Le double a-t-il encore un avenir ? Nicolas Mahut en est persuadé

Alors que l’avenir du double dans le tennis semble menacé, Nicolas Mahut se penche ce jeudi sur les pistes éventuelles pour sauver sa discipline.

Pierre-Hugues Herbert and Nicolas Mahut, 2020 Rotterdam doubles' tournament Pierre-Hugues Herbert and Nicolas Mahut, 2020 Rotterdam doubles’ tournament

« Je suis jaloux !!! Moi qui pensais avoir un staff étoffé, peux-tu me présenter le joueur de double qui voyage avec six personnes s’il te plaît Marion ? Si je suis ton raisonnement jusqu’au bout concernant la notion d’effort, tu penses alors que les femmes ne devraient pas avoir le même prize money que les hommes parce qu’elles ne jouent pas au meilleur des cinq sets en Grand Chelem !? Moi si, je pense que tu te trompes de cible. » Sur Twitter la semaine dernière, Nicolas Mahut avait répondu du tac au tac à la proposition de Marion Bartoli de réduire le nombre de tournois de double.

L’ex-championne française estimant dans le cadre du talk-show « Match Points » de la nouvelle plate-forme Tennis Majors qu’il s’agissait du meilleur moyen de redistribuer les gains sur le circuit de simple. « Je sais que je ne vais pas me faire des amis, mais je pense que nous devons le dire : je ne comprends pas toutes ces compétitions de double toute l’année, avait déclaré la lauréate de Wimbledon 2013. Je comprends pendant les tournois du Grand Chelem et les Jeux Olympiques parce que le double fait partie de l’histoire du tennis, mais je suis allée à certains tournois et je vois maintenant ces joueurs de double qui ont des équipes, comme six personnes autour d’eux. »

Mahut : “Taper sur le double uniquement par rapport à la notion d’effort”

C’est principalement cet argument qui avait fait sortir Nicolas Mahut de ses gonds. Dans L’Equipe ce jeudi, l’Angevin précise sa pensée, expliquant notamment pourquoi il s’est senti obligé de répondre sans tarder aux attaques de sa compatriote. « Deux choses m’ont amené à réagir. D’abord une contrevérité sur les joueurs de double qui voyageraient avec six personnes. Ça n’existe pas ! », assure le numéro 3 mondial de la spécialité, qui ne comprend pas non plus comment Bartoli peut oser dire que le double exigerait moins d’efforts physiques que le simple. « Taper sur le double uniquement par rapport à la notion d’effort, ça ne me satisfait pas ! Si tu as des objectifs élevés, l’investissement au quotidien est le même. »

Nicolas Mahut, during the 2018 Davis Cup final

Pour le vétéran français, l’ancienne joueuse aujourd’hui consultante fait de toute façon fausse route en évoquant à mots couverts la suppression du double pour mieux répartir les richesses sur le simple. L’habituel partenaire de Pierre-Hugues Herbert s’est d’ailleurs penché sur la question depuis cette sortie de Bartoli. Il ressort de sa réflexion que pour préserver le double, il faut paradoxalement tirer la couverture à la spécialité et la placer sous le feu des projecteurs. Ce qui n’est pas du tout le cas actuellement, à entendre l’intéressé. Ce dernier a, en revanche, ses petites idées pour redonner de l’éclat à ce double trop décrié et très souvent oublié.

Une journée spéciale, une nouvelle programmation, les stars contraintes et forcées…

Une journée consacrée au double au début des tournois, des programmations en première rotation avant les simples ou la finale planifiée entre les demi-finales du simple… Mahut a pensé à tout, y compris à des diffusions en streaming des rencontres de double. Même, pourquoi pas, avec des commentaires assurés par les… participants au tournoi eux-mêmes. « Le double deviendrait plus populaire et gagnerait en visibilité ». Toutefois, au même titre que l’ancien joueur (de simple et de double) Julien Boutter, aujourd’hui directeur du tournoi de Metz et rejoint par Edouard Roger-Vasselin, toujours en activité lui, le nerf de la guerre reste avant tout la capacité d’attirer les meilleurs joueurs sur le double. « Pouille-Monfils contre Thiem-Verdasco, les gens vont aller voir. Ce sont des noms et ça parle, ça n’a rien à voir avec le niveau de jeu », affirme Boutter dans un constat semblable à celui fait par Mahut. « Le double doit attirer les meilleurs joueurs de simple. »

Pour arriver à ce que les ténors emboîtent le pas des jeunes loups (Tsitsipas et Shapovalov s’alignent fréquemment sur le simple et le double), le vainqueur de la Coupe Davis 2017 pense là aussi détenir la solution. « Pourquoi ne pas mettre en place une règle selon laquelle les meilleurs doivent jouer un certain nombre de tournois en double dans la saison ? (…) Ça donnerait de la crédibilité à la discipline. » Et pousserait peut-être Marion Bartoli à revoir sa position. Alors le double est-il mort, et vive le double ? Sa version actuelle ne semble pas promise à un grand avenir en tout cas. Pour ne pas dire aucun. Si l’ATP ne sait pas comment lui redonner ses lettres de noblesses, elle peut toujours se tourner vers Nicolas Mahut. En ambassadeur de luxe du double, l’Angevin regorge d’idées. Et il se battra jusqu’au bout pour que la spécialité perdure.

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