10 septembre 1988 : Le jour où Steffi Graf a réalisé le Grand Chelem calendaire

Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Ce jour-là, Steffi Graf rejoignait Margaret Court et Maureen Connolly en remportant l’US Open pour réussir le Grand Chelem.

Steffi Graf, On this day 10.09.2020 Steffi Graf, On this day 10.09.2020

Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis

Ce jour-là, le 10 septembre 1988, Steffi Graf, 19 ans, vient à bout de Gabriela Sabatini en finale de l’US Open (6-3, 3-6, 6-1) et devient la troisième femme à réaliser un Grand Chelem sur une année civile, dix-huit ans après Margaret Court (1970) et trente-cinq ans après Maureen Connolly (1953). Lors des quatre Majeurs qu’elle remporte cette année-là, l’Allemande ne laisse en route que deux sets en vingt-huit matches. Quelques semaines plus tard, à Séoul, Graf met un point d’orgue à cette fantastique saison, en remportant l’or olympique, réalisant ainsi un “Golden Grand Slam” unique.

Les personnages : Steffi Graf et Gabriela Sabatini

  • Steffi Graf, la précoce

Steffi Graf est née en 1969. En 1982, à seulement 13 ans, elle devient la plus jeune fille à obtenir un classement WTA. Après avoir remporté le tournoi des Jeux olympiques de Los Angeles en 1984, elle ne cesse d’améliorer son jeu et ses résultats. Elle atteint la demi-finale de l’US Open 1985, à l’âge de 16 ans, battue par la numéro un mondiale Martina Navratilova (6-2, 6-3). En 1986, elle remporte son premier titre à Hilton Head, avant de se hisser une nouvelle fois en demi-finale de l’US Open. Surveillée de près par son père, elle connaît son année de gloire en 1987, lorsqu’elle soulève son premier trophée du Grand Chelem, devançant Navratilova en finale de Roland-Garros, avant que celle-ci ne prenne sa revanche en finale de Wimbledon puis de l’US Open.

Le 17 août, Graf ravit la tête du classement WTA à l’Américaine, qui l’occupait quasi sans interruption depuis 1982. Puis, l’Allemande entame l’année 1988 en glanant le titre à l’Open d’Australie, contre Chris Evert (6-1 7-6), et en juin, elle triomphe à Roland-Garros, en punissant Natasha Zvereva, 6-0, 6-0, dans la plus courte finale majeure de l’histoire du tennis. Après sa finale à Wimbledon, lors de laquelle elle a battu la sextuple championne en titre Martina Navratilova (5-7, 6-2, 6-1), Steffi Graf impose sa domination sur le circuit, et son défi ultime est désormais de remporter l’US Open pour la première fois de sa carrière afin de réaliser le Grand Chelem.

  • Gabriela Sabatini : la bête noire de Graf

Gabriela Sabatini, originaire d’Argentine, est née en 1970. Excellente dès son plus jeune âge, elle devient en 1985 la plus jeune joueuse à atteindre la demi-finale de Roland-Garros, où elle est battue par Chris Evert (6-4, 6-1). Dans les années qui suivent, Sabatini, avec un magnifique revers à une main, s’impose dans le top 10, atteignant la demi-finale à Wimbledon en 1986 (perdue face à Martina Navratilova), et deux autres fois à Roland-Garros en 1987 et 1988, chaque fois défaite par Graf. Elle remportent également huit titres sur le circuit, dont le plus important à Boca Raton, en 1988, où elle est la première joueuse cette année-là à faire tomber Graf (2-6, 6-3, 6-1). Juste avant l’US Open, elle triomphe à Montréal, en battant Natasha Zvereva en finale (6-2, 6-1), et arrive à New York en tant que numéro 4 mondiale.

Le lieu : Flushing Meadows, paré de courts en dur

L’US Open (connu sous le nom d’US Nationals avant 1968 et le début de l’ère Open), est fondé en 1881 et, bien qu’il soit le seul Grand Chelem à avoir été joué chaque année sans interruption depuis ses débuts, le tournoi déménage à plusieurs reprises au cours du XXe siècle. Organisé pour la première fois en août 1881 sur les courts en herbe du casino de Newport (Rhode Island), le Majeur américain se déplace dans un premier temps à New York en 1915, plus précisément au West Side Tennis Club, à Forest Hills, jusqu’en 1977 (à l’exception des années 1921-1923, où les matches sont délocalisés à Philadelphie).

Dans les années 1975-1977, l’US Open se dispute sur terre battue. Puis, en 1978, le tournoi quitte le West Side Tennis Club, devenu trop petit pour accueillir un événement aussi important, pour le Centre national de tennis de l’USTA, situé à Flushing Meadows, à New York. Dans le même temps, les organisateurs décident de changer la surface pour installer des courts en dur. A l’époque, le Centre national était l’un des plus grands complexes de tennis au monde : son court central, le stade Louis Armstrong, pouvait accueillir jusqu’à 14.000 spectateurs. 

L’histoire : la cerise d’or sur le gâteau

Steffi Graf domine outrageusement ses adversaires durant l’année 1988. Elle fait ainsi figure de grande favorite non seulement pour s’offrir le titre à l’US Open, mais également pour réaliser le Grand Chelem. Cette année-là, elle remporte les trois premiers Majeurs, en ne perdant qu’un seul set, en finale de Wimbledon, contre Martina Navratilova. L’Allemande a déjà huit titres dans son escarcelle, et elle n’a perdu que deux matches depuis le début de saison, à chaque fois sur terre battue et face à la même joueuse : Gabriela Sabatini, qu’elle affronte de nouveau en finale à Flushing Meadows. L’Argentine vient alors de triompher à Montréal, et a réalisé un impressionnant parcours lors des six premiers tours de l’US Open. Si quelqu’un peut empêcher Graf de sceller son Grand Chelem, c’est bien elle.

Dans le premier set, Steffi Graf semble tendue, certainement à cause de l’enjeu, mais elle réussit à tenir son service et à breaker Sabatini en premier, pour s’adjuger le premier set, 6-3. Dans la deuxième manche, la quatrième joueuse mondiale se montre plus déterminée, et profite de la nervosité de l’Allemande pour la pousser dans un troisième set. 

Dans cette fin de match haletante, Graf prouve une fois de plus sa force mentale pour surmonter la pression, tandis que Sabatini laisse transparaître des signes un peu inquiétants depuis les premiers jeux.

J’étais consciente de l’enjeu et la pression était forte.

Steffi Grf

“Je savais qu’elle devait être nerveuse, a déclaré Sabatini, selon le New York Times. Mais j’étais trop fatiguée. Mais j’ai essayé. J’ai joué comme je l’ai fait contre elle lors des derniers matchs. J’ai frappé des balles profondes. Cela la dérange beaucoup.”

Même si son jeu n’est pas aussi agressif que d’habitude, l’Allemande se défait de son adversaire, qui manquait clairement d’endurance. Graf l’emporte 6-3, 3-6, 6-1. Elle vient de réaliser le Grand Chelem ! La jeune femme de 19 ans se précipite dans sa loge pour embrasser sa famille et son entraîneur, Pavel Sozil. Une cérémonie est organisée sur le terrain en l’honneur de son exploit, et Steffi Graf reçoit un bracelet avec quatre diamants, chacun représentant un titre du Grand Chelem. 

La championne n’a alors pas prévu de prendre part à une fête en l’honneur de son quatrième titre majeur consécutif. Graf veut en réalité rentrer en Allemagne pour se remettre de ses efforts avant les Jeux olympiques de Séoul, qui doivent commencer dix jours plus tard.

“J’étais consciente de l’enjeu et la pression était forte, mais si je peux dire une chose, c’est que j’aurais aimé connaître se succès plus tard pour être davantage en âge d’en profiter pleinement”, a confié Steffi Graf seize ans plus tard dans le Los Angeles Times. “D’une certaine manière, être aussi jeune que je l’étais, j’ai l’impression que cela m’a aidée. Mais d’un autre côté autre sens, cela ne m’a pas aidée à en profiter autant que j’aurais voulu”.

La postérité du moment : Graff s’offre le record du nombre de semaines en tant que numéro 1

Steffi Graf allait triompher aux Jeux olympiques, en battant une nouvelle fois Sabatini en finale (6-3, 6-3) . Elle conservera la première place du classement WTA jusqu’à ce que Monica Seles l’en prive en 1991. Après le coup de poignard reçu par Seles en 1993, Graf reprendra la tête du classement jusqu’en 1997, établissant un nouveau record de 377 semaines passées en tant que numéro 1 mondial. En remportant l’US Open en 1995, elle devient la seule femme de tous les temps à remporter au moins quatre fois chacun des quatre titres du Grand Chelem. Lorsqu’elle prend sa retraite, en 1999, peu après avoir remporté sa dernière grande couronne à Roland-Garros, son compteur de titres s’établit à un total incroyable de 22 tournois du Grand Chelem.

En 1989, Gabriela Sabatini se hisse au troisième rang mondial. Cette année-là, elle perd contre Graf en demi-finale de l’Open d’Australie et de l’US Open, mais en 1990, à Flushing Meadows, elle bat finalement l’Allemande pour s’offrir son premier et unique titre du Grand Chelem (6-2, 7-6). En 1991, elle jouera une dernière grande finale (perdue contre… Graf, 6-4, 3-6, 8-6), et restera dans le top 10 jusqu’en 1995, atteignant les demi-finales des tournois du Grand Chelem à sept reprises. En 1996, en proie à des difficultés de motivation, Sabatini ne prendre part qu’à dix tournois et annoncera sa retraite à la fin de l’année.

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