Le coup de gueule de Benoît Paire après son élimination

Agacé autant par les conditions dans lesquelles se déroule ce Roland-Garros, qu’il a quitté mercredi dès le 2eme tour, que par les critiques envers les joueurs français, Benoît Paire ne mâche pas ses mots.

Peut-être une fin de calvaire pour Benoit Paire. Le Français admettait lui-même que sa victoire au premier tour de Roland-Garros était ne surprise tant il n’était pas en forme au moment d’aborder le Grand Chelem français. Sa route s’est donc terminée au deuxième tour après une défaite face à Federico Coria (99e) en quatre manches (7-6 [3], 4-6, 6-3, 6-1). Dans le coup dans les deux premiers sets, où il avait un break d’avance dans chacun d’eux, l’Avignonnais n’a pu en remporter qu’un seul, avant de baisser physiquement. Paire est revenu sur son Roland, ces dernières semaines compliquées et l’avenir du tennis français pour lequel il se montre très positif.

Comment expliquez-vous cette nouvelle défaite ?
C’est physiquement. En termes de tennis, il y avait la place. À partir du moment où au bout d’une heure, j’arrête… Dès que les échanges commencent à durer, à partir du moment où je perds le premier set, je pense que c’est dans la tête et les jambes. Je ne suis pas en grande forme. Tout le monde le sait depuis le début. Je savais que cela allait être comme ça le prochain match. J’espérais juste gagner le match, parce qu’il y avait la place. J’ai juste retardé l’échéance, je suis fatigué. Bien sûr que personne ne peut se rendre compte de ce que l’on a vécu. Je ne m’attendais pas à faire des miracles. Mon niveau de jeu et le fait de tenir quatre sets, c’est bien. Je craque. Ce n’est pas grave, je suis limite soulagé d’avoir perdu et j’ai hâte de retrouver le vrai Roland-Garros l’année prochaine.

“J’ai envie de faire une belle saison l’année prochaine”

En conséquence, à quoi aspirez-vous jusqu’à la fin de la saison ?
Je vais jouer les tournois qu’il y a à jouer. Je crois qu’il y a Cologne, je vais peut-être y aller. Je vais déjà un peu rentrer chez moi. Je vais voir mes amis, profiter de tout le monde. Cela fait six semaines que je ne suis pas rentré chez moi, que je suis dans des chambres d’hôtel. J’ai juste envie d’aller faire un resto, même si cela ferme à 22h00 et que ce n’est pas possible de rester plus tard parce qu’il y a le virus.

J’ai juste envie de pouvoir vivre sans masque toute la journée en étant chez moi tranquillement. C’est compliqué toute cette situation, elle n’est pas facile. Voilà. Je suis juste déçu, parce que physiquement je n’étais pas prêt, mais en termes de niveau de jeu, je ne suis pas inquiet pour l’année prochaine. C’est ça que je vois. J’ai envie de faire une belle saison l’année prochaine, comme je l’ai annoncé déjà avant le tournoi. Ce n’est pas une surprise pour moi de perdre au deuxième tour. Je veux simplement bien récupérer et repartir sur une belle préparation pour faire une belle saison 2021. C’est tout ce que je vais retenir pour l’instant.

Ce Roland-Garros, c’était cool de venir, mais j’ai hâte de retrouver les vraies atmosphères de Roland, avec les gens et tout ce qui se passe en dehors, avec l’effervescence du public qui nous pousse jusqu’au bout, comme j’ai vécu l’année dernière. Là, c’est un peu dur, même s’il y avait un peu de monde. Je remercie les gens d’être venus pour m’encourager, mais ils ont bien vu que je n’étais pas dans l’état physique pour tenir le coup.

“La plupart des joueurs sont contents de rentrer chez eux quand ils ont perdu”

Parleriez-vous d’une saison à oublier définitivement ?
Oui, mais pas que pour moi. Elle est à oublier pour beaucoup de monde. Honnêtement, je parle à beaucoup de joueurs, ils sont là mais ils ne jouent pas vraiment comme un tournoi du Grand Chelem. On va dire qu’il y a des gros matches, mais la plupart des joueurs sont contents de rentrer chez eux quand ils ont perdu alors que ce n’est que notre quatrième tournoi. La plupart des joueurs n’ont pas bougé de leur chambre d’hôtel non plus et on ne fait que club-hôtel, club-hôtel. Si c’est pour jouer au tennis comme ça, dans ces conditions-là, ce n’est pas un réel plaisir, en ayant des tests toute la journée, en se demandant si on va être positif ou négatif. C’est épuisant et puis, surtout le tennis, cela le rend beaucoup moins fun. On prend moins de plaisir sur le court. Après, il y a toujours des mecs qui sont bien préparés, qui jouent quelque chose, qui sont en forme. Pour eux, c’est plus facile.

Cela n’enlève rien à la belle performance de votre adversaire…
Dans des conditions normales, ce match, aujourd’hui (mercredi), je ne le perds pas. Voilà, c’est ce que je retiens. Après, je félicite Federico, il a fait ce qu’il fallait pour me battre. Mais dans l’ensemble, je pense quand même que si ça se rejoue l’année prochaine dans un Roland normal, je pense que je ne vais pas perdre ce match, en étant préparé et n’en ayant pas fait dix jours et cinq jours dans les chambres d’hôtel sans aucune préparation physique.

Pas de fin de cycle pour les quatre Mousquetaires

Que répondez-vous à ceux qui pensent aujourd’hui que derrière les quatre mousquetaires du tennis français (Monfils, Simon, Tsonga et Gasquet), il n’y a aucune relève, et ce pour probablement de très longues années, et que cette génération est finie ?
Ce débat est ridicule. On a quand même un mec qui est dans les dix et on arrive à dire qu’elle est finie, la génération. Je suis désolé, mais la Monf, quand on le voit en début d’année, est-ce que quelqu’un dit : là, c’est fini pour les Mousquetaires ? Alors que quand on le voit en début d’année, on le mettait favori pour Roland-Garros. Il faut se rendre compte que cette année, il y a eu le confinement, cette saison particulière sans public, tout ça. La Monf, pendant le confinement, ce n’est pas le plus sérieux. Il ne s’est pas non plus entraîné de dingue pour se dire : voilà, moi je veux faire si, ça, ça. Il aime le tennis, mais il aime jouer devant du monde. Au fond de lui, cela le rend triste un Roland comme ça. Quand il rentre sur Suzanne-Lenglen et qu’il n’y a pas bruit, je pense que quand il a connu ce qu’il a connu, c’est très compliqué pour lui. Il reste neuvième mondial.

Donc, pour vous, cette génération a encore un avenir ?
Oui, cette génération n’est pas du tout finie. Il faut voir Richard (Gasquet) comme il était avant le confinement. Pendant les dix jours, il était très très bien physiquement. Il se sentait bien au niveau du tennis, il était très motivé. Finalement, cela l’a coupé dans son élan. Gilles Simon, c’est son style de jeu qui n’est pas facile, mais il est capable de gagner de très bons titres. Jo (Wilfried-Tsonga), on ne sait pas trop où il en est. Il faut arrêter des débats comme ça, en disant que c’est la fin des quatre Mousquetaires. On a encore un mec qui est dans les dix. Ce n’est pas fini. C’est très rare d’avoir des mecs dans les dix. Profitons-en déjà. Et la nouvelle génération, on a Ugo (Humbert). Même s’il a perdu au premier tour ici, il va en faire de très bons résultats parce qu’il joue très bien au tennis. Il peut rentrer dans les dix assez rapidement aussi. Il joue très bien au tennis, il frappe bien la balle, il a une très bonne mentalité. Lucas (Pouille) est blessé, ce n’est pas de chance pour lui, mais on va voir comment il va revenir. Il faut juste attendre un peu avant de tirer des : « ça y est, c’est comme ça, c’est ci, c’est ça ! »

Vous paraissez très remonté…
Ça m’énerve un peu, parce qu’on a des très bons joueurs et on ne s’en rend pas vraiment compte. Un Monfils, s’il se prépare l’année prochaine, on va encore nous le mettre favori. S’il joue bien en début d’année, on va encore dire : ça y est, c’est son année à Gaël ! Alors que trois mois avant, vous avez dit : c’est peut-être la fin de la génération des Mousquetaires. Attendez un peu. C’est une saison très particulière, il ne faut pas non plus tirer des enseignements de cette saison. Elle ne veut rien dire, cette saison. Il y a des mecs très préparés et on sait qu’ils vont très bien jouer. Mais il y en a aussi qui n’ont pas fait grand-chose. Moi, je n’ai pas fait grand-chose. Gaël, cela a été particulier. On ne sait pas quand on reprend. On a repris dans des conditions extrêmes. Ce n’est pas non plus la fin du monde. On n’est pas triste, on est rentré chez nous. Je vais rentrer chez moi, je suis très content, alors que d’habitude, quand je perds à Roland, je suis effondré. Là il ne se passe rien. Regardez la conférence de presse. J’ai des sièges vides en face de moi, en train de regarder une caméra. Ce n’est pas comme d’habitude. Donc, il faut juste s’arrêter, se calmer. L’année prochaine, on verra et si l’année prochaine, ils font tous une mauvaise saison, on dira peut-être que c’est la fin. Mais il ne faut pas tirer des enseignements trop vite sur cette saison.

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