Mannarino : “On peut m’accorder d’être un gros bosseur”

Après son titre à Sofia ce samedi, Adrian Mannarino a pris quelques minutes pour nous parler de ce nouveau succès et des progrès qu’il continue à faire, à 35 ans. Le Français refuse de s’enflammer, mais ne se fixe aucune limite pour la suite.

Adrian Mannarino, Queen's 2023 Adrian Mannarino, Queen’s 2023 – © Action Plus / Panoramic

Vainqueur ce samedi d’une finale à Sofia particulièrement éprouvante – et de qualité – face à Jack Draper, Adrian Mannarino a remporté le cinquième titre de sa carrière et le troisième titre de sa saison, ce qu’aucun joueur français n’avait réussi depuis Jo-Wilfried Tsonga et Lucas Pouille en 2017.

Il aurait pu rafler le jackpot si Ugo Humbert avait perdu de son côté la finale du Moselle Open – ce que personne ne souhaitait, et surtout pas lui -, avec la place de numéro 1 français et un meilleur classement ATP à la clé (il sera 22e, son meilleur classement égalé, lundi). Coïncidence ou pas, il nous a rappelé tout juste après le titre finalement décroché par son compatriote à Metz. Et il a pris quelques minutes pour débriefer ce titre et cette saison qui, quoi qu’il en soit, conserveront une saveur et une valeur vraiment particulières.

C’était un gros combat en finale, face à un Draper qui a évolué à un niveau très supérieur à son classement (82e)…

Mannarino : En effet. Il a eu une blessure un peu compliquée à soigner (à l’épaule, NDLR) mais depuis qu’il a repris, il est très dangereux. C’est un super joueur, surtout en indoor. Il a un gros service, il se déplace bien, il devrait rapidement monter au classement. Donc oui, c’était un gros match. C’était hyper intense pendant un set. Ensuite, j’ai eu un petit coup de moins bien au deuxième set où j’ai eu du mal à tenir la cadence. Finalement j’ai réussi à me remettre dedans au début du troisième. J’ai réussi à tenir jusqu’au moment où une petite occasion s’est présentée à moi. J’ai pris ma chance et ça m’a souri.

Sur le court, vous avez dit que c’est simplement la chance qui avait fait la différence. Vraiment ?

Mannarino : Franchement, ça se joue à quelques centimètres. J’ai une balle de break au troisième set, j’arrive à la saisir tout de suite en faisant un retour gagnant sur une bonne première balle. Ça n’arrive pratiquement jamais. Lui, derrière, il a deux balles pour débreaker à 5-3 et il fait des frappes qui tombent juste à côté de la ligne Ça aurait très bien pu être dedans. Je ne sais pas si c’est la confiance qui a fait la différence, mais c’est vraiment une question de centimètres. Cette fois, ça a tourné dans mon sens, c’est rare. Alors, je savoure.

Je sais que mon service extérieur fait pas mal de dégâts. Même s’il ne me rapporte pas le point immédiatement, c’est un coup qui casse les pattes à la longue.

Adrian Mannarino

On ne parle pas souvent de coup chez vous, mais vous avez encore très bien servi, avec notamment ce fameux service gaucher côté extérieur…

Mannarino : Je trouve que c’était quand même beaucoup moins bien qu’hier, mais j’ai réussi à sortir des premières balles dans les moments chauds, notamment dans le tie break du premier set et à la fin du troisième set. Ça m’a beaucoup aidé. Je n’ai pas travaillé spécifiquement mon service cette semaine, mais c’est un coup sur lequel j’ai de bons repères, surtout ici, à Sofia.

Je sais que mon service extérieur fait pas mal de dégâts. Même s’il ne me rapporte pas le point immédiatement, c’est un coup qui casse les pattes à la longue, car le joueur est obligé de couvrir beaucoup de terrain s’il veut engager l’échanger. Sur des matches en trois sets, je sais que cela peut jouer en ma faveur. J’en ai profité aujourd’hui.

Même si vous avez dit ne pas vous intéresser plus que cela à la place de numéro 1 français, vous avez quand même regardé les derniers jeux de la finale d’Ugo Humbert à Metz ?

Mannarino : Franchement, depuis la fin de mon match, j’ai signé 3000 autographes, j’ai fait 500 photos, je n’ai même pas eu le temps de prendre un petit coup à boire.  Je viens tout juste d’apprendre qu’Ugo avait gagné. Tant mieux, je suis content pour lui. C’est cool de pouvoir finir la saison avec deux Français qui gagnent des 250.

Vous remportez trois titres cette saison, ce que seuls les joueurs du Big Three sont parvenus à faire après 35 ans. Le bilan est phénoménal, non ?

Mannarino : Phénoménal, on ne va peut-être pas aller jusque-là. En fait, j’ai l’impression que ça fait quatre, cinq ans que je joue vraiment mieux au tennis, mais j’ai aussi eu quelques petites blessures qui font que je n’avais pas réussi à optimiser mon niveau de jeu au maximum ces dernières années. Mais j’ai continué à bosser dur et, cette année, j’ai eu la chance d’être tranquille au niveau blessure, ce qui m’a permis d’avoir ces résultats.

Quand on continue de bosser de manière régulière, sur le long terme, généralement, ça paye. C’est ce que j’ai réussi à faire. Franchement, on peut m’accorder de travailler dur. Je suis un bosseur. Pendant l’année, je ne m’octroie pas énormément de vacances. Quand on finit par avoir des résultats, ça nous donne raison. Sinon, on passe pour un con. Là, ça sourit pour moi. Je vais continuer dans cette optique pour préparer au mieux la prochaine saison.

Tant que le physique tient, il n’y a aucune raison d’arrêter. Pour l’instant, je bosse bien et le plus important, c’est que j’ai toujours autant envie de bosser

Adrian Mannarino

Pensez-vous à la fin ou alors, dans la mouvance lancée par Djokovic et les autres membres du Big Three, vous ne vous fixez aucune limite d’âge ?

Mannarino : Tant que le physique tient, il n’y a aucune raison d’arrêter. Pour l’instant, je bosse bien et le plus important, c’est que j’ai toujours autant envie de bosser. J’ai fait fait évoluer mon jeu par petites touches ces dernières années pour continuer à être compétitif, mais pas de manière drastique non plus. J’ai encore beaucoup de progrès à faire, notamment côté coup droit, ou autres. C’est ça qui est bien, d’ailleurs : j’ai l’impression d’avoir encore plein de petits défauts. Je ne suis pas trop du genre à me donner des objectifs de résultats mais en tout cas pour l’instant, je ne me fixe aucune limite de fin. Le jour où j’en aurais marre de bosser, on en reparlera.

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