Moutet donne sa version des faits sur son « craquage » à Miami
Corentin Moutet, poussé à bout de nerfs par les supporters chiliens lors de son élimination à Miami par Alejandro Tabilo, a donné sa version des faits sur son « craquage » nerveux.

Avec Corentin Moutet, les matches sont rarement un long fleuve tranquille. Surtout lorsqu’il affronte un adversaire chilien. Depuis un succès houleux face à Nicolas Jarry l’an dernier à Santiago, le Français est l’une des cibles préférées des supporters chiliens et il y en a énormément à Miami, où il s’est incliné vendredi au deuxième tour face à Alejandro Tabilo (5-7, 6-3, 7-5).
Dominateur en début de partie au point de mener un set, un break, le gaucher tricolore a progressivement perdu le fil du match puis de ses nerfs dans une ambiance de plus en plus hostile. Il a fini par craquer pour de bon lors du dernier jeu du deuxième set, jeu dans lequel il s’est mis à chambrer les supporters adverses avant d’arrêter le jeu lorsque l’un d’entre eux lui a fait, de son propre aveu, un geste obscène.
Moutet a fini par perdre ce deuxième set sur un point de pénalité, puis par se faire breaker d’entrée de troisième set sur un jeu de pénalité. Au bord de la disqualification, il a repris sa raquette et recouvré ses esprits au point de livrer un beau, mais finalement vain combat. Il a livré, dimanche, sa version des faits dans un long message publié sur les réseaux sociaux. Message que voici :
« Dès le premier point, le public s’est montré hostile : bruits délibérés entre mes services, sifflets, insultes, gestes provocateurs… Ceux qui ont regardé le match pourront témoigner que je suis resté sans réaction pendant une heure et demie (…). Mais plus le match avançait, plus l’ambiance devenait agressive.
Après deux heures de jeu, sans aucune intervention de l’arbitre pour calmer la foule, j’ai réagi en levant les bras à trois reprises pour encourager la foule à faire encore plus de bruit. À ce moment-là, quelqu’un m’a fait un doigt d’honneur. J’ai estimé que cela dépassait les limites de ce qu’un athlète pouvait accepter sur un terrain.
J’ai appris à accepter la souffrance comme faisant partie du chemin, mais je refuse de croire qu’être une personne publique signifie toujours avoir tort et mériter la haine des autres
J’ai donc demandé à l’arbitre de faire sortir cette personne avant la reprise du jeu. Au lieu de m’écouter, il m’a ordonné de jouer, refusant d’intervenir. J’ai alors demandé à parler au superviseur, précisant que je ne reprendrais pas tant que cette personne resterait dans les tribunes. Résultat : l’arbitre a décidé de me pénaliser et de me faire perdre le set. À l’arrivée du superviseur, je lui ai expliqué la situation. Il est parti, puis est revenu en me disant que quelqu’un (dont il a refusé de révéler l’identité) prétendait que c’était moi qui avais fait un doigt d’honneur. Il a alors décidé de me pénaliser à nouveau, me retirant un jeu au début du troisième set, offrant ainsi un break d’avance à mon adversaire.
Depuis cet événement, j’ai reçu beaucoup de critiques et d’insultes. Dire que cela ne me touche pas serait mentir. J’ai toujours donné le meilleur de moi-même dans ma profession, investi d’énormes efforts et fait d’innombrables sacrifices pour atteindre mes objectifs. J’ai appris à accepter la souffrance comme faisant partie du chemin, mais je refuse de croire qu’être une personne publique signifie toujours avoir tort et mériter la haine des autres.
Je tiens à préciser que je n’ai jamais insulté ni manqué de respect à qui que ce soit pendant ce match. A part avoir levé les bras trois fois pour inciter le public à faire du bruit, je n’ai eu aucun mot déplacé ni aucun geste irrespectueux.
Ce qui m’attriste le plus, c’est de voir que lorsque quelqu’un est à terre, la première réaction de beaucoup – y compris des gens de mon propre pays (…) – est de l’enfoncer encore plus plutôt que de le soutenir dans l’épreuve qu’il traverse. J’espère qu’un jour l’ATP protègera mieux les joueurs, en évitant autant que possible qu’ils se retrouvent dans ce genre de situation. Que nous ayons moins d’amendes à cinq chiffres et plus de sécurité, que ce soit sur un court de tennis ou sur les réseaux sociaux.