“Je veux gagner tout ce que je joue” : comment Pavlyuchenkova a renoué avec son ambition

Après avoir atteint la finale de Roland-Garros et fait son entrée dans le top 20, la victoire est devenue une habitude pour la Russe Anastasia Pavlyuchenkova. Désormais associée à son frère et entraîneur Aleksandr, elle raconte à Tennis Majors comment elle se bat contre les obstacles pour trouver son meilleur tennis.

© PIROSCHKA VAN DE WOUW / Tennis Majors / AI / Reuters / Panoramic

Dimanche à Tokyo, Anastasia Pavlyuchenkova a décroché une médaille d’or olympique aux côtés d’Andrey Rublev en double mixte. Les deux Russes ont battu leur compatriotes Elena Vesnina et Aslan Karatsev, après avoir notamment sauvé une balle de match. 

Ancienne numéro un mondiale junior en 2006, pilier du circuit WTA depuis lors (13e mondiale en 2011), Pavlyuchenkova semble depuis son éclosion, promise aux grands titres. Il lui a pourtant fallu attendre cet été pour atteindre sa première finale en Grand Chelem, à Roland-Garros, et comme elle l’a raconté à Tennis Majors, pour les besoins de cet article, son parcours a été plus chaotique que prévu et l’association récente avec son frère Aleksandr comme entraîneur l’a aidée à franchir un cap.

Désormais dix-huitième mondiale à trente ans, elle ne se fixe plus de limite malgré un corps parfois grinçant, qu’elle supplie de la laisser en paix.

Anastasia Pavlyuchenkova
Anastasia Pavlyuchenkova and Barbora Krejcikova after the Roland-Garros final

Pavlyuchenkova en finale de Roland-Garros malgré une blessure au genou

Pendant son parcours époustouflant jusqu’à la finale à Paris, Pavyluchenkova pleurait de douleur pendant la première semaine, en partie parce qu’elle pensait que son corps ne tiendrait pas la quinzaine.

“Ma blessure lors de la finale de Roland-Garros, c’est une gêne physique que je traînais depuis un certain temps”, a-t-elle déclaré à Tennis Majors. “C’est dommage que cette blessure au genou gauche me soit arrivée l’année dernière pendant le confinement. J’essayais de m’entraîner et je ne pouvais voir aucun des physios, et c’est comme ça que j’ai eu une tendinite au genou gauche.”

La Russe a néanmoins réussi à remporter la seule édition féminine d’UTS disputée à ce jour.

“Pendant Roland-Garros, à cause de la terre battue – probablement la pire surface pour mon genou- j’avais encore ce problème, une forte douleur m’a gênée pendant tout le tournoi”, explique-t-elle. Son kiné a été aux petits soins jusqu’à Wimbledon pour contenir cette gêne qui ne l’a pas empêchée de réaliser un bon tournoi olympique.

Anastasia Pavlyuchenkova
Anastasia Pavlyuchenkova

Avec le recul, la finale à Roland-Garros perdue contre Barbora Krejcikova lui procure plus de fierté que de frustration.

“Je ne (cherche) jamais d’excuses”, a-t-elle déclaré. “Je donne tout le crédit de sa victoire à Krejcikova, je pense qu’elle a simplement mieux joué à la fin.

Pavlyuchenkova sait aussi d’où elle vient et à quel point la finale était loin quelques jours plus tôt. “En fait, après mon match du troisième tour, quand j’ai battu (Aryna) Sabalenka, je suis allée voir mon frère (Aleksandr) et je pleurais. Je lui ai dit : ‘Je ne sais pas, je me sens si bien, j’ai si bien joué, je me sens en très bonne forme, mais je ne serai jamais capable d’atteindre la finale ou de gagner un Grand Chelem parce que mon corps ne peut pas le supporter, comme si je ne pouvais pas le gérer’. Avec le recul que nous avons maintenant, la scène est amusante.”

Je dois considérer ma finale à Roland-Garros comme un énorme succès car je n’étais pas à 100% physiquement

Anastasia Pavlyuchenkova

“Il y a beaucoup de choses que je ne pouvais pas faire”, a-t-elle expliqué. “Je ne pouvais pas courir, je n’ai commencé à pouvoir vraiment courir (que récemment) et j’aimerais que ça dure, mais cela dépend de mon genou. Il y a beaucoup de choses que je ne peux pas faire complètement. C’est pourquoi je dois considérer ma finale de Roland-Garros comme un énorme succès, car je n’étais pas physiquement à 100 %.”

« Je pense que c’est la façon dont je me suis battu sur le court, avec mon énergie mentale, qui m’a permis d’atteindre la finale. J’ai toujours cru en moi et je crois en moi, mais j’ai me suis dit que ça n’arriverait jamais cette semaine-là.”

Pavlyuchenkova se souvient d’un début d’année 2021 qui est débloqué avec sa demi-finale à Madrid. “J’ai eu un tirage vraiment difficile et malchanceux en Australie (Naomi Osaka, future vainqueure, au premier tour, ndlr). Ensuite, je suis allée à Doha. Mon genou était dans un mauvais état. J’ai passé une échographie et j’avais beaucoup de liquide à cet endroit, alors j’ai terminé le tournoi de Saint-Pétersbourg sous anti-douleur. Je pensais avoir une très bonne chance de remporter le titre et tout m’a échappé (2e tour contre Gasanova, ndlr).”

Anastasia Pavlyuchenkova, Roland-Garros
Anastasia Pavlyuchenkova pendant la finale femmes de Roland-Garros – Panoramic

Pavlyuchenkova : “Je me suis dit, ok, je vais appeler mon frère”

Avant sa demi-finale à Madrid en mai, marquée notamment par des succès contre un brelan de très bonnes joueuses, Keys, Pliskova, Brady et Muchova, Pavlyuchenkova avait gagné trois matchs pour cinq défaites en 2021. Ce renouveau, elle le doit en grande partie à son association technique avec son frère, Aleksandr Pavlyuchenkova.

De six ans l’aîné d’Anastasia, Aleksandr était un joueur junior de haut niveau, qui s’est entraîné à l’Académie Juan Carlos Ferrero mais a arrêté peu avant la vingtaine.

Mon frère m’a toujours dit : ‘Tu joues si bien que tu dois juste croire en toi’

Anastasia Pavlyuchenkova

“Nous étions toujours en contact, il regardait toujours mes matchs, mais cette année quand, après l’Australie, je me suis dit ‘OK, pourquoi pas, je vais appeler mon frère'”, se souvient Pavlyuchenkova. Je l’ai appelé et je lui ai dit : “Écoute, je vais à Saint-Pétersbourg, tu veux bien m’aider pendant une semaine ?”. Il m’a donc accompagnée. Il a toujours cru en moi. Il m’a toujours dit : “Tu joues si bien que tu dois juste croire davantage en toi”. 

“J’ai toujours aimé travailler avec lui. Nous avons tardé à mûrir. Il était plus jeune, j’étais plus jeune, probablement qu’il y avait des malentendus, mais maintenant j’ai l’impression que nous avons grandi. J’aime la façon dont il voit et aborde le tennis. C’est un gars très facile à vivre en dehors du court et c’est aussi quelque chose que j’aime. Joueur, il avait un énorme service et c’est quelque chose que je peux apprendre de lui, je l’espère.” 

Les Jeux olympiques ont toujours été un objectif majeur

Ensemble, le duo s’est immédiatement fixé un objectif avec l’été comme horizon. “Lorsque nous parlions à Saint-Pétersbourg, je pense que j’étais 41e au classement et j’arrivais à peine à me qualifier pour les Jeux olympiques, donc mon objectif personnel était que je voulais me qualifier pour Tokyo”. 

“Sascha m’a dit que la chose principale est que je devais être plus en forme et que le plan de travail serait bâti autour de cet objectif. Quand il m’a vue à Saint-Pétersbourg, il m’a dit : ‘Ok, je n’aime pas la façon dont tu t’entraînes'”. 

“Quand il m’a fixé ces objectifs, j’ai dit ‘on verra’, parce que je pensais que c’était très optimiste et ambitieux. Mais bien sûr, j’étais prête à le faire. En ce moment, je suis déjà dans le top 20. Même avec tout cela et les résultats, je sais que je peux améliorer beaucoup de choses. Le principal objectif pour les atteindre est d’être en bonne santé.”

Travailler avec son frère ne suscite aucun trouble chez la jeune femme.

“Je peux toujours séparer le travail et la vie privée, je n’y pense jamais”, a-t-elle déclaré. “Quand je suis sur le court, je regarde dans le box et je vois mon équipe là-bas, tout d’abord, je vois mon entraîneur, mon physio et les personnes qui travaillent pour moi et mon équipe – nous travaillons ensemble pour atteindre nos objectifs”.

“Je ne pense jamais que c’est mon frère, c’est mon père, c’est ma mère, mes amis, pas du tout. Je le considère comme mon entraîneur. Et nous avions l’habitude de travailler avant quand j’étais junior. Ma famille a toujours été impliquée. Mon père m’a entraînée. Sans eux je ne serais pas là. La plupart des gens ne le savent pas mais il a toujours été autour de moi et il a toujours participé à mon tennis.” 

Les quatre mois sans tennis m’ont fait réaliser à quel point j’aime le tennis

Anastasia Pavlyuchenkova

Désormais reconnectée à son énorme potentiel, Pavlyuchenkova a profité de l’arrêt du circuit WTA pendant cinq mois pour relativiser les choses.

“Cette pandémie m’a certainement fait réaliser beaucoup de choses sur mon tennis. J’ai toujours eu l’impression que je n’avais jamais eu de longue pause, donc je ne savais pas ce que c’était de rester à la maison ou d’être avec ma famille et mes amis et d’avoir une vie normale loin du tennis”. 

“J’ai eu quatre mois sans tennis et cela m’a fait réaliser à quel point j’apprécie le tennis, j’aime le tennis, et je veux toujours continuer à jouer. Je crois toujours que je peux m’améliorer encore plus, et je pense que c’est la principale leçon.” 

Avec la médaille d’or du double mixte à Tokyo, Pavyluchenkova s’est prouvée qu’elle était capable de remporter les plus grands titres. “Je veux gagner tout ce que je joue”, énonce-t-elle. “Je veux gagner autant de matchs que possible, autant de titres que possible, jouer du bon tennis et y prendre du plaisir.”

Andrey Rublev et Anastasia Pavlyuchenkova, médaillés d’or aux J.O.

People in this post

Your comments

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *