Douleur aux côtes, 15 balles de break sauvées, public contre lui : Ruud le résistant est en finale à Madrid
Le Norvégien s’est imposé 6-4, 7-5 contre Francisco Cerúndolo, vendredi, sur la terre battue du Masters 1000 espagnol.

« Je plie, et ne romps pas ». Tels sont les mots du roseau pour répondre au chêne, en train de faire son crâneur, dans la fable de La Fontaine portant le nom de ces deux végétaux.
Ça tombe bien, en norvégien, Ruud signifie roseau. Non, c’est totalement faux. Mais ça aurait une été une coïncidence parfaite (pour l’auteur de ces lignes) tant le natif d’Oslo a plié sans jamais rompre, vendredi, en demi-finale du Masters 1000 de Madrid.
Vainqueur 6-4, 7-5 contre Francisco Cerúndolo, le 15e joueur mondial a dû affronter un adversaire par lequel il était mené 5-3 dans leur face-à-face, le public (ou du moins une partie) et une blessure. Dès le début du duel, à 2-1 en sa faveur après avoir écarté quatre balles de break – dont trois consécutives – à 0-0, il a dû prendre un temps mort médical.
Je n’étais pas sûr de pouvoir terminer le match
« Je n’étais pas sûr de pouvoir terminer le match », a-t-il déclaré lors de l’interview sur le court au micro de Tennis TV. « J’ai senti quelque chose aux côtes à la fin de mon échauffement, juste avant d’entrer sur le terrain. Je sentais une douleur sur quasiment chaque frappe, et surtout au service. Heureusement, j’ai pu appeler le kiné, mais il n’y a pas grand-chose qu’on puisse faire en trois minutes. »
« J’ai pris des anti-douleurs, ce qui n’est jamais idéal, mais dans une situation comme celle-ci vous n’avez pas trop le choix », a-t-il ajouté. « J’ai pu continuer à jouer, en prenant les jeux les uns après les autres. Ça s’est amélioré au fil de la rencontre. C’est préoccupant de commencer une partie comme ça, mais j’ai réussi à le gérer. (…) Maintenant, il va falloir regarder ça (la blessure). »
Breaké dans la foulée de l’intervention du soigneur, le joueur au prénom de petit fantôme semblait parti pour une après-midi compliquée, sans pouvoir réellement défendre ses chances. Que nenni. Il a débreaké dès le jeu suivant. Puis il a pris le dessus en s’emparant une nouvelle fois de l’engagement du 21e de la hiérarchie planétaire pour boucler la première manche.
Bousculé par Cerúndolo à l’échange, Ruud a été un peu au-dessus lors des points importants
Alors que l’empoignade s’est disputée toit fermé, sur une terre lourde, ralentie en raison de l’humidité, il a plu des breaks dans le second set. Deux en faveur de Cerúndolo, un de plus pour Ruud qui a dû se montrer solide pour ne pas céder davantage son engagement. Il a fait face à cinq opportunités de break contre lui dans l’acte initial, et, surtout, treize dans le suivant. Pour en écarter quinze au total. Dont sept lors d’un jeu aussi long qu’une phrase de François Bayrou, à 6-4, 2-2.
Lors de celui-ci, le joueur de 26 ans a aussi dû résister à la pression d’un public poussant pour le dernier hispanophone encore en lice. Avant la septième, il s’est plaint, auprès de l’arbitre, de certains perturbateurs criant entre ses deux services. Pas de quoi le déboussoler pour autant : il a claqué une première gagnante, puis a remporté les deux points suivants pour sauver sa peau.
Sur une surface avantageant moins son style que lorsqu’elle est sèche, Ruud a été bousculé du fond. Son lift ne « giclant » pas autant que dans des conditions chaudes, il a eu plus de mal à faire reculer un opposant aux frappes moins grattées – notamment en revers – et capable de changer les directions en prenant la balle tôt. De quoi pousser le triple vainqueur en Grand Chelem à mettre encore davantage d’intensité et ne pas hésiter à venir au filet.
À 5-5 dans le deuxième set, Ruud, qualifié pour sa troisième finale de Masters 1000, s’est retrouvé à 0-40 sur son service
À 6-4, 4-4 – après un échange de break à 6-4, 3-3 et 6-4, 3-4 – il a réussi une volée basse de revers épastrouillante pour faire passer le score à 30-30, puis une en coup droit pour écarter une balle de break. À 6-4, 5-5, il s’est retrouvé au pied d’un mur encore plus grand : 0-40. Mais il a trouvé l’échelle adéquate pour s’en sortir, en bénéficiant d’une faute, en claquant un ace, et en voyant l’Argentin, en bonne positon d’attaque, « boiser » son coup droit. Le raté de trop.
Quelques minutes plus tard, Ruud a terminé le travail sur son troisième break du match en cinq opportunités. Une délivrance vécue sur une dernière frappe décentrée de son rival du jour, qui était en train de s’évertuer à le bloquer dans la diagonale revers, pour atteindre sa troisième finale en Masters 1000.
Après celles perdues à Miami en 2022 – où il avait déjà vaincu l’ainé des frangins Cerundolo en demi-finale – et Monte-Carlo l’an passé, Casper Ruud affrontera Lorenzo Musetti ou Jack Draper. Avec la certitude, quel que soit le résultat, de faire son retour dans un Top 10 duquel il avait été déraciné le 21 avril.





