Victoria Mboko, 18 ans et déjà géante
À seulement 18 ans, Victoria Mboko s’est offert une première demi-finale de WTA 1000 à domicile, à Montréal. Révélation de Roland-Garros, la Canadienne poursuit sa fulgurante ascension en s’invitant dans le dernier carré, après avoir éliminé Coco Gauff et Danielle Collins. Elle est désormais 48e mondiale.

Il y a encore six mois, elle pointait au 350e rang mondial. Aujourd’hui, Victoria Mboko est demi-finaliste à Montréal, dans le tournoi le plus prestigieux de son pays, et vient d’entrer dans le Top 50. Une trajectoire vertigineuse pour cette surdouée du tennis canadien, née à Toronto en 2006, et que les suiveurs attentifs du circuit avaient repérée dès ses 14 ans sur le circuit ITF.
Surtout, Mboko confirme qu’elle n’est pas qu’une étoile filante. Après son épopée à Roland-Garros, où elle avait atteint le 3e tour pour son tout premier Grand Chelem en carrière, sans perdre un set. La voilà qui fait tomber les têtes de série les unes après les autres à Montréal. Collins, Gauff, Bouzkova, Bouzas Maneiro… toutes balayées par la puissance et l’audace de la Canadienne, qui impressionne par sa capacité à dicter le jeu dès les premières frappes.
« Je n’ai pas beaucoup de mots, je suis juste tellement contente », confiait-elle après sa qualification. « Avoir un tel résultat dans un tournoi comme celui-ci, c’est un vrai tournant pour moi. C’est une expérience incroyable ici à Montréal. »
Une éducation forgée dans la rigueur
Si Mboko affiche une telle force de caractère sur le court, c’est sans doute à chercher dans son histoire familiale. Ses parents ont fui la République démocratique du Congo à la fin des années 1990, et son père, passionné de tennis sans jamais avoir joué, a fait de ce sport une affaire de famille. Tous les enfants ont pratiqué à haut niveau. Mais c’est Victoria, la cadette, qui a poussé le plus loin le rêve.
Son enfance est marquée par la rigueur et la discipline. Entraînements à l’aube, journée scolaire, puis double ration tennis et physique. Un emploi du temps de championne, pensé pour bâtir une carrière. Et malgré les pépins physiques qui l’ont ralentie ces dernières années, la promesse est en train d’exploser. « Depuis que je suis bébé, je veux gagner, même contre plus âgé que moi. » Cette mentalité de gagneuse, cette haine de la défaite, sont aujourd’hui des armes sur le circuit.
Interrogée sur son calme dans les moments de tension, elle répond simplement : « Je crois que rester calme dans les moments stressants est essentiel pour délivrer ce qu’on veut faire. Si je projette du calme à l’extérieur, mon esprit va aussi rester tranquille. C’est ce qui m’aide dans les situations serrées. »
Une joueuse déjà lucide
Après sa victoire sur Gauff, beaucoup auraient pu penser que l’émotion prendrait le dessus. Mais Mboko est restée concentrée : « J’étais évidemment heureuse après ce match, mais je suis encore dans le tournoi. Je n’ai pas fêté ça. Je suis restée concentrée comme toujours. Quand on joue un tournoi, c’est pour le gagner. »
Contre Jessica Bouzas Maneiro, Mboko a encore montré des ressources mentales impressionnantes : menée 2-0 dans la deuxième manche, elle a inversé la tendance pour s’imposer en patronne. « Je pense que j’ai montré que j’étais une battante. C’était vraiment de l’instinct de survie. Je voulais faire tout ce que je pouvais pour rester dans le match et la faire déjouer. »
Dans les pas des plus grandes
Sa précocité n’est pas anodine. Mboko est désormais la septième joueuse de l’histoire à atteindre les demi-finales du WTA 1000 du Canada avant ses 19 ans, rejoignant une liste de légendes : Jennifer Capriati, Monica Seles, Martina Hingis, Serena Williams, Ana Ivanovic et Belinda Bencic.
Ce samedi, elle affrontera Elena Rybakina pour une place en finale. Une montagne, certes, mais rien ne semble effrayer Mboko cette semaine. « Je sais à quoi m’attendre, je l’ai jouée il y a quelques jours à Washington. Je vais devoir élever mon niveau et rester au contact, parce qu’elle sert très bien et frappe fort. »
Elle en est consciente : tout va très vite. En 12 jours à peine, elle est passée d’un simple tour à Washington à une demi-finale à domicile. « Tout est si nouveau pour moi que je n’ai même pas eu le temps de vraiment réaliser. Mais je reste concentrée sur cette semaine. »
Elle a désormais remporté 54 matchs en 2025, un chiffre impressionnant pour une joueuse qui dispute sa toute première saison complète sur le circuit principal.
Devant son public, dans sa ville, Victoria Mboko continue de réécrire son histoire. Une histoire qui, à en croire les premiers chapitres, pourrait s’écrire en très grand.