1er janvier 1974 : le jour où Chris Evert et Jimmy Connors, fiancés, ont disputé la finale de l’Open d’Australie

Le 1er janvier 1974, Chris Evert et Jimmy Connors, alors fiancés, disputent tous les deux la finale de l’Open d’Australie.

Chris Evert et Jimmy Connors, 1974 Chris Evert et Jimmy Connors, 1974 | © Panoramic / Tennis Majors

Ce qu’il s’est passé ce jour-là : Un couple dans la lumière

Ce jour-là, le 1er janvier 1974, Chris Evert et Jimmy Connors, alors fiancés, disputent tous les deux la finale de l’Open d’Australie, avec une réussite différente. Tandis que Connors s’impose face à Phil Dent (7-6, 6-4, 4-6, 6-3), remportant ainsi son premier titre du Grand Chelem, sa fiancée s’incline face à une star locale, Evonne Goolagong (7-6, 4-6, 6-0). Cette année-là, Connors restera invaincu en Grand Chelem (il sera interdit de participation à Roland-Garros) et, atteignant la première place mondiale, entamera l’un des plus longs règnes de l’histoire du tennis.

Les acteurs : Jimmy Connors, Phil Dent, Chris Evert et Evonne Goolagong

  • Chris Evert, l’étoile montante

Chris Evert est née en 1954 en Floride. Entraînée par son père, elle développe un jeu basé sur la régularité, tenant ses adversaires à distance du filet grâce à sa longueur de balle, et les sanctionnant avec d’excellents passing shots si elles montent imprudemment. Elle obtient son premier résultat notable à l’âge de 16 ans, se hissant en demi-finales de l’US Open (éliminée par la numéro 1 mondiale, Billie Jean King, 6-3, 6-2). En 1973, à 18 ans, elle est finaliste à Roland-Garros et à Wimbledon, battue par les deux meilleures joueuses du monde, King et Margaret Court.

  • Evonne Goolagong, doublé titrée en Grand Chelem

Evonne Goolagong est née en 1951 dans une famille aborigène australienne. Malgré les lourds préjugés raciaux en vigueur dans l’Australie rurale, elle est encouragée à jouer au tennis et en 1965, elle part à Sydney étudier au lycée et perfectionner son jeu. Elle se révèle à l’international en 1971, lorsqu’elle remporte successivement Roland-Garros et Wimbledon, où elle bat la grande Margaret Court en finale (6-4, 6-1). En 1972 et 19733, elle dispute cinq finales de Grand Chelem, sans jamais parvenir à s’imposer, battue par Virginia Wade (Open d’Australie 1972), Margaret Court (à l’Open d’Australie et à l’US Open en 1973) et Billie Jean King (à Roland-Garros et Wimbledon, en 1972).

  • Jimmy Connors, grand espoir américain

Jimmy Connors, né en 1952, est l’un des joueurs les plus prometteurs de sa génération. Coaché depuis toujours par sa mère, Gloria, Connors est l’un des premiers joueurs à jouer à plat et en cadence depuis la ligne de fond de court. Sa manière de frapper la balle montante inspirera beaucoup les futures générations de joueurs. Il est également connu pour son comportement, qui choque à l’époque le monde bien propre et policé du tennis. Tandis que sa mère l’encourage bruyamment depuis les tribunes, à coups de « Come on, Jimbo ! », il déploie une agressivité hors du commun, jusque dans sa façon de s’encourager. Il est parfois vulgaire – Connors montrant un doigt d’honneur à un juge de ligne ou mettant sa raquette entre ses jambes de manière évocatrice. Ses querelles incessantes avec le corps arbitral dénotent dans un sport dit « de Gentleman ». « Jimbo » passe professionnel en 1972, étant l’un des meilleurs espoirs du tennis américain, avec Harold Solomon et Roscoe Tanner. Durant ses deux premières saisons en tant que pro, Connors remporte 17 tournois et atteint les quarts de finale en Grand Chelem à trois reprises. À l’entame de l’Open d’Australie, il est 3e mondial.

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  • Phil Dent, 49e mondial

Né en 1950, Phil Dent a gagné l’Open d’Australie et Roland-Garros chez les juniors en 1968, mais il ne connaît pas le même succès sur le grand circuit. Son meilleur résultat en Grand Chelem est un quart de finale disputé à Melbourne en 1968, et il n’a remporté qu’un seul tournoi, à Sydney, en 1971, aux dépens de John Alexander (6-3, 6-4, 6-4). À l’issue de la saison 1973, il est 49e mondial.

Le lieu : l’Open d’Australie, à Melbourne

Contrairement aux autres tournois du Grand Chelem, l’Open d’Australie (d’abord appelé Championnat d’Australasie puis Championnat d’Australie) a changé plusieurs fois de lieu au fil des ans. L’épreuve changeait même de ville chaque année avant de s’installer à Melbourne en 1972, et pas moins de cinq villes australiennes l’ont accueillie à au moins trois reprises : Melbourne, Sydney, Adelaide, Brisbane et Perth. Ses dates ont été assez mouvantes également, entre début décembre et fin janvier, faisant de l’Open d’Australie parfois le premier, parfois le dernier Grand Chelem de la saison. À l’époque, la plupart des meilleurs joueurs font l’impasse sur l’épreuve en raison de son éloignement et des prix insuffisants.

L’histoire : Connors s’impose, pas Evert

Au début de 1974, Jimmy Connors et Chris Evert forment peut-être le couple le plus célèbre sur la scène sportive internationale. Les deux étoiles montantes se sont rencontrées au tournoi du Queen’s en juin 1972 et ont officialisé leur relation quelques mois plus tard. Ils ont même disputé trois tournois du Grand Chelem ensemble en double mixte, atteignant les demi-finales de l’US Open en 1973.

S’encourageant mutuellement dès que leurs calendriers respectifs le permettent, ils arrivent chacun à l’Open d’Australie en quête de leur premier titre du Grand Chelem. Alors que Connors, tête de série n°3, n’a encore jamais dépassé les quarts de finale d’un tournoi majeur, Evert, tête de série n°1, a déjà disputé les finales de Roland-Garros et Wimbledon en 1973.

« Chrissie » se hisse en finale facilement, sans perdre le moindre set, mais lors du dernier match, elle est dominée par Evonne Goolagong (7-6, 4-6, 6-0). La chaleur et l’humidité sont extrêmes, même pour l’Australie, et la locale de l’étape prend même une douche entre les deuxième et troisième set, avant de s’imposer enfin devant son public, elle qui avait perdu en finale des trois dernières éditions.

Connors n’a pas beaucoup apprécié son séjour à Melbourne, souffrant de la chaleur et irrité par le public local. 

“En décembre, la chaleur en Australie est tout bonnement ridicule, et le temps correspond souvent à mon humeur. Les installations étaient pour le moins rudimentaires – le Kooyong Stadium disposait d’un minuscule vestiaire avec une seule douche et une cabine de toilette – mais cela ne me dérangeait pas. Non, ce qui m’énervait, c’était la foule partisane, qui hurlait son soutien à chaque joueur du coin et injuriait les étrangers”, écrira-t-il en 2013 dans son autobiographie, The Outsider. “Entendre les huées de la foule était une chose, mais qu’est-ce que c’est que ces mouches ? D’où est-ce qu’elles sortent ? On aurait dit des B-52 qui me tombaient dessus.”

Toutefois, faire face à l’adversité est l’une des principales capacités de Jimbo. Il affirmera même souvent n’être jamais meilleur que lorsque le public était contre lui. Il surclasse Phil Dent en quatre sets (7-6, 6-4, 4-6, 6-3).

“Phil Dent a reçu toute la frustration et l’agressivité qui s’étaient accumulées en moi dès le premier jour du tournoi. Heureusement, j’ai réussi à la canaliser dans mon jeu. L’herbe super sèche et usée de Kooyong me rappelait le parquet sur lequel j’ai commencé le tennis, et j’ai adopté l’approche que maman m’avait apprise à St Louis, en avançant, en prenant la balle tôt, en alternant long de  ligne et croisé. Même avec la foule derrière lui, il n’avait aucune chance”.

Le tournoi, si pénible, se termine de la meilleure manière possible pour Connors.

“J’étais fou de joie, même si, pour être vraiment honnête, dans les années 1970, l’Open d’Australie n’attirait pas autant de bons joueurs qu’il aurait dû. Le long voyage et le positionnement malencontreux dans le calendrier limitait la concurrence. Mais c’était tout de même un Grand Chelem et une victoire importante dans n’importe quel palmarès.”

La postérité du moment : Connors et Evert deviendront des stars, mais ne resteront pas en couple

Pour Jimmy Connors, le triomphe à l’Open d’Australie marque le début de l’une des plus grandes saisons de l’histoire du tennis : accumulant 16 titres, il remportera Wimbledon ainsi que l’US Open, atteignant la première place mondiale qu’il occupera 160 semaines durant. Cependant, en raison de sa participation au World Tennis Tour (une compétition intervilles aux États-Unis), il ne sera pas autorisé à disputer Roland-Garros, manquant ainsi peut-être l’occasion de réaliser le Grand Chelem.

Chris Evert n’aura pas à attendre bien longtemps avant de remporter son premier tournoi du Grand Chelem : elle s’imposera à Roland-Garros cinq mois plus tard, en battant en finale Olga Morozova (6-1, 6-2). Elle gagnera également Wimbledon dans la foulée, en même temps que son fiancé.

Connors et Evert se sépareront plus tard en 1974, annulant leur mariage qui était prévu au mois de novembre.

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