“J’espère pouvoir inspirer ceux qui regardent, la jeune génération” : Jabeur, celle qui joue pour elle et pour les autres

Ons Jabeur est devenue vendredi la première Tunisienne de l’histoire à atteindre les huitièmes de finale de Wimbledon. Une barrière de plus que la 24e mondiale a faite sauter, elle qui porte en elle le désir d’être le modèle qu’elle n’avait pas dans sa jeunesse.

Ons Jabeur at Wimbledon in 2021 Ons Jabeur at Wimbledon in 2021 © AI / REUTERS / PANORAMIC

Ons Jabeur écrit continuellement l’histoire. La sienne, bien entendu. Celle de son pays et de sa région, aussi. La Tunisie, le Maghreb, et plus généralement le monde arabe, n’ont compté que peu de grandes joueuses et de grands joueurs de tennis par le passé. C’est donc à Jabeur de casser les barrières une à une.

Elle est devenue vendredi la première Tunisienne à se qualifier pour les huitièmes de finale à Wimbledon, en y éliminant, sur le Centre Court, une ancienne vainqueure du tournoi, Garbiñe Muguruza (5-7, 6-3, 6-2). Comme elle était devenue il y a deux semaines la première joueuse du monde arabe à remporter un titre sur le circuit WTA, en soulevant le trophée à Birmingham, déjà sur gazon.

Le vendredi marquant le début du week-end dans le monde arabe, sa prestation inspirée contre Muguruza a certainement été suivie en masse. Surtout à en croire l’appui qu’elle reçoit sur les réseaux sociaux et ailleurs.

“C’est très fort, a avoué Jabeur en conférence d’après-match, au sujet de ce soutien populaire. En particulier avec tant de personnes du monde arabe qui me regardent et me supportent. J’ai reçu beaucoup de messages de différentes personnes. C’est incroyable. Mais je ne veux pas que mon parcours s’arrête là. Je veux continuer.”

Jabeur : “Je ne croyais pas en moi parce que je n’avais pas vu beaucoup de Tunisiens avant moi”

Parce que Jabeur a bien conscience que son importance va bien au-delà de son cas personnel. La 24e joueuse mondiale joue pour elle, bien évidemment. Mais son rôle est primordial pour le développement éventuel du tennis dans toute une région du monde. Elle ne le sait que trop bien, elle qui n’avait pas d’exemple à suivre quand elle a pris sa première raquette en main.

“Parfois il te faut quelqu’un qui t’inspire et te montre la voie. Nous ne sommes pas connus pour avoir beaucoup de joueurs de tennis. Il y en a eu quelques-uns, des bons. Je sais que moi-même, j’ai eu du mal à m’identifier. Je ne croyais pas en moi parce que je n’avais pas vu beaucoup de Tunisiens avant moi. Il faut dire les choses, dire que même si je me suis entraînée en Tunisie, j’y ai cru et j’ai travaillé dur pour en arriver là. J’espère qu’un jour, ça pourra changer. J’espère qu’on pourra faire évoluer cette mentalité, que beaucoup d’autres joueurs pourront venir ici et croire en eux-même. Parfois tu l’as à portée de main, tu peux le faire. Il faut croire en ses rêves.”

Faire naître des vocations, encourager des enfants et des adolescents à se mettre au tennis : telle est l’envie de Jabeur par ses résultats. C’est de ça qu’elle se nourrit pour aller puiser cette force qui la porte, cette détermination qui l’anime à chaque fois qu’elle met les pieds sur le court.

“J’espère pouvoir inspirer ceux qui regardent, la jeune génération. J’espère pouvoir un jour jouer aux côtés de beaucoup de joueurs qui en seront issus.”

Jabeur visera à Tokyo une première médaille olympique en tennis pour la Tunisie

Qualifiée pour les Jeux Olympiques de Tokyo, Jabeur y sera la seule représentante de son pays en tennis, en attendant d’inspirer ses jeunes compatriotes pour la rejoindre. Elle pourrait même être porte-drapeau de sa délégation lors de la cérémonie d’ouverture au Japon. Histoire de concrétiser son rôle d’éclaireuse.

“Je n’en ai aucune idée pour le drapeau encore. Je ne serais pas énervée s’ils ne me choisissent pas, évidemment. Mais je serais très heureuse si c’était le cas. C’est toujours un honneur de représenter la Tunisie. Même en jouant à Wimbledon ou dans les autres tournois du Grand Chelem, j’ai la sensation de ne pas jouer que pour moi, mais aussi de jouer pour mon pays. J’ai déjà participé deux fois aux JO, mais cette année sera spéciale. J’irai avec plus de confiance, plus d’expérience, en étant l’une des joueuses que tout le monde attend pour viser une médaille.”

Ce serait la première pour la Tunisie en tennis, seulement la quinzième breloque de l’histoire du pays tous sports confondus. Une barrière de plus à faire exploser pour Jabeur. Mais à ce stade, il n’y en a plus aucune pour réellement l’effrayer.

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