Trois avions infectés par le coronavirus, 72 joueurs enfermés : Melbourne les nerfs à vif

La révélation de la présence de quatre personnes testées positives dans trois avions qui ont transporté les joueurs et joueuses engagées à l’Open d’Australie, précipite le premier majeur de l’année sous une tension inédite. Soixante-douze participants doivent suivre une quarantaine stricte.

Rod Laver Arena stylized by COVID-19 fears Rod Laver Arena stylized by COVID-19 fears

L’humeur a changé de façon spectaculaire à Melbourne, où doit se jouer l’Open d’Australie 2021 à partir du 8 février prochain. Vendredi, joueurs et coaches n’avaient pas de mot assez tendres pour remercier Craig Tiley, le patron de Tennis Australia, d’avoir rendu l’événement possible. Nous étions quelques heures voire quelques minutes après l’atterrissage.

Samedi et dimanche, le tournoi a été foudroyé par trois mails, envoyés aux passagers des vols QR 7493 en provenance d’Abu Dhabi, EY 8004 en provenance de Los Angeles et QR 7485 en provenance de Doha, leur indiquant qu’au moins un passager de leur avion avait été contrôlé positif au COVID-19 et qu’ils étaient de ce fait, considérés comme un cas contact. Conséquence instantanée : ils sont soumis à une quarantaine stricte pendant quatorze jours, ce qui signifie une absence totale d’entraînement tennistique ou physique digne de ce nom, en dehors de ce que la créativité de chacune et chacun rend possible entre quatre murs.

72 joueurs et joueuses en quarantaine

Parmi les 72 victimes collatérales de ces règles strictes, dans un pays qui a quasiment éradiqué le virus grâce à un confinement hivernal intégral, d’anciennes vainqueures de Grand Chelem (Victoria Azarenka, Sloane Stephens, Bianca Andreescu), d’autres joueuses ou joueurs de premier plan (Kei Nishikori, Belinda Bencic, Alizé Cornet, Pablo Cuevas, Tennys Sandgren, Vasek Pospisil), mais aussi des athlètes moins exposés, certains venus pour jouer le double.

Le vol de Doha, notamment, concerne tous les qualifiés du tableau masculin et celles et ceux qui espèrent bénéficier d’un statut de lucky loser, vingt-personnes au total. L’Argentin Guido Pella est peut-être le plus malheureux de la liste puisqu’il avait déjà dû subir une quatorzaine stricte à l’hôtel avant l’US Open en raison du test positif de son préparateur physique.

Tiley sous une double pression

A ce stade, ces révélations en cascade posent plus de questions qu’elle n’apportent de réponse sur la façon dont les choses vont se dérouler d’ici à l’ouverture des tournois de préparation le 31 janvier prochain. Les réseaux sociaux bruissent d’infos brûlantes – plusieurs joueurs ont partagé le mail qu’ils ont reçus sans masquer les contacts qui leur sont proposés, ni les liens vers des visioconférences pourtant archi-privées – et de rumeurs difficilement vérifiables. Le point commun de ces messages : une forme de sentiment d’injustice face à l’inéquité colossale des conditions d’entraînement, voire face au niveau d’information partagé avant le tournoi.

Pris entre le fer (les autorités politiques de l’état de Victoria) et l’enclume (les joueuses et les joueurs qu’il a fait venir en Australie), le directeur du tournoi Craig Tiley a accordé une interview de huit minutes à la chaîne Channel 9, dimanche matin, avant même la révélation du cas de Doha. Attendue comme une allocution solennelle par les joueurs, elle lui a permis de répéter que la date du tournoi (8-21 février) ne saurait être remise en cause et que sa priorité était de garantir la santé et la sécurité de tout le monde.

Et même si l’idée d’un boycott a émergé pendant l’Instagram Live de Yulia Putintseva, une des joueuses concernées par la quarantaine stricte, même si Tennis Australia semble être décidé à faire parvenir aux joueurs et joueuses des appareils de préparation physique à-même leur chambre, Tiley, les yeux plissés par une nuit probablement blanche, n’a pas pu dissimuler que l’Open d’Australie jouait très gros pendant les jours à venir et que ce combat-là allait s’imposer à tous les autres. Il s’agit de ne pas devenir, aux yeux du pays, l’agent qui aura réintroduit le COVID-19 dans le territoire. 

Les demandes (farfelues ?) de Djokovic ?

Dans ces circonstances, les demandes d’aménagement formulées par Novak Djokovic au nom de tous les joueurs semblent relever de la science fiction. Transport des cas contacts vers des résidences privées équipées de court, transfert des préparateurs physiques aux mêmes étapes que les joueurs… Toutes portent en elles les déplacements et les contacts avec des tierces personnes que l’état de Victoria interdit désormais, pour deux semaines, aux passagers des vols QR 7493, EY 8004 et QR 7485.

Les autres joueurs commencent ce dimanche à bénéficier du volume d’escapade de cinq heures quotidiennes hors de leur chambre d’hôtel, pour un entraînement physique et tennistique à Melbourne Park. En décembre, quand ce régime avait été présenté et proposé, il était apparu comme inadapté aux besoins d’un tennisman de haut niveau. Il ressemble désormais à un sésame.

Aucune information n’était parvenue, dimanche midi, établissant que tous les autres vols avaient fait l’objet d’une série de tests négatifs.

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