40 ans après le double 6-0, Evert se remémore le meilleur et le pire de sa rivalité avec Navratilova

40 ans après avoir infligé une correction historique à Martina Navratilova en finale à Amelia Island, Chris Evert se remémore les matchs qui ont marqué leur rivalité, la plus grande de l’histoire du tennis. Et ce sont autant des victoires que des défaites que l’Américaine retient.

Chris Evert, Roland-Garros, 1985 Tennis Magazine / Panoramic

Chris Evert et Martina Navratilova se sont affrontés à 80 reprises, dont 60 en finale, ce qui fait la plus grande rivalité de l’histoire du tennis. Dans une interview exclusive pour Tennis Majors, Evert se remémore les matchs qu’elle préfère dans cette rivalité qui a duré 16 ans, ainsi qu’elle aimerait pouvoir rejouer.

La première confrontation

  • Huitième de finale à Akron, 1973
  • Evert bat Navratilova : 7-6, 6-3

“Je n’avais affronté une joueuse comme elle auparavant. Et j’avais joué Billie Jean (King), Yvonne (Goolagong) et toutes les meilleures. Elle avait quelque chose, elle avait un petit plus dans sa balle. Elle avait un énorme coup droit. C’était un coup droit puissant, avec de l’effet, et elle avait un gros service de gauchère. Son revers était encore vulnérable, Dieu merci, sinon je ne l’aurais pas battu à l’époque. Elle devait avoir une faiblesse. Elle était émotive et elle était quasiment en pleurs sur le terrain quand elle ratait une balle. Et je me rappelle me dire, en premier lieu, que si elle arrivait un jour à maîtriser ses émotions et à s’améliorer physiquement, elle serait très dangereuse. Elle m’avait vraiment impressionnée sur ce premier match.”

Chris Evert, 1973

Sa victoire préférée

  • Finale de Roland-Garros, 1985
  • Evert bat Navratilova : 6-3, 6-7, 7-5

“Mon match préféré, c’était à Roland-Garros en 1985, pour des raisons évidente. J’avais perdu contre elle 13 fois de suite avant de réussir à la battre plus tôt dans l’année à Miami, Key Biscayne. Je l’avais battu en trois sets là-bas, pour éviter la quatorzième défaite, donc ça a cassé la série. Mais quand je suis arrivé à Roland-Garros, j’étais toujours l’outsider. Elle était N.1, elle battait tout le monde et personne ne me donnait une vraie chance. Et ce fut un match très irrégulier. Elle a eu l’avantage puis m’a laissé revenir. Et ensuite je passais devant et je la laissais revenir. C’était très irrégulier, pas du grand tennis, parce que nous étions toutes les deux si nerveuses. Mais juste arriver à m’en sortir dans ce match et le gagner. Je n’ai jamais été aussi heureuse après un match.”

Sa victoire la plus éclatante

  • Finale à Amelia Island, 1981
  • Evert bat Navratilova : 6-0, 6-0

Je me souviens de ce match. Martina était un peu perdue à cette époque. Elle n’avait personne. Je me souviens que Nancy Lieberman est venue à ce tournoi. Elle accompagnait Martina. Nancy Lieberman était une championne de basketball (vice-championne olympique en 1976 et championne du monde en 1979 avec les Etats-Unis, ndlr). Alors elle a regardé le match, zéro et zéro, et elle lui est rentrée dedans. Elle s’est mise à l’engueuler : ‘Comment tu peux perdre 6-0, 6-0, tu dois être en meilleure forme.’ Et c’est là qu’elle a dit : ‘Tu ne peux pas l’aime, elle doit être ton ennemie’. Elle a complètement changé son approche et son entraînement. Nancy Lieberman a eu un impact positif sur l’évolution de Martina. Elle est devenu une athlète olympique à partir de ce moment, a commence à aller à la salle, soulever des poids, jouer au basket, faire plus de cardio, de fitness. Je pense que pendant deux ans et demi après ça, je ne l’ai plus battue.”

*Pour l’anecdote, Navratilova a pris sa revanche trois ans plus tard quand elle a battu Evert 6-2, 6-0 en finale du même tournoi.

Son plus grand regret

  • Finale à l’US Open, 1984
  • Navratilova bat Evert : 4-6, 6-4, 6-4

“Je pense que celui où je me suis le plus ratée, c’est l’US Open, quand j’ai perdu 6-4 dans le troisième. Je pense qu’il y avait 3-3 dans le troisième set. Encore une fois, c’était pendant la série de défaites contre Navratilova. Elle n’arrêtait pas de me battre et je voulais vraiment gagner ce match. Je me disais qu’il fallait inverser la tendance, changer le momentum de nos confrontations. J’étais tellement dedans. Je jouais bien. Et je pense que j’étais déçu parce qu’à 3-3, je suis devenue passive. J’ai eu ma chance. C’est comme si, quand j’étais surdominée, zéro et trois, ou deux et un, je me disais ‘trop forte’, elle était simplement trop forte. Mais quand j’étais en contrôle et que j’avais le sentiment de m’être trahie, de ne pas avoir tenter les coups que je devais, cet US Open était vraiment difficile à vivre. On peut voir quand je lui ai serré la main, je n’étais pas contente. J’aimerais revenir en arrière. J’aimerais qu’il y ait de nouveau 3-3 et, avec mon attitude de maintenant, rejouer la suite.”

Le match qui lui a échappé

  • Finale de Wimbledon, 1978
  • Navratilova bat Evert : 2-6, 6-4, 7-5

“L’autre match que j’aimerais rejouer… A vrai dire, je n’étais pas en colère de l’avoir perdu, mais j’aimerais le rejouer, c’est Wimbledon l’année où je suis tombée amoureuse de John Lloyd. C’est de sa faute. Je jouais Martina, et je me souviens, je la battais assez facilement, j’ai gagné 6-2 le premier set. Je me baladais, et je la touche dans la tete sur une volée. Nous sommes allées à la volée et on s’est mises à rire. Et je lui ai caressé la tête, et après ça, elle m’a battu. Mais j’étais aussi préoccupée par ce que je ressentais. Et en fait, je n’étais pas si mal quand j’ai perdu. C’est une indication que je devais être amoureuse, parce que je prenais mes défaites très au sérieux. Donc j’aimerais rejouer ce match, parce que c’était la finale de Wimbledon, sa première victoire là-bas. Je suis heureuse qu’elle l’ait gagnée, mais j’aurais dû la remporter. Et il y a des matchs que j’ai gagnés qu’elle aurait dû gagner, ça va sans dire.”