Huit spécificités qui font de Wimbledon un tournoi absolument unique

Alors que Wimbledon fête cette année les 100 ans de son déménagement dans sa mythique enceinte de Church Road, voici huit spécificités qui en font, depuis près d’un siècle et demi, un tournoi totalement à part.

Wimbledon_2010_Centre_Court_evening_ambiance ©Action Plus / Panoramic

1. Déjà, Wimbledon est le plus vieux Grand Chelem

Si Wimbledon est considéré comme le tournoi du Grand Chelem le plus prestigieux, c’est avant tout parce que c’est le plus ancien : la première édition a eu lieu en 1877 (le tournoi n’était pas encore international), tandis que l’ancêtre de l’US Open a vu le jour en 1881, celui de Roland-Garros en 1891 et celui de l’Open d’Australie en 1905.

A l’époque, le concept de Grand Chelem n’existait pas. Seul le temps s’est chargé de faire de ces quatre tournois les quatre piliers majeurs de notre sport. Et le « pilier » Wimbledon est d’autant plus imposant qu’il est situé au cœur du berceau originel du tennis, en Angleterre.

Cette année Wimbledon célèbre les cent ans de son central, là aussi le plus ancien de tous.

2. Wimbledon est le seul Grand Chelem organisé par un club privé

Alors que les trois autres Grands Chelems sont régis par leur Fédération nationale (et donc par extension à la Fédération internationale), Wimbledon, de son côté, est organisé depuis ses débuts par un club privé : le All England Lawn Tennis and Croquet Club (AELTC), fondé en 1868 et basé à Wimbledon.

Concrètement, cette organisation privée se traduit sur place par un fonctionnement légèrement différent des autres Grands Chelems : les membres du AELTC sont mobilisés pour assurer des tâches assurées ailleurs par des membres du staff de l’ITF, de l’ATP ou de la WTA (comme l’organisation des conférences de presse, par exemple).

3. Wimbledon est le seul à avoir longtemps refusé de jouer le dimanche

Pour des raisons essentiellement religieuses, la tradition anglaise a longtemps rechigné à organiser des compétitions sportives le dimanche. Wimbledon a conservé cette tradition jusqu’en 1982, année jusqu’à laquelle pas le moindre match ne s’est joué le dimanche, y compris la finale messieurs organisée le samedi.

Ensuite, le tournoi a coupé la poire en deux en conservant seulement le « Middle Sunday » : pas de match lors du dimanche du milieu. On disait alors, de manière un peu abusive, que c’était pour reposer le gazon. Mais en 2022, le « Middle Sunday » disparaît lui aussi : on jouera désormais, comme partout ailleurs, tous les jours de la semaine.

©Al / Reuters / Panoramic

4. Wimbledon est le tournoi qui a véritablement initié l’ère Open

Si l’ère Open – à savoir l’autorisation donnée aux joueurs professionnels de participer aux tournois officiels aux côtés des amateurs – n’a été signée qu’en 1968, si Roland-Garros a été cette année-là le premier Grand Chelem “Open” de l’histoire, c’est bel et bien Wimbledon qui, un an plus tôt, a forcé les instances à prendre (enfin) cette décision révolutionnaire.

En août 1967, peu de temps après son édition classique, Herman David, alors directeur du tournoi, a organisé à Wimbledon une exhibition réunissant les huit meilleurs professionnels de l’époque (dont Rod Laver, Ken Rosewall, Lewis Hoad ou encore Pancho Gonzales).

Devant le succès de cette manifestation (avec en plus cette année là les débuts de la retransmission en couleur par la BBC), il a fini par annoncer que son édition 1968 serait « quoi qu’il en coûte » ouverte à tous, aux amateurs comme depuis toujours, aux pros pour ce qui deviendrait une révolution. Face à la puissance du Grand Chelem londonien, la Fédération internationale n’avait pas d’autre choix que de suivre le mouvement.

5. C’est le seul à avoir annulé une édition pour cause de pandémie

Les quatre tournois majeurs ont toujours eu lieu sans discontinuer depuis leur création, hormis bien sûr pendant certaines années durant la Première puis la Deuxième Guerres Mondiales (et encore, pas aux Etats-Unis),

Il a fallu attendre 2020 pour trouver une raison autre que la Guerre pour provoquer une annulation : en plein essor de la pandémie de coronavirus, Wimbledon a été le seul Grand Chelem à décréter purement et simplement son annulation. Il était le seul à avoir eu la prudence de souscrire à une assurance pandémie, ce qui aide à prendre une telle décision.

Cette année-là, l’Open d’Australie a pu se tenir normalement juste avant la globalisation de la catastrophe sanitaire, tandis que Roland-Garros a été décalé en octobre et que l’US Open s’est joué à huis clos.

6. Wimbledon est le seul tournoi pro où l’on joue en blanc

C’est sans doute la règle la plus connue de Wimbledon : il s’agit du seul Grand Chelem à imposer un « dress code », en l’occurrence blanc, ou plus exactement – selon les termes officiel – « presque entièrement blanc », y compris à l’entrée et à la sortie du court.

Historiquement, ce “dress code” est lié au fait que le blanc apparaissait comme une tenue plus appropriée notamment pour jouer devant la Royauté, notamment parce que l’absence de couleur masque mieux les marques de transpiration.

Une légère coloration d’un centimètre maximum est autorisée au niveau de l’encolure, des manches, ou des accessoires (casquettes, bandeaux, poignets…). C’est tout. Et quand on dit blanc, c’est blanc, pas blanc cassé ou beige. Et il n’y a aucun passe-droit : en 2013, même Roger Federer s’était vu prier de changer de chaussures, car ses semelles étaient orange.

Les autres tournois anglais sur gazon, y compris le très vénérable Queen’s, ne sont pas aussi stricts là-dessus.

7. Wimbledon est le seul Grand Chelem qui a longtemps eu ses têtes

Voilà une autre spécificité londonienne finalement disparue en 2021 : historiquement, Wimbledon était le seul des tournois du Grand Chelem à prendre ses libertés vis-à-vis du classement mondial pour l’établissement de ses têtes de série.

Jusqu’en 2002, les organisateurs faisaient un peu ce qu’ils voulaient. Puis, à partir de là, ils ont mis en place (chez les hommes) un système basé sur une pondération des points ATP avec les résultats obtenus sur gazon lors des deux précédentes saisons. Sans, néanmoins, éteindre toutes les polémiques souvent soulevées par cette exception londonienne : par exemple, en 2000, les Espagnols Juan Carlos Ferrero, Alex Corretja et Albert Costa avaient tous les trois boycotté le tournoi pour avoir été lourdement (et injustement) “dégradés” à leurs yeux.

Finalement, l’AELTC a pris la décision l’an dernier de se baser désormais exclusivement sur le classement mondial.

8. Wimbledon est le seul Grand Chelem dont les qualifications se jouent sur un site (et dans un format) différent

Les qualifications de Wimbledon se sont joués cette semaine non pas dans l’enceinte traditionnelle du tournoi, à Church Road, mais sur un site extérieur, à Roehampton, près du centre national d’entraînement britannique, à quelques kilomètres du Centre Court. Traditionnellement, pas la moindre balle n’était échangée sur celui-ci jusqu’au moment de l’entrée en lice du tenant du titre. En l’occurrence Novak Djokovic, qui sera opposé au Sud-Coréen Soonwoo Kwon ce lundi13h.

Mais cette année, Wimbledon a confirmé à Tennis Majors qu’une poignée de sessions d’entraînement y auraient exceptionnellement lieu (ainsi que sur le Court 1), pour “dégrossir” un peu le gazon et le rendre moins glissant avant le début des matches. La première de l’histoire a eu lieu jeudi entre Nadal et Berrettini. Autre spécificité des qualifications de Wimbledon (chez les hommes) : le tour qualificatif se joue au meilleur des cinq sets, une spécificité conservée cette année même si le tournoi a par ailleurs souscrit à l’uniformisation du format de score dans les manches décisives (super tie break à 6-6, comme pour les autres Grands Chelems).

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