“La guerre m’a rendu plus forte” : Elina Svitolina, une maman en mission pour l’Ukraine, à deux victoires du sacre à Wimbledon

De retour en demi-finale de Grand Chelem après avoir terrassé la numéro 1 mondiale Iga Swiatek mardi à Wimbledon, Elina Svitolina se sent portée par sa fille de huit mois, le peuple ukrainien et le public britannique.

Svitolina Wimbledon 2023 Svitolina Wimbledon 2023 © Action Plus / Panoramic

“Vous êtes fou !” Voici la réponse accompagnée de rires d’Elina Svitolina au journaliste qui lui a demandé si elle pouvait gagner Wimbledon. Elle n’est plus qu’à deux matchs d’y arriver, après avoir dominé (7-5, 6-7 [5], 6-2) la numéro 1 mondiale Iga Swiatek, mardi, en quart de finale.

Svitolina a vécu une année 2022 contrastée. Son pays, l’Ukraine a été attaqué par la Russie en mars 2022 – une guerre toujours en cours -, ce qui l’avait éloignée quelques semaines des tournois. Elle est devenue l’une des porte-paroles des sportives ukrainiennes. Et en octobre, elle a accouché d’une fille, Skai. Elle est devenue l’une des porte-paroles des sportives de retour de grossesse. “Le fait d’avoir un enfant et la guerre ont fait de moi une personne différente. Je vois les choses un peu différemment”, a-t-elle déclaré en conférence de presse après son exploit.

“Je suis heureuse de pouvoir apporter un peu de bonheur dans leur vie. Il y a aussi eu beaucoup de vidéos sur Internet où les enfants regardent (mes matches) sur leur téléphone. Cela me fait vraiment chaud au cœur.”

Elina Svitolina

La guerre, déjà. Elle l’avait annoncé lorsqu’elle a repris la compétition, en avril, qu’elle serait, sur le terrain, en mission pour l’Ukraine. Déjà à Roland-Garros, Svitolina avait atteint les quarts en battant deux joueuses russes. A Wimbledon, elle est assurée de faire mieux en étant parvenue à dominer Swiatek, qui “a fait beaucoup et continue de faire beaucoup pour l’Ukraine”, selon l’Ukrainienne.

Ce parcours, Svitolina le dédie à son pays. “Je sais que beaucoup de gens en Ukraine regardent (mes matches). J’ai reçu un très grand nombre de messages lors de mon match précédent. Je suis heureuse de pouvoir apporter un peu de bonheur dans leur vie. Il y a aussi eu beaucoup de vidéos sur Internet où les enfants regardent (mes matches) sur leur téléphone. Cela me fait vraiment chaud au cœur.”

Avant d’ajouter : “Je pense que la guerre m’a rendu plus forte. Mentalement, je ne considère pas les situations difficiles comme un désastre, vous voyez ? Il y a des choses pires dans la vie. Je suis juste plus calme.”

Interrogée sur les soldats au front, elle a tenu à leur rendre hommage. “C’est vraiment incroyable ce qu’ils font pour notre pays. Je ne saurais trop les remercier pour leur bravoure et ce qu’ils endurent. Je suis vraiment très reconnaissante.”

“Je n’ai pas de temps à perdre. Je ne sais pas combien de temps encore je vais jouer. Je me dis de foncer, de m’entraîner pour vivre ce genre de moments”

Elina Svitolina

Sa fille, ensuite. Après avoir accouché en octobre 2022 et repris la compétition en avril, elle cumule déjà un quart et une demi-finale de Grand Chelem. Inespéré pour elle. “Cela représente beaucoup pour moi.” Skai, elle en a profité grâce à un appel Face Time à sa sortie du court central. “Elle était très occupée à manger une glace, je n’étais pas la priorité, rigole Svitolina. Elle est à cet âge où le fait que je gagne ou que je perde n’a aucune importance. J’adore la voir heureuse avec Gaël (Monfils, son mari).”

Comme c’est le cas depuis le début de la quinzaine, ni Monfils ni Skai seront présents dans le box de la 76e mondiale pour sa demi-finale jeudi face à Marketa Vondrousova. Ils regarderont la rencontre avec les parents de Svitolina, chez eux en Suisse. Tout ce petit monde verra encore la nouvelle version de l’Ukrainienne, bien plus agressive et inspirée qu’elle ne l’a été, quand elle était 3e mondiale (en 2017), qu’elle remportait le Masters (en 2018) et qu’elle avait atteint deux demi-finales de Grand Chelem. Swiatek l’a constaté.

“J’ai changé plusieurs choses sur ma raquette, mon cordage, a admis Svitolina. Avec Raemon (Sluiter, son entraîneur), on a beaucoup parlé de la façon dont je devais jouer.”

Son état d’esprit, aussi, est nouveau. Fini les contre-performances en Grand Chelem alors qu’elle faisait partie du top 5 ? Sans doute pas, mais elle se sent différente mentalement. “Je me dis que j’ai moins d’années devant moi que derrière, je n’ai pas de temps à perdre. Je ne sais pas combien de temps encore je vais jouer. Je me dis de foncer, de m’entraîner pour vivre ce genre de moments, comme aujourd’hui.”

Portée par son pays, par sa fille et par le public britannique, Svitolina avance blindée de certitudes. Avec cette volonté “de revenir au top”. Avec ce rêve toujours intact de soulever son premier titre du Grand Chelem. Et si c’était pour samedi ?

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