Sabalenka : “Je ne voulais pas être cette joueuse qui gagne et qui disparaît”

Après avoir conservé son titre à l’Open d’Australie, Aryna Sabalenka était heureuse d’avoir prouvé qu’elle n’était pas destinée à n’être qu’une comète de passage dans l’univers du tennis féminin.

Aryna Sabalenka Open d'Australie 2024 trophée coupe © Imago / Panoramic

Quelque part, elle l’avait quand même prouvé depuis longtemps. Au fil d’une saison 2023 particulièrement solide qui l’avait vu atteindre le dernier carré (au moins) des quatre Grands Chelems, dont une autre finale à l’US Open – perdue celle-là face à Coco Gauff -, et conquis la première place du classement mondial, Aryna Sabalenka avait largement apporté la preuve que sa constance au plus haut niveau n’était plus à mettre en doute.

Il n’en reste pas moins que jusqu’à ce samedi et cette finale survolée contre Qinweng Zheng, l’Open d’Australie 2023 restait le seul titre majeur de sa carrière. La Biélorusse le sentait : elle avait besoin de doubler la mise pour entrer vraiment dans une nouvelle dimension et, quelque part, changer le regard des gens au sujet de sa – déjà formidable – carrière. Chose faite, donc, avec ce titre conservé à Melbourne qui lui permet d’entrer dans le club plus fermé des joueuses ayant conquis le Graal au moins à deux reprises.

“C’est quelque chose qui était dans un coin de ma tête : je ne voulais pas être cette joueuse qui gagne et qui ensuite disparaît”, a reconnu la Biélorusse en conférence de presse, une coup de champagne à la main. “Je voulais montrer ma capacité à rester au plus haut et à gagner un autre Grand Chelem. Maintenant, j’espère ne pas m’arrêter à deux mais pour moi, c’était très important.”

Sabalenka, animée par la promesse faite à son papa aujourd’hui décédé d’avoir deux Grands Chelems à son palmarès à l’âge de 25 ans – c’est chose faite, puisqu’elle aura 26 ans le 5 mai, partageant d’ailleurs sa date d’anniversaire avec Carlos Alcaraz – a expliqué en quoi son expérience, bonne et mauvaise, l’avait aidée à devenir la tueuse au sang-froid que l’on a vu sur le court contre Zheng.

Par rapport à la finale de l’an dernier, c’était un peu la même chose avant le match. mais aussitôt rentrée sur le court, j’ai senti que j’etais en controle.

Aryna Sabalenka

Elle l’avait d’ailleurs senti, et annoncé avant la finale : elle serait prête, émotionnellement, pour ce rendez-vous, contrairement à la finale de l’US Open où elle avait craqué dans les grandes largeurs face à Coco Gauff. Et contrairement à ces nombreuses fois où on l’a vu perdre les pédales sur le court, entretenant sa réputation de joueuse fragile aux nerfs de cristal, elle a passé un énorme cap sur ce plan.

“Par rapport à la finale de l’an dernier, ou à la finale de l’US Open, c’était un peu la même chose avant le match : j’étais super excitée, impatiente de débuter, bref toujours aussi émotionnelle. Mais sur le court, en revanche, je l’étais beaucoup moins”, a confirmé la numéro 2 mondiale. “Aussitôt après être rentrée sur le terrain, j’ai senti que j’étais en contrôle, prête pour l’événement. Evidemment, ça fait une grosse différence.”

Aryna Sabalenka est aussi revenue, bien sûr, sur cette période sombre en 2022 marquée par cette grosse crise au service et ces 428 doubles fautes commises au fil de la saison (dont 21 au cours d’un même match à Adelaïde !) mais aussi, ceci explique peut-être insidieusement cela, par l’invasion de l’Ukraine par la Russie avec le soutien de son pays, la Biélorussie. Cette année-là, Sabalenka n’a pas remporté le moindre titre. Mais elle est restée au contact de l’élite. Et beaucoup appris, aussi.

après certains matches, J’ai pleuré, j’ai cassé des raquettes, je suis devenue folle. Mais après un jour ou deux, on s’est assis avec mon équipe et on s’est demandé quoi faire pour devenir plus forte.

Aryna Sabalenka

“Ce passage difficile m’a beaucoup aidée et m’a permis de comprendre que, même sans mon service, je peux quand même être compétitive”, a-t-elle poursuivi, prolixe. “Aujourd’hui, j’ai le sentiment de contrôler beaucoup mieux mon service mais même quand je me fais breaker, je ne panique plus et je crois en mes capacités à revenir. Parce que je pense avoir beaucoup d’autres armes que mon service.”

“Il n’y aurait pas de grosses victoires dans de grosses défaites”, a-t-elle philosophé en conclusion. Evidemment, je suis descendue très bas après certains matches. J’ai pleuré, j’ai cassé des raquettes, je suis devenue folle. Mais après un jour ou deux, on s’est assis avec mon équipe et on s’est demandé quoi faire pour que cela n’arrive plus, pour devenir plus forte. Tout est une question de processus et d’expérience. Il y a eu des moments où j’ai cru que je n’y arrivera pas. Mais je ne pouvais pas abandonner. Je n’ai jamais cédé aux pensées négatives, jamais cessé de me battre pour mon rêve.”

Une belle moralité, et un état d’esprit qu’Aryna Sabalenka devra garder en tête, notamment l’année prochaine à Melbourne, où elle tentera cette fois de devenir la première joueuse à signer le “hat trick” depuis Martina Hingis entre 1997 et 1999.

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