7 juillet 1985 : le jour où Boris Becker, 17 ans, est devenu le plus jeune vainqueur de Wimbledon

Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 7 juillet 1985, Boris Becker, 17 ans devenait le plus jeune joueur à remporter Wimbledon.

Boris Becker, vainqueur de Wimbledon 1985, OTD 07/07 Boris Becker, vainqueur de Wimbledon 1985, OTD 07/07

Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis  

Ce jour-là, le 7 juillet 1985, Boris Becker devient le plus jeune joueur à remporter Wimbledon, en battant Kevin Curren en finale (6-3, 6-7, 7-6, 6-4). À 17 ans et 288 jours, il est non seulement le plus jeune joueur à remporter un tournoi du Grand Chelem (record battu plus tard par Michael Chang à Roland-Garros, en 1989), mais il est également le premier joueur non tête de série et le premier Allemand à soulever le trophée au All England Club.

Les personnages : Boris Becker et Kevin Curren

  • Boris Becker, “Boum-Boum” le prodige 

En 1985, Boris Becker, âgé de 17 ans, est le joueur allemand le plus prometteur de sa génération. Avec son grand service et ses puissants coups de fond de court, il est soutenu par la Fédération allemande depuis son plus jeune âge. Il devient professionnel en 1984, entraîné par Günther Bosch, avec l’aide financière de Ion Tiriac, qui fait alors ses premiers pas en tant que manager. En juin 1985, Becker remporte son premier titre au prestigieux tournoi du Queen’s, en battant de grands joueurs tels que Pat Cash et Johan Kriek. Lorsque Wimbledon débute, l’adolescent est déjà 20e  mondial.

Becker, Wimbledon 1985
Boris Becker plongeant sur le gazon de Wimbledon en 1985, © Prosport / Panoramic
  • Kevin Curren, l’attaquant au service illisible

Kevin Curren, qui a obtenu la nationalité américaine au mois d’avril, a 27 ans en juillet 1985. Né en Afrique du Sud, il a joué pour l’Université d’Austin, au Texas, et a obtenu le titre de champion universitaire en 1979. Son jeu, reposant sur un service particulier, avec un lancer de balle très bas qui le rend difficile à lire, est surtout efficace sur surface rapide. Il obtient son premier résultat remarquable à Wimbledon, en 1983, où il atteint les demi-finales, battu par Chris Lewis (6-7, 6-4, 7-6, 6-7, 8-6) après une victoire de prestige sur Jimmy Connors, le tenant du titre, en huitièmes de finale (6-3, 6-7, 6-3, 7-6). En 1984, son jeu offensif fait une nouvelle fois ses preuves sur gazon lorsqu’il parvient en finale de l’Open d’Australie face à Mats Wilander (6-7, 6-4, 7-6, 6-2). En juillet 1985, à l’entame de Wimbledon, il est numéro 9 mondial. 

Le lieu : Wimbledon et son mythique Centre Court

Wimbledon est le tournoi de tennis le plus ancien et le plus prestigieux au monde. Organisé par le All England Lawn Tennis and Croquet Club depuis 1877, il s’est installé sur son site actuel en 1922, année de la construction du célèbre Centre Court. Considéré par beaucoup comme le court le plus impressionnant au monde, avec sa célèbre citation de Rudyard Kipling gravée au-dessus de l’entrée (« Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite et recevoir ces deux menteurs d’un même front »), le Centre Court a vu s’affronter tous les plus grands joueurs de l’histoire. Après la conversion, dans les années 1970, de l’US Open à la terre battue puis au ciment, et après l’abandon du gazon au profit du dur par l’Open d’Australie en 1988, Wimbledon demeure le dernier tournoi du Grand Chelem sur herbe, une surface qui convient généralement mieux aux serveurs-volleyeurs. Non seulement Wimbledon conserve sa surface historique, mais le tournoi maintient également certaines traditions comme l’obligation pour les joueurs de s’habiller en blanc, où le fait de programmer le tenant du titre en match d’ouverture sur le court central.

L’histoire : Becker, entre provocation et plongeons

Malgré son récent titre au Queen’s, Boris Becker, 17 ans, 20e mondial, ne fait pas partie des têtes de série du tableau de Wimbledon (il n’y a à l’époque que 16 têtes de série dans les tournois du Grand Chelem). Même si de nombreux observateurs le considèrent comme un joueur à surveiller au All England Club, peu d’entre eux s’attendent à le voir se hisser dans le dernier carré. D’ailleurs, le jeune Allemand échappe miraculeusement à une défaite dès le troisième tour contre Joakim Nyström, le Suédois servant pour le match à deux reprises dans le cinquième set, avant que Becker ne finisse par prendre le dessus (3-6, 7-6, 6-1, 4-6, 9-7). Pour se frayer un chemin jusqu’en la finale, l’adolescent élimine ensuite des joueurs aussi dangereux que Tim Mayotte, Henri Leconte et Anders Jarryd. 

En finale, le nouveau venu affronte Kevin Curren, n° 9 mondial, qui a réussi l’exploit de battre à la fois Jimmy Connors et John McEnroe (numéro 1 mondial et tenant du titre) pour atteindre la deuxième finale de Grand Chelem de sa carrière.

Je pense que cela va changer le tennis en Allemagne. Ils n’ont jamais eu d’idole, et maintenant ils en ont peut-être une.”

Boris Becker

Dans un duel de grands serveurs (Becker claque 21 aces contre 19 pour Curren), le jeune homme est celui qui fait preuve de la meilleure maîtrise de soi. Intrépide, l’Allemand lance des regards provocateurs à son adversaire, et va jusqu’à lui heurter l’épaule lors d’un changement de côté. Pendant ce temps, bien qu’il ait plus d’expérience et qu’il ait déjà participé à une finale de Grand Chelem auparavant, Curren ne parvient pas à servir aussi bien que face à McEnroe et Connors lors des tours précédents. Becker, dont les spectaculaires plongeons à la volée sont très appréciés du public, l’emporte en quatre sets (6-3, 6-7, 7-6, 6-4). 

”Il n’a pas eu à affronter un McEnroe ou un Connors”, déclare Curren, selon le New York Times, ”mais ce que Becker a fait est le signe d’une grande maturité pour quelqu’un d’aussi jeune. Il a les qualités d’un champion. A 17 ans, j’aurais été totalement intimidé par toute cette atmosphère”.

Plus jeune joueur et premier Allemand à triompher à Wimbledon, après que le légendaire Gottfried von Cramm a perdu trois finales consécutives en 1935-1937, Becker sait qu’il a changé de statut pour toujours : ”Je suis le premier Allemand, et je pense que cela va changer le tennis en Allemagne”, dit-il. ”Ils n’ont jamais eu d’idole, et maintenant ils en ont peut-être une.”

La postérité du moment : Becker deviendra un monument du tennis

Après son triomphe spectaculaire à Wimbledon, l’Allemand confirmera son statut en remportant le titre à Cincinnati, en battant Mats Wilander en finale (6-4, 6-2). En terminant l’année à la sixième place mondiale, il se qualifiera pour la Masters où il atteindra la finale, surclassé par Ivan Lendl (6-2, 7-6, 6-3). Grâce à sa grande puissance, Becker défendra avec succès sa couronne de Wimbledon en 1986, en battant le numéro un mondial Ivan Lendl en finale (6-4, 6-3, 7-5). Tout au long de sa carrière, il accumulera trois titres au All England Club et neuf couronnes du Grand Chelem, occupant la première place mondiale pendant 12 semaines en 1991.

Après Wimbledon, Kevin Curren atteindra la cinquième place mondiale, ce qui restera le meilleur classement de sa carrière. Au cours des années suivantes, son puissant service ne lui permettra qu’une seule fois d’atteindre les quarts de finale d’un tournoi majeur, à Wimbledon, en 1990.

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