Un lasso en coup droit mais pas que : Draper, la force de la polyvalence
Le Britannique, qui jouera la finale à Madrid, continue d’étaler toute sa palette technique et physique.

Assuré d’être 5e mondial à l’issue du Masters 1000 de Madrid, où il jouera la finale dimanche face à Casper Ruud, Jack Draper ne s’arrête plus d’être impressionnant en 2025. Récemment titré à Indian Wells, son premier sacre en Masters 1000, le Britannique pourrait déjà empocher un deuxième titre dans cette catégorie de tournois, moins de deux mois plus tard.
Cette progression XXL, Jack Draper la doit à un jeu particulièrement offensif et un coup droit magique, qui lui a valu une comparaison osée avec Rafael Nadal. Contre Lorenzo Musetti, contre qui il s’est imposé en demi-finales (6-3, 7-6) il y a eu un peu de ça sur ce coup de fusil supersonique long de ligne. Voyez plutôt.
Réduire Jack Draper à son coup droit serait presque irrespectueux tant le joueur de 23 ans possède d’autres forces dans son jeu, à commencer par sa condition physique et sa capacité à enchaîner les matches, l’un de ses défauts lors des années précédentes.
Le déclic a eu lieu en début d’année, en Australie, pour le Britannique : « Je me suis blessé, et je n’étais pas vraiment prêt à y aller et à jouer, mais réussir à passer trois matchs en cinq sets m’a donné une énorme confiance physique et mentale, la conviction que je pouvais me pousser à des limites que je n’avais jamais atteintes auparavant », s’est félicité, en conférence de presse, celui qui avait éliminé Mariano Navone, Thanasi Kokkinakis puis Aleksandar Vukic en cinq manches à Melbourne avant d’abandonner contre Carlos Alcaraz en huitièmes de finale.
« Je suis passé d’un état d’esprit où je pensais être faible, incapable de continuer, à me dire : Waouh, en fait, je suis plutôt fort. Donc, de retour à l’entraînement, chaque fois que je fais du renforcement en salle — que ce soit sur le vélo ou en courant — je pousse vraiment mes limites », assure t-il, « parce que je sais que je vais avoir des moment où le match devient très physique. Et si j’ai fait tout ce travail, si je sais que je l’ai fait, alors je me sens bien préparé et capable d’aller là où il faut. »
Un défenseur extrêmement fiable
Après sa défaite en demi-finales, Lorenzo Musetti s’est dit impressionné par le niveau de son adversaire, le qualifiant même de « meilleur joueur du monde actuellement, ou un des meilleurs ». Ce sont surtout les qualités défensives de Draper qui ont bluffé l’Italien, sans solution pendant une majeure partie de la rencontre.
Pas besoin d’aller chercher bien loin pour comprendre cette nature défensive. Draper se souvient de son enfance et de la nature de son jeu : « Quand j’étais plus jeune, je courais partout sur le court, je n’avais pas de coup fort parce que j’étais très petit. Je jouais souvent contre des gars plus âgés, car je gagnais beaucoup de matchs et je montais vite de catégorie. »
« En grandissant, ça a été une période compliquée pour moi. J’ai atteint, je crois, la 50e place mondiale en jouant en contre et en étant très défensif », a t-il expliqué devant les journalistes avant une totale remise en question de ses qualités.

« J’ai tenté certaines choses, j’ai voulu aller à l’extrême opposé et essayer de frapper chaque balle aussi fort que possible, retourner très agressivement, faire toutes sortes de choses… mais cette expérience n’a pas vraiment fonctionné. Ce qui était important, c’était d’apprendre à être défensif et à faire tout ça, mais aussi à attaquer quand il faut. Je pense que maintenant, j’ai trouvé un bien meilleur équilibre. »
L’équilibre et la polyvalence, voilà les deux forces de Jack Draper avant de se plonger dans une nouvelle finale en Masters 1000. Avec l’intime conviction qu’il fait déjà partie des meilleurs. « Je peux tout faire sur le court, et je pense que c’est ce que les meilleurs joueurs du circuit savent faire. » Casper Ruud , référence sur terre battue, est prévenu.


