Gauff fait imploser Sabalenka et remporte enfin Roland-Garros
Coco Gauff a remporté son deuxième tournoi du Grand Chelem et son premier Roland-Garros en profitant d’un gros manque de maîtrise émotionnelle de la n°1 mondiale (6-7, 6-2, 6-4)

Les mêmes images d’une Coco Gauff qui glisse sur le dos. La même attitude abasourdie les deux mains sur le visage. Les mêmes célébrations instantanées avec ses proches. Et la même posture voutée, assommée d’Aryna Sabalenka, bientôt prise de crises de larmes de détresse : Coco Gauff a remporté son premier Roland-Garros et son deuxième tournoi du Grand Chelem, samedi, en infligeant à la numéro un mondiale une expérience proche de leur première finale majeure à l’US Open 2023.
A New York, Gauff avait renversé une rencontre entamée avec puissance et autorité par Sabalenka (2-6, 6-3, 6-2). Le score parisien n’est pas jumeau mais il raconte une histoire comparable. Gauff s’impose 6-7, 6-2, 6-4 pour à peu près les mêmes raisons : elle a été plus stable émotionnellement, elle a sapé la confiance de Sabalenka qui n’a pas l’habitude de voir autant de balles revenir, et elle a saisi la chance qui se présentait.
Il y avait malgré tout une grosse différence : la tension. Sur la terre du Chatrier, elle fut plus forte, plus pesante, plus irrespirable, avec une Aryna Sabalenka victime de 70 fautes directes, d’un service absent et d’une relation à fleur de peau avec sa box. Elle s’est excusée deux fois d’avoir joué un « tennis si terrible », en larmes, pendant la cérémonie de remise des trophées.

Un tennis féminin sans patronne
Cette finale conforte la constat d’un tennis féminin sans patronne, après la glissade d’Iga Swiatek au classement jusqu’à la cinquième place mondiale. Sabalenka est la première joueuse depuis Serena Williams en 2016 à enchaîner trois finales de Grand Chelem, mais elle a perdu les deux dernières : à l’Open d’Australie contre Madison Keys, à Paris contre Coco Gauff.
Aucune joueuse en activité n’a par ailleurs remporté plus de deux couronnes majeures : Roland-Garros et l’US Open pour Iga Swiatek et Coco Gauff, l’Open d’Australie et l’US Open pour Aryna Sabalenka. Six des dix meilleures joueuses mondiales n’ont jamais gagné de tournoi du Grand Chelem.
Coco Gauff, battue en finale en 2022 par Iga Swiatek sans avoir pu afficher les qualités de combativité qui l’ont sacrée reine à Paris, confirme qu’elle est un des rares spécimens de joueuse américaine à l’aise sur terre battue. Elle avait gagné le tournoi juniors en 2018, à seulement 14 ans
Pourtant à 4-1 double break dans le premier set, la crainte était celle d’une finale express. Sabalenka dominait Gauff sur chaque balle, grâce à une puissance supérieure et une prise d’initiative étouffante. Gauff n’avait alors remporté que huit points en cinq jeux et demi et semblait complètement dépassée par les événements.
Plutôt qu’un retour de flamme de Gauff, la finale a basculé sur le retour de vieux démons chez la Biélorusse, longtemps privée de couronnes en majeur en raison de son émotivité. Fautes directes, agacement… Agacement, fautes directes. Contre une compétitrice aussi affûtée que Gauff, ce type ce cycle pouvait difficilement mener à une issue favorable. A partir de 4-4 double debreak de Gauff, le match a été une succession de tennis sous pression, avec 34 balles de break cumulées, 15 converties, 9 pour Gauff, 6 pour Sabalenka.
Avoir éliminé Iga Swiatek en demi-finale, non sans avoir fait l’objet du même type retour au premier set après avoir bien débuté. Sabalenka a donné l’impression d’avoir laissé beaucoup d’influx dans ce match au sommet.
L’emprise de Gauff sur Sabalenka
Sabalenka a malgré tout réussi à rester dans le match jusqu’à obtenir une balle d’égalisation à 5-5 au troisième set, après avoir sauvé une balle de match d’un retour gagnant en coup droit dans le lucarne. La même tentative sur sa balle de débreak est partie dans le décor. Et Gauff a saisi sa chance sur une balle de match étrange conclue par une nouvelle faute en coup droit de Sabalenka. Côté gauche de la ligne de fond, comme à New York.
Avec plus de 3000 points de retard sur Sabalenka au classement WTA, Gauff, 21 ans, n’est pas encore sur la voie de la contestation du trône. Même si cela pourrait venir cette saison. Après avoir battu Sabalenka en finale des WTA Finals en 2024, l’Américaine a une autre forme d’emprise sur la numéro un mondiale.