Sauvez le double !

Les meilleurs joueurs du monde ne jouent plus le double, discipline en plein déclin, qui mérite d’être remis en lumière.

Mike et Bob Bryan, Wimbledon 2013 Mike et Bob Bryan, Wimbledon 2013 – © Tennis Magazine / Panoramic

À une époque où l’on réfléchit essentiellement à la manière de faire évoluer les formats de jeu pour les rendre le plus congruent possible à l’évolution des modes de consommation, il faudrait peut-être aussi commencer à s’attaquer sérieusement à la manière dont on pourrait pérenniser une discipline autrefois majeure de notre sport, désormais semble-t-il en plein déclin : le double.

Avec le peu de diplomatie qui le caractérise, ce qui n’exclut pas le bon sens d’une partie de sa réflexion, l’Américain Reilly Opelka a jeté un pavé dans la mare récemment sur twitter : pour lui, les joueurs de double sont les athlètes les plus “surpayés” de la planète.

https://twitter.com/ReillyOpelka/status/1604898762274373633?s=20&t=9al21mqpwTHMyE054PIfgw

Dit comme ça, c’est peut-être un peu violent, mais aujourd’hui, n’importe quel directeur du tournoi le confirmerait : à de rares exceptions près comme les frères Bryan il y a quelques années ou notre tandem national Nicolas Mahut/Pierre-Hugues Herbert en France, les joueurs de double ne leur permettent pas de vendre le moindre billet. Pour autant, ils sont bien “obligés” de leur allouer un prize-money plus que confortable. On est très loin de la rémunération au mérite chère à toute représentation événementielle.

Les stars ne jouent plus en double

Nicolas Mahut et Pierre-Hugues Hebert, Montpellier 2022
Nicolas Mahut et Pierre-Hugues Hebert, à Montpellier en 2022, crédit : JB Autissier / Panoramic

Comment en est-on arrivé à cette situation un peu ubuesque ? Le constat est assez simple et ne date pas d’hier. L’augmentation des cadences infernales ces deux ou trois dernières décennies a progressivement conduit les stars du jeu à ne quasiment plus jouer en double, en dehors des occasions spécifiques comme les Jeux Olympiques ou les épreuves par équipes.

De là est d’ailleurs né un autre débat selon lequel s’ils se décidaient à pratiquer leur sport en duo un peu plus souvent et surtout un peu plus sérieusement, les meilleurs joueurs de simple seraient aussi les meilleurs joueurs de double, largement devant les meilleurs spécialistes actuels qui n’existeraient plus. Comme c’était le cas avant, des origines du jeu jusque dans les années 80, pour ainsi dire.

Federer Nadal Laver Cup 2022 double
©Antoine Couvercelle / Panoramic

C’est peut-être vrai, mais les spécialistes en question mériteraient qu’on leur donne leur chance de prouver que c’est faux, en leur permettant d’affronter régulièrement des top joueurs tout au long de l’année. Cela réhausserait la valeur de leurs performances et leur notoriété. Cela renforcerait la crédibilité générale du double, tout simplement.

Un double qui compte… pour le simple ?

Maintenant, comment faire ? On ne va certainement pas demander demain à un Novak Djokovic de viser la place de numéro 1 mondial en double, objectif qui l’intéresse sans doute tout autant que le souvenir de sa première corde cassée. Il semble pourtant qu’on pourrait réfléchir à des mesures qui pourraient inciter les meilleurs joueurs de simple à s’investir davantage en double, et vice-versa d’ailleurs.

Par exemple, comme le demandent certains, réclamer un classement minimal en simple pour pouvoir s’inscrire en double. Ou réfléchir à un barème qui permettrait aux résultats en double d’être pris en compte dans le classement de simple, comme c’est le cas sur le circuit ITF juniors. Ou autre…

Ce qui est sûr, c’est que cette discipline unanimement appréciée des pratiquants de club comme des spectateurs dans les grandes occasions, une discipline par ailleurs aussi pédagogique notamment pour les jeunes en formation, ne saurait continuer à “vivoter” de la sorte dans un train-train du circuit qui semble la conduire à sa perte. Et si on s’en faisait un objectif prioritaire en 2023 ?

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