Vous pouvez résister un set, ou deux, mais Alcaraz finira par vous laminer sur terre : ça nous rappelle Nadal
Comme Lorenzo Musetti l’a constaté vendredi, de nombreux joueurs peuvent rivaliser un temps avec Alcaraz, mais peu parviennent à conclure
Carlos Alcaraz – Roland-Garros 2025 © Dante Badano / Psnewz
À l’époque où Rafael Nadal enchaînait les titres à Roland-Garros, il régnait une impression générale sur le circuit : on pouvait, en jouant à son niveau maximal, rivaliser avec lui pendant un moment. Mais inévitablement, l’Espagnol finissait par user physiquement et mentalement ses adversaires.
En 2019, Dominic Thiem l’a poussé pendant deux sets en finale avant de céder. En 2022, Alexander Zverev lui avait tenu tête lors de deux sets d’anthologie avant de se blesser gravement à la cheville. D’autres encore ont joué un tennis exceptionnel, l’ont fait douter… mais ont tous fini par s’incliner. Certes, Novak Djokovic l’a battu à quelques reprises, mais cela reste l’exception.
Rafael Nadal est unique, mais aujourd’hui, affronter Carlos Alcaraz sur terre battue s’apparente à un défi similaire, comme l’a constaté Lorenzo Musetti, battu par l’Espagnol en demi-finales de Roland-Garros.
Durant deux sets, l’Italien a sans doute été le meilleur joueur sur le court, frappant des revers gagnants à tout-va et empêchant Alcaraz d’installer son jeu. Mais comme souvent face à Nadal, l’intensité physique et mentale exigée pendant près de deux heures a eu raison de lui. Musetti a fini par ressentir une douleur à la cuisse gauche, l’obligeant à abandonner alors qu’il était mené 2-0 dans le quatrième set.
« C’est sans doute, si ce n’est le plus grand défi du moment dans notre sport, en tout cas l’un des plus durs », a reconnu Musetti. « Il est extrêmement agressif, il faut être concentré en permanence.
Avec un revers à une main, affronter des joueurs comme Carlos ou Jannik (Sinner) n’est pas simple. Physiquement, c’était très intense pour moi. À la fin, j’ai commencé à ressentir des douleurs. C’est clairement très dur. »
Alcaraz : « Je sais que j’impose une énorme intensité »
Ce qui rend le défi encore plus grand, c’est qu’Alcaraz est pleinement conscient de la difficulté qu’il représente. Doté d’une puissance physique hors norme et d’une condition physique irréprochable, il sait qu’en restant patient, il finira par prendre le dessus — même si son adversaire joue à un niveau exceptionnel.
« Jouer à un tel niveau, avec une telle intensité pendant trois sets, c’est extrêmement exigeant », a-t-il confié. « Je sais que je mets beaucoup d’intensité dans mes matchs. Je frappe fort du début à la fin, et certains joueurs ne sont pas habitués à cette cadence. »
« Cela me donne beaucoup de confiance en Grand Chelem, parce que même si je perds un ou deux sets, je sais que je peux revenir. J’ai essayé de le pousser à bout. Les deux premiers sets étaient très intenses. Dans le troisième, j’ai cherché à le faire courir encore plus, en pensant aussi à la suite du match. C’est important pour moi et ça m’apporte de la confiance. »
Il ajoute que perdre un set ne doit pas être vu comme une catastrophe. Il préfère se concentrer sur l’ensemble du match : « Parfois, je me dis : OK, mon adversaire joue un tennis exceptionnel, mais je ne baisse pas vraiment de niveau. Donc je ne m’inquiète pas. En Grand Chelem, on a le temps. Je ne suis pas inquiet de perdre un set ou deux, parce que je sais que je suis suffisamment fort mentalement pour revenir. »
Musetti : « Il fallait que je joue mon meilleur tennis »
Malgré la défaite, Lorenzo Musetti s’est montré satisfait de sa prestation, estimant avoir livré l’un de ses meilleurs matchs contre Alcaraz, bien meilleur que lors de leurs deux précédents duels sur terre cette saison (à Monte-Carlo puis à Rome).
« Il a fallu que je joue probablement mon meilleur tennis du tournoi pour rester à son niveau », a-t-il analysé. « J’ai vraiment senti que j’avais franchi un cap. J’étais plus proche de lui, j’ai tenu un haut niveau pendant deux heures. »
« Je savais avant même d’entrer sur le court qu’il me faudrait sans doute réaliser le meilleur match de ma carrière. Et pendant une bonne partie, je pense avoir réussi. J’étais là physiquement, techniquement, mentalement. Il était très agressif en retour, mais j’ai très bien servi aujourd’hui. »
« Si je dois analyser les deux premiers sets, ils étaient de très haut niveau. Ensuite, avec la blessure, je n’ai plus pu rivaliser. C’était une situation malheureuse… mais à la fin, il en avait tout simplement plus que moi. »
