Paire : “Je montre que je suis vraiment un joueur du dimanche, qui va acheter son polo avant son match !”

Benoît Paire s’est félicité en conférence de presse d’avoir réussi à vaincre John Isner jeudi en huitième de finale du Masters 1000 de Cincinnati. Et ce sans contrat avec un équipementier, ce qui mène à des situations cocasses dont l’Avignonnais rigole.

Benoît Paire at Toronto in 2021 Benoît Paire at Toronto in 2021 © Icon SMI / Panoramic

Vous avez réussi à breaker John Isner quatre fois. Quel est votre secret ?

Benoît Paire : Oui, enfin, il y a deux breaks dans le 3e set, dont un jeu où il fait trois doubles fautes… Mais c’est vrai que dans l’ensemble, j’ai plutôt bien retourné. C’est très dur de lire son service. Mais comme je suis assez grand, j’arrive à boucher un peu les angles. Le truc, c’était surtout de tenir mon service. J’y suis bien parvenu, et j’ai réussi à surmonter le fait de perdre une balle de match au deuxième set, même si c’était difficile à gérer. Physiquement, il a un peu craqué au troisième. L’enchaînement avec Toronto a sans doute été compliqué pour lui. Pour ma part, je suis très content d’avoir gagné. C’est une victoire qui fait du bien.

Un mot sur votre service, justement. Vous avez été excellent en première balle, mais un peu défaillant sur deuxième, avec 20 doubles fautes. Est-ce parce que vous avez tenté de prendre plus de risques ?

Benoît Paire : Non, c’est parce que je mouillais, tout simplement ! Contre Isner, tu sais que si tu perds ton service, c’est quasiment un set perdu. Du coup, dès que j’avais une deuxième balle à jouer, je n’arrêtais pas de me dire : “il faut la mettre, il faut la mettre…” Je me mettais un peu trop de pression. Et dès que je commence à faire une ou deux doubles fautes, derrière, je peux me stresser. J’ai déjà eu ce problème. En Australie, en début d’année, j’ai fait 26 doubles fautes dans un même match (23 exactement, contre Egor Gerasimov au premier tour de l’Open d’Australie, ndlr). Avant, cela ne m’arrivait pas. C’est bizarre, parce que ma première est très efficace. Mais je gamberge un peu sur ma seconde. Mon choix, c’était donc soit d’assurer davantage ma première avec le risque de jouer plus d’échanges, soit de continuer à servir de grosses premières, avec le risque de faire davantage de doubles fautes. J’ai fait ce choix-là. Ça m’a réussi, mais ça aurait pu me coûter cher. Il va falloir travailler ça.

Paire : “Je prends tellement de plaisir à retrouver un circuit normal, à jouer devant du monde, à pouvoir sortir dans la rue et me faire mes fast-food, que les résultats s’en ressentent”

C'est votre premier quart de finale en Masters 1000 depuis Rome 2013. Finalement, vous avez souvent eu de meilleurs résultats en Grand Chelem qu'en Masters 1000. Comment l'expliquez-vous ?

Benoît Paire : Peut-être parce qu’en Grand Chelem, j’arrive avec un peu moins de pression. Ce sont aussi des matches en trois sets gagnants, j’aime ça, c’est un rapport vraiment différent avec le match. En Masters 1000, on tombe très vite sur des mecs très forts. Ici, moi qui ne suis pas tête de série, j’ai joué (Denis) Shapovalov dès le 2e tour… Ce sont des tableaux très durs qui demandent de se mettre en route très rapidement, ce que j’ai parfois du mal à faire. Je sais aussi qu’ici, aux Etats-Unis, je suis souvent arrivé assez fatigué. Mais cette année, je prends tellement de plaisir à retrouver un circuit normal, à jouer devant du monde, à pouvoir sortir dans la rue et me faire mes fast-food, que les résultats s’en ressentent. Maintenant, je suis juste content d’être en quarts. C’est mon premier depuis 2013. Contre Shapovalov, c’était aussi ma première victoire contre un Top 10 depuis pas mal d’années. Ce n’est que du bonheur.

Vous n'avez plus d'équipementier textile et on vous voit chaque jour avec une tenue différente. Comment gérez-vous ça ?

Benoît Paire : Je suis allé à la boutique ce matin (jeudi) pour aller m’acheter ma tenue ! Au début, je voulais acheter du Nike, parce que j’ai toujours bien aimé cette marque. Mais là, la tenue ne m’allait pas. Donc je me suis rabattu sur Adidas que j’aime bien aussi. L’autre jour, c’était Under Armour. Contre Isner, si vous avez vu ma copine partir au milieu du match, c’est parce qu’elle est partie m’acheter un autre tee-shirt. J’étais tellement trempé qu’il m’en fallait un autre ! Donc voilà, je gère comme je peux. Comme je l’avais annoncé en début d’année, je souhaite créer ma propre marque de fringues. Mais je me suis rendu compte que c’est vraiment compliqué. Je ne m’attendais pas à ce que cela demande autant de travail ! En attendant, je discute avec quelques marques et je finirai peut-être l’année avec l’une d’entre elle. On me dit souvent que je suis un joueur du dimanche. Ça fait un an et demi qu’on me prend pour une pipe. Alors du coup, je montre que je suis vraiment un joueur du dimanche, qui va acheter son polo avant son match !

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