22 mars 2006 : Le jour où le hawk-eye a été utilisé pour la première fois

Le système “Hawk-Eye”, dont l’instauration en compétition officielle a été validée début mars, est utilisée pour la première fois au Miami Open et Jamea Jackson est la première à y faire appel, le 22 mars 2006. Sans succès.

Hawk-Eye 2006 Hawk-Eye 2006

Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi c’est historique : Le hawk-eye débarque sans faire l’unanimité

Le 22 mars 2006, à Miami, l’Américaine Jamea Jackson est la première joueuse de l’histoire du tennis à « challenger » une annonce de l’arbitre grâce à la nouvelle technologie Hawk-Eye. À l’époque, même si la plupart des joueurs se montrent enthousiastes, l’utilisation de l’arbitrage vidéo instantané et d’un système de « challenge » pour les joueurs ne fait pas encore l’unanimité.

Les personnages : Jamea Jackson et Ashley Harkleroad

  • Jamea Jackson, espoir américain

L’Américaine Jamea Jackson est née en 1986. Elle fait ses débuts sur le circuit principal à Miami, en 2003, et fait son entrée dans le Top 100 en juillet 2005, atteignant les quarts de finale pour la première fois de sa carrière à Memphis (défaite par Nicole Vaidisova, 6-2, 6-7, 6-4). Sa meilleure performance en Grand Chelem est un deuxième tour atteint à Wimbledon en 2005 (battue par Lindsay Davenport, 6-0, 6-3). En mars 2006, elle est 94e mondiale.

  • Ashley Harkleroad, finaliste à Auckland en 2004

Ashley Harkleroad, américaine elle aussi, est née en 1985, et elle entame sa carrière professionnelle en 2000. Elle fait son entrée dans le Top 100 en 2003, qui reste sa meilleure saison à ce jour. Cette année-là, elle a atteint le troisième tour à Roland-Garros (éliminée par Magui Serna, 3-6, 6-1, 6-2) et les demi-finales à Charleston et Strasbourg, se hissant jusqu’au 39e rang mondial. Elle atteint la seule finale de sa carrière en 2004, à Auckland (battue par Eleni Daniilidou, 6-2, 6-2). En mars 2006, elle occupe le 75e rang au classement de la WTA.

Ashley Harkleroad, Miami, 2007

Le lieu : Miami

L’Open de tennis de Miami, qui s’appelle à l’origine le Lipton International Players Championship, a lieu pour la première fois en 1985, à Delray Beach, dans l’idée d’être le premier grand événement de tennis de l’année (à l’époque, l’Open d’Australie se tient au mois de décembre). Le tournoi déménage à Key Biscayne en 1987, et Miloslav Mecir est le premier à triompher dans le nouveau site de Crandon Park. Les joueurs s’y affrontent sur des courts en dur assez lents, dans une chaleur et une humidité extrêmes. Avec une dotation exceptionnelle et un tableau de 96 joueurs, il est encore considéré, en 2006, comme l’un des plus grands tournois de tennis au monde, en dehors des Grands Chelems. Les anciennes N.1 mondiales Martina Navratilova, Chris Evert, Steffi Graf, Monica Seles, Martina Hingis et les sœurs Williams figurent toutes à son palmarès.

Miami Open

L’histoire : Le Hawk-Eye divise, mais satisfait celles qui l’utilisent

Deux semaines avant l’Open de Miami, le 6 mars 2006, Arlen Kantarian, de l’USTA, Larry Scott, de la WTA, et Etienne de Villiers, de l’ATP, ont annoncé qu‘un système d’arbitrage vidéo allait être introduit dans certains tournois d’Amérique du Nord. Miami est le premier tournoi à expérimenter le système appelé “Hawk-Eye”, créé en 1999 par Paul Hawkins, qui a déjà été popularisé par les chaînes de télévision, qui l’utilisent pour revoir les points litigieux.

Les nouvelles règles accordent aux joueurs deux « challenges » par set pour contester les annonces des juges de ligne. Si le « challenge » est gagnant, le joueur conserve ses deux chances ; sinon, le « « challenge » est perdu.

De nombreux joueurs et experts du tennis se montrent très enthousiastes à l’idée de cette petite révolution. Mais quelques-uns des meilleurs joueurs se prononcent contre cette innovation. “Un gâchis total d’argent”, selon Roger Federer. Le plus virulent d’entre eux est certainement Marat Safin. “Je suis totalement contre, cela va détruire l’esprit du jeu, nous allons perdre la fluidité. Quel est le génie qui a eu une idée aussi stupide ?”

Outre la fluidité et les doutes sur sa précision, une autre raison pour laquelle certains joueurs ne sont pas contents de la mise en place du Hawk-Eye est qu’en raison de son coût, seul le Court Central en est équipé.

“Je ne vois pas pourquoi ce système serait utilisé sur le Central et pas sur les autres courts. Je comprends les raisons techniques. Mais fondamentalement, il faudrait que tout le monde soit logé à la même enseigne”, déclare le Français Arnaud Clément, après s’être qualifié pour le deuxième tour sans avoir eu l’occasion d’essayer le Hawk-Eye.

La première joueuse à « challenger » une annonce à l’aide du Hawk-Eye est Jamea Jackson, une Américaine de 19 ans, opposée à sa compatriote Ashley Harkleroad au premier tour du tableau féminin. Malheureusement pour elle, l’annonce est confirmée sur l’écran géant par le système électronique. Mais elle apprécie tout de même l’expérience. “J’ai adoré ça, j’ai trouvé ça génial”, affirme Jackson après coup. “Ça enlève beaucoup de pression. On ne se met pas en colère. Vous jouez simplement et vous ne vous inquiétez pas des annonces. Je voulais être la première, c’est surtout de ça qu’il s’agissait.”

Plus tard dans le match, Harkleroad est la première joueuse à réussir un « challenge » et donc à inverser une annonce grâce à la technologie Hawk-Eye. Cependant, Jackson l’emporte (7-5, 6-7, 7-5).

La postérité du moment : Le Hawk-Eye ne va pas tarder à s’imposer

Jamea Jackson atteindra le troisième tour du tournoi de Miami, où elle sera battue par la 7e mondiale, Nadia Petrova (4-6, 6-0, 6-0).

Malgré le scepticisme de certains des meilleurs joueurs, le Hawk-Eye deviendra bientôt partie intégrante du spectacle. Au fil des ans, la technologie Hawk-Eye s’imposera dans tous les grands événements de tennis au monde, à condition qu’ils ne soient pas joués sur terre battue. Cependant, en 2021, son extension à un arbitrage entièrement électronique pour limiter le nombre de personnes sur le terrain allait soulever de nouvelles controverses, avec des joueurs comme Gilles Simon affirmant que “le principal problème est qu’il n’est pas du tout précis”.

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