sampras et Boris Becker

  • Pete Sampras, le patron du circuit

Pete Sampras, né en 1971, domine le tennis des années 1990. Après un premier titre du Grand Chelem conquis à l’US Open 1990 (où il devient le plus jeune vainqueur de l’histoire du tournoi, aux dépens de son éternel rival Andre Agassi, 6-4 6-3 6-2), il devient numéro 1 mondial en avril 1993. Il termine les trois saisons suivantes (1993-1995) à cette place.

Son jeu de service-volée est particulièrement efficace sur le gazon du All England Club, où il décroche trois titres consécutifs entre 1993 et 1995, remportant 25 victoires de suite avant d’être battu par Richard Krajicek, en quarts de finale de l’édition 1996, 7-5 7-6 6-4). Pete Sampras remporte trois fois l’US Open (1990, 1993, 1995), et une fois l’Open d’Australie (1994. De plus, l’Américain s’impose aussi à deux reprises au Masters (1991, 1994), accumulant un total de 41 titres au long de sa carrière, dont sept Grands Chelems et six Masters 1000.

A l’époque, il aurait été sans conteste en course pour devenir le plus grand joueur de tous les temps, si ce n’est sa réelle faiblesse sur terre battue :  son meilleur résultat à Roland-Garros est une demi-finale perdue contre Yevgeny Kafelnikov en 1996 (7-6 6-0 6-2), et il n’a remporté qu’un seul titre sur ocre. Sampras s’appuie sur un énorme service, qui lui vaut le surnom de « Pistol Pete », un coup droit puissant, un superbe jeu au filet et son caractéristique smash en avançant.

Pete Sampras
Pete Sampras, Wimbledon 1998, © Panoramic
  • Boris Becker, champion sur le déclin

Boris Becker est né en 1967. En 1985, à 17 ans, l’Allemand devient le plus jeune vainqueur de l’histoire de Wimbledon, en battant Kevin Curren en finale (6-3, 6-7, 7-6, 6-4). Au total, il remporte pas moins de trois titres au All England Club, qui est aussi le théâtre de sa célèbre rivalité avec le Suédois Stefan Edberg. A trois reprises, les deux hommes y croisent le fer en finale, Becker ne l’emportant qu’une fois, en 1989 (6-0, 7-6 6-4), bien qu’il mène pourtant largement sur l’ensemble de leurs affrontements.

Son service surpuissant lui vaut le surnom de « Boum Boum ». Il est connu pour ses spectaculaires plongeons à la volée. C’est un joueur très expressif qui est capable parfois de « péter les plombs ». Sa grande époque a lieu entre 1989 et 1991 : pendant cette période, il accumule trois titres du Grand Chelem et atteint la place de numéro 1 mondial le 28 janvier 1991, suite à son triomphe face à Ivan Lendl en finale à Melbourne (1-6, 6-4, 6-4, 6-4). Becker traverse ensuite une période plus difficile et, en 1993, il sort même du top 10 pour la première fois en huit ans.

En 1994, il parvient en demi-finales de Wimbledon et remporte le tournoi de Stockholm, où il bat les trois premiers mondiaux à la suite, terminant l’année à la troisième place mondiale. En 1995, il est finaliste à Wimbledon, battu par Pete Sampras (6-7, 6-2, 6-4, 6-2) et se hisse dans le dernier carré à Flushing Meadows, mais en 1996, il gagne son sixième tournoi du Grand Chelem à Melbourne, aux dépens de Michael Chang (6-2, 6-4, 2-6, 6-4). Après un quatrième triomphe au Queen’s, une blessure au poignet l’éloigne des courts jusqu’à la saison indoor.

Boris Becker, Wimbledon 1999
Boris Becker, Wimbledon 1999, © Imago / Panoramic

Le lieu : Hanovre (Allemagne)

Créé en 1970, le Masters est le rendez-vous de fin d’année des huit meilleurs joueurs du monde. Au départ, il change de lieu chaque année, avant de s’installer au Madison Square Garden de New York, de 1977 à 1989. Depuis, le tournoi a voyagé, passant par Francfort (1990-1995) avant de poser ses valises à Hanovre en 1996. Étant donné que chaque année, seuls les huit meilleurs joueurs se qualifient pour le Masters, les plus grands joueurs de tennis figurent au palmarès de l’épreuve.

L’histoire : Troisième Masters pour “Pistol Pete”

La finale du Masters 1996 oppose non seulement deux des meilleurs joueurs au monde, mais également deux des meilleurs spécialistes des surfaces rapides. Pete Sampras et Boris Becker ont tous deux remporté Wimbledon à trois reprises, et, tandis que l’Américain a gagné le Masters deux fois (1991, 1994), l’Allemand s’y est quant à lui imposé trois fois (1988, 1992, 1995).

Les deux joueurs se connaissent très bien, puisqu’ils se sont déjà affrontés pas moins de 6 fois. Sampras mène 9-7 dans leurs confrontations, mais Becker a gagné leurs deux derniers matches ; l’Allemand a pris le dessus quelques semaines plus tôt en finale du tournoi de Stuttgart (3-6, 6-3, 3-6, 6-3, 6-4), et il a également battu Sampras lors de la phase de poules du Masters, 7-6, 7-6.

A Hanovre, sur ses terres, Becker prend le meilleur départ possible en assénant à son adversaire quatre aces pour entamer la partie. « Boum Boum » annonce ainsi la couleur : jusqu’à la fin du cinquième set, il tiendra son service en n’étant poussé que deux fois jusqu’à 40-40. Mettant Sampras sous pression, il le breake à 2-1 et gagne le premier set, 6-3.

Les trois manches suivantes se décideront au tie-break. Les deux joueurs se retrouvent rarement en danger sur leurs services, et quand cela se produit, ils s’en sortent à coups de massue : Becker décoche un service gagnant et un ace pour sauver deux balles de break à 2-3 au deuxième set, et Sampras écarte deux balles de break à 2-3 au troisième set à l’aide de deux aces consécutifs. L’Américain remporte les deuxième et troisième sets de ce duel spectaculaire.

Pete Sampras, Monte-Carlo, 1999, © Buzzi / Panoramic

La tension culmine à la fin de la quatrième manche, au cours d’un incroyable tie-break de 24 points au cours duquel Becker sauve deux balles de match, à 5-6 puis à 8-9, avant de s’imposer 13-11 pour emmener Sampras au cinquième set décisif.

Dans cette cinquième manche, le n°1 mondial parvient à élever son niveau de jeu au moment le plus important et prend le service de Becker pour la première fois à 4-4, à l’aide d’un passing de revers gagnant. Quelques minutes, l’Américain conclut le match à l’issue d’un échange de 24 frappes, peut-être le point le plus long du match.

“Je suis sûr que si j’avais perdu, j’aurais été très déçu”, déclare Sampras, selon le New York Times. “Mais, entendre le public faire autant de bruit en descendant sur le cour…ils n’en avaient pas après moi, ils étaient derrière Boris, et c’était sympa de faire partie de cet événement. C’est ce qui fait la beauté du tennis. Ce n’est pas l’argent, ce sont les grands matches, et c’est l’un des plus grands matches que j’aie jamais disputés.”

Ce sont des matchs comme celui-là qui me font continuer à jouer. Au bout du compte, ça n’avait presque plus d’importance de savoir qui allait gagner. C’était juste intense et agréable.

Boris Becker

La postérité du moment : encore deux années au sommet du tennis mondial

La finale du Masters 1996 sera le dernier résultat marquant de Becker dans un tournoi majeur. En décembre, le plus jeune vainqueur de l’histoire de Wimbledon gagnera son dernier tournoi à la Coupe du Grand Chelem, aux dépens de Goran Ivanisevic (6-3, 6-4, 6-4).

Sampras restera premier mondial jusqu’à la fin 1998, établissant un record de six années terminées au sommet du classement ATP. Il prendra sa retraite en 2003, quelques mois après avoir remporté son 14e titre du Grand Chelem à l’US Open (un record, à l’époque), en battant son rival de longue date Andre Agassi en finale (6-3, 6-4, 5-7, 6-4).

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