20 décembre 1994 : Le jour où Ivan Lendl a officiellement pris sa retraite

Le 20 décembre 1994, l’ancien n°1 mondial Ivan Lendl annonce officiellement la fin de sa carrière. À l’époque, en plus de ses huit titres du Grand Chelem, il détient également les records du plus long règne et des gains les plus importants jamais accumulés en tournoi par un joueur.

Ce qu’il s’est passé ce jour-là et pourquoi c’est historique : Lendl et une blessure au dos sans issue

Ce jour-là, le 20 décembre 1994, l’ancien n°1 mondial Ivan Lendl annonce officiellement la fin de sa carrière. À l’époque, en plus de ses huit titres du Grand Chelem, il détient également les records du plus long règne (270 semaines au sommet du classement) et des gains les plus importants jamais accumulés en tournoi par un joueur (20 millions de dollars). D’après les médecins, il n’a aucune chance de se remettre de la blessure au dos qui a gâché sa saison 1994. « C’est très difficile pour moi », dit-il. « « Ce n’est pas ainsi que j’aurais voulu arrêter et je suis sûr que ce sport que j’aime tant va me manquer. »

L’acteur : Ivan Lendl

  • Ivan Lendl, redoutable travailleur

Né en 1960, Ivan Lendl redéfinit les standards du jeu de fond de court, avec un coup droit lifté très puissant qui lui permet d’être à la fois agressif et extrêmement régulier, poussant ses adversaires à un rude combat physique. Il redéfinit également les standards en termes de préparation, s’entraînant plus que quiconque auparavant, bien plus soucieux de sa condition physique et de son alimentation que n’avaient l’habitude de l’être les tennismen de l’époque.

Passé pro en 1978, il se pose dès 1980 comme l’un des quatre meilleurs joueurs au monde avec Björn Borg, John McEnroe et Jimmy Connors. Bien qu’il ait déjà remporté des dizaines de tournois ATP, dont le Masters 1981 en venant à bout de Vitas Gerulaitis (6-7, 2-6, 7-6, 6-2, 6-4), il ne parvient pas à décrocher un titre du Grand Chelem avant 1984. A vrai dire, il échoue à quatre reprises en finale, une fois à Roland-Garros (en 1981, battu par Björn Borg), deux fois à l’US Open (battu par Jimmy Connors, en 1982 et 1983) et une en Australie (battu par Mats Wilander en 1983). En 1984, Lendl triomphe finalement à Roland-Garros, venant à bout de John McEnroe à l’issue d’une finale légendaire où il surmonte un handicap de deux sets.

En 1985, il atteint la finale des Internationaux de France (battu une nouvelle fois par Wilander), mais à l’US Open, quelques semaines après être redevenu numéro 1 mondial, il décroche un deuxième titre du Grand Chelem aux dépens de John McEnroe (7-6, 6-3, 6-4). Au cours des années suivantes, Lendl assied sa domination sur le tennis mondial, s’adjugeant six tournois du Grand Chelem : Roland-Garros (1986, 1987), l’US Open (1986, 1987) et l’Open d’Australie (1989, 1990). Il ne parvient pas à triompher à Wimbledon, bien qu’il y atteigne la finale à deux reprises, en 1986 (battu par le jeune tenant du titre, Boris Becker, 6-4, 6-3, 7-5), et en 1987 (dominé par Pat Cash, 7-6, 6-2, 7-5). 

Lors de ses grandes années, Lendl établit un record en passant 270 semaines à la première place mondiale. Il dispute également 9 finales consécutives au Masters, où il s’impose à 5 reprises.

Au début des années 1990, la domination de Lendl est terminée, mais il demeure un solide joueur du top 10 jusqu’en 1992. En 1993, il ne parvient pas à dépasser le deuxième tour en Grand Chelem, et il termine la saison à la 18e place mondiale, son plus mauvais classement en fin d’année depuis 1979, remportant tout de même son dernier titre au mois d’octobre, à Tokyo.

En 1994, après un bon début (il dispute notamment sa dernière finale, à Sydney, battu par Pete Sampras, 7-6, 6-4), il souffre d’une blessure au dos et plonge à la 30e place mondiale lorsqu’il est contraint d’abandonner face à Bernd Karbacher au deuxième tour de l’US Open.

L’histoire : « C’est un moment très difficile et très triste pour moi »

Au début de l’année 1994, Ivan Lendl a accepté le fait que ses plus grandes années sont maintenant derrière lui, et il a l’intention de poursuivre sa carrière pour l’amour de la compétition. Malheureusement, après un bon départ (seulement battu par le n°1 mondial, Pete Sampras, en finale de Sydney et en huitièmes de finale de l’Open d’Australie), on lui diagnostique un syndrome des facettes articulaires avant le printemps. Cette blessure provoque des spasmes au niveau du dos, qui le contraignent à l’abandon à quatre reprises au long de la saison, et notamment au deuxième tour de l’US Open.

Après avoir essayé de nombreux traitements, et l’avoir même opéré, les médecins finissent par lui dire qu’il ne sera plus jamais en mesure de jouer au tennis au plus haut niveau. C’est pourquoi, le 20 décembre, Lendl convoque la presse pour annoncer qu’il prend sa retraite.

« C’est un moment très difficile et très triste pour moi », déclare Lendl, d’après le Washington Post. « Ce n’est pas ainsi que j’aurais voulu arrêter et je suis sûr que ce sport que j’aime tant va me manquer. »

L’ancien n°1 mondial en dit alors un peu plus au sujet de sa blessure.

« C’est le fait de courir et de poser des appuis sur dur qui provoque les spasmes, et une fois qu’ils commencent, ils ne font que s’étendre, partout dans le milieu du dos », explique-t-il. « Si je n’étais pas un sportif professionnel, je serais juste un mec qui a mal au dos, mais du coup, je dois mettre un terme à ma carrière juste au moment où je commençais à apprécier le fait de jouer sans la pression du résultat. (…) Ma seule crainte est que cela me manque trop. J’aurais voulu quitter le tennis en n’ayant plus envie de jouer, pas maintenant. »

Interrogé au sujet de ses éventuels regrets, et plus particulièrement sur son incapacité à s’imposer à Wimbledon, Lendl se montre réaliste.

« Ne pas avoir gagné Wimbledon ne va pas me poser problème pour toujours », dit-il. « Je suis tout à fait conscient de mes lacunes sur gazon, et peut-être que si l’Open d’Australie n’avait pas changé de surface, on parlerait des deux Grands Chelems que je n’ai pas gagné, et non d’un seul. Mais je suis plutôt en paix avec ce que j’ai accompli. »

Lendl estime aussi qu’il est assez « ironique » qu’après avoir misé sur une forme physique extraordinaire pendant tant d’années, il se trouve obligé de tout arrêter , abandonné par son corps.

« Les gens peuvent dirent que j’ai développé une volonté de fer, mais ce qui s’est réellement passé c’est que je me suis bâti une condition physique. Je pense qu’une volonté de fer s’appuie toujours sur une bonne condition physique. »

Pour terminer, il donne quelques indications concernant ses futures occupations. Lendl a l’intention de développer sa société de management, Spectrum, et il semble bien qu’après avoir échoué sur le gazon de Wimbledon, il soit à présent attiré par un autre type de gazon.

« Je ne pense pas que je vais rester allongé à ne rien faire. L’été dernier j’ai fait le tournoi de golf d’un club du coin, et l’intensité était au rendez-vous. Je me suis même senti nerveux, ce qui m’a un peu surpris. »

La postérité du moment : Ivan Lendl, futur entraîneur d’Andy Murray

Ivan Lendl passera près de vingt ans loin du circuit, à jouer au golf, élever ses filles et s’occuper de ses bergers allemands. En 2012, il sera de retour en tant qu’entraîneur d’Andy Murray. L’Écossais fera appel à Lendl après avoir, de façon assez similaire, perdu ses quatre premières finales de Grand Chelem. Lors de la première année de leur collaboration, Murray remportera l’or olympique à Londres avant de soulever son premier trophée majeur à l’US Open.

Lendl, qui de son temps n’était certes pas le favori du public, laissera une marque indéniable dans l’histoire du tennis, celle du joueur qui a tout simplement redéfini le professionnalisme. 

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