Monfils : “Pourquoi je n’ai jamais gagné de Grand Chelem ? Parce que le Big 4 a toujours été plus fort que moi”

Lors d’un dîner organisé par l’UTS, Gaël Monfils a expliqué pourquoi, selon lui, les joueurs comme Rafael Nadadal, Novak Djokovic, Roger Federer ou Andy Murray ont toujours été un cran au-dessus de lui

Gaël Monfils, UTS Los Angeles 2023 Gaël Monfils, UTS Los Angeles 2023 (Thierry Breton / Panoramic)

Deux joueurs et un entraîneur entre dans un restaurant. Non, ce n’est pas le début d’une mauvaise blague. Plutôt celui d’un bon moment, où des acteurs du tennis ont discutés sans se cacher. En révélant bien plus de choses que lors des conférences de presse aux cadres moins détendus, ou d’interviews face à des journalistes avec lesquels ils sont nettement moins intimes.

Lors d’un diner-talk organisé par l’Ultimate Tennis Showdown, Gaël Monfils, en compagnie de Benoît Paire et Patrick Mouratoglou, s’est livré. Notamment sur la fameuse question : “Pourquoi n’as-tu jamais gagné de titre du Grand Chelem ?”

“Parce que les gars (Rafael Nadal, Roger Federer, Novak Djokovic, Andy Murray) étaient plus forts que moi”, a-t-il répondu. “Les gens te disent toujours : ‘Potentiellement, tu aurais pu faire ça.’ Avec des si, si, si à chaque phrase. Mais on prend un potentiel de quelque chose qui n’existe pas, parce qu’on ne te connaît pas.”

“Parfois, des gens sont un peu agressifs avec moi en me disant: ‘Tu aurais pu gagner un titre du Grand Chelem avec le physique que t’as, t’es un branleur…’. Je réponds : ‘OK, donc tu penses que juste parce que j’ai un gros physique, ça fait de moi un super joueur qui aurait dû gagner un titre du Grand Chelem ? Mais tu ne vois pas comment j’ai bossé mon revers, ma volée…”

Ils (les membres du Big 4) sont plus forts que moi mentalement.

Gaël Monfils

“Je ne savais pas volleyer”, a-t-il poursuivi. “J’ai vachement évolué sur beaucoup d’aspects du tennis pur, mais je reste moins fort que ces gars, qui m’ont d’ailleurs poussé à devenir meilleur. Et déjà dans les catégories jeunes, ils étaient plus forts que moi. Novak, je perds contre lui 7-5 au troisième à la Baule (en finale d’un tournoi international 15/16 ans, en 2002) alors qu’il a un an de moins par exemple.”

Un historique déficitaire contre des joueurs comme Nadal, né comme lui en 1986, Djokovic et Murray, de la génération 1987, qui a causé des dégâts sur le long terme ? “Tu penses que tu n’as jamais gagné de titre du Grand Chelem parce que tu es moins fort qu’eux, ou les mecs sont plus forts justement parce que tu as pensé trop tôt que tu étais moins fort qu’eux ?”, lui a demandé le coach français.

“Intérieurement, je pense qu’ils sont plus forts pour deux raisons”, a répondu “la Monf'”, qui est aussi revenu, au cours des discussions, sur les cas Stan Wawrinka, Marin Čilić et Juan Martín del potro, sacrés en Majeur malgré le règne du monstre à quatre têtes. “Déjà, parce qu’ils sont plus forts que moi mentalement. Ce n’est pas qu’ils ne ‘mouillent’ pas, ça leur arrive aussi (mais ils le gèrent mieux). Et je pense qu’ils sont plus forts mentalement, parce qu’ils sont plus forts physiquement.”

“Demain, tu me fais jouer cinq sets contre Rafa, il aura cette gestion pour ne pas se brûler et mieux se gérer”, a-t-il expliqué. “Je connais ma limite, et la cadence qu’il impose est super élevée. Je peux tenir sur un match, mais même si je gagne, après je ne suis pas sûr de tenir contre Roger ou Novak aux tours suivants. Je pense que ça, c’était un gros obstacle.”

T’aurais dit à mon père, qui gagnait 20 francs de l’heure, que je deviendrai top 10, il aurait rigolé.

Gaël Monfils

Et malgré le travail, le natif de Paris n’a jamais pu les rattraper sur ce plan. Parce qu’eux aussi n’ont jamais cessé de développer leurs qualités. “Intrinsèquement, sur certaines choses, tu restes toujours plus fort que d’autres”, a argumenté Monfils. “Je vais toujours rester plus fort que certains – sans donner de noms (rires) – et eux (le Big 4) vont toujours rester plus forts que moi. On me dit que je me rabaisse, mais non, je suis réaliste.”

Un réponse qui a inspiré une nouvelle question à Patrick Mouratoglou : “Est-ce cette pensée qui t’a empêché de faire mieux contre eux ?” “Attention, nuance”, a répondu l’ancien 6e mondial. “Quand j’entre sur le court, je n’ai pas de doute sur ma capacité à les battre, j’y vais pour gagner. Et, à part Novak, je les ai battus à l’occasion. Mais je fais ce constat qui est évident : ils ont gagné des tas de titres du Grand Chelem, moi aucun.”

Mais, à 37 ans, après près de deux décennies passées sur le circuit principal, 11 titres, deux demi-finales en Grand Chelem, de nombreuses semaines passées dans le top 10 et deux saisons bouclées au sein de cette élite, Gaël Monfils peut être fier de son parcours. Peu importe quand arrivera la chute de son histoire dans le tennis, qui n’a rien eu d’une blague contrairement aux dires des “experts” des réseaux sociaux.

“Bien sûr que je serai content de ma carrière à la fin”, a-t-il répondu à Benoît Paire. “J’ai appris à jouer au tennis à La Courneuve. T’aurais dit à mon père, qui gagnait 20 francs de l’heure, que je deviendrai top 10, il aurait rigolé.”

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